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Poésie

Portrait craché, Jean-Claude Pirotte

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Mardi, 07 Mars 2017. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Le Cherche-Midi

Portrait craché, 191 pages, 16,50 € . Ecrivain(s): Jean-Claude Pirotte Edition: Le Cherche-Midi

 

Un homme attablé. À son bureau. Sans la mer qui, habituellement, lui ouvre la perspective et l’enroule dans ses ressacs. Un homme seul et malade. Soutenu par sa bibliothèque. Accroché aux mots – aux sot-l’y-laisse – ; rattrapé par ses désillusions (« Il s’est cru poète, longtemps, mais ne s’accommode plus de pareille illusion. Il se sait condamné, mais est-ce bien nouveau ? J’aurai vécu en compagnie de la mort depuis ma prime enfance (…) »). Car l’homme, le poète Jean-Claude Pirotte, chroniqueur du Journal d’un poète dans Lire, auteur de recueils de poésie et de romans au Temps qu’il fait et à La Table Ronde, entre autres, lecteur fervent et fidèle de Joubert (« (…) Joubert le tant aimé, qu’il convient de relire sans cesse ») écrit ici dans Portrait craché l’inventaire testamentaire d’une vie consacrée à la littérature. « Les livres sont des analgésiques », écrit-il, et ceux des écrivains qu’il s’est choisis dressent leur suaire de salive et de sueurs pour ériger un viatique de soin palliatif, afin de résister une dernière fois « à cette humanité moribonde où le silence et la mort sont siamois. La littérature comme remède ».

Romancero Gitano, Romances gitanes, suivi de Complainte funèbre pour Ignacio Sanchez Mejias, Federico Garcia Lorca (traduit par Michel Host)

Ecrit par Jean-Paul Gavard-Perret , le Vendredi, 03 Mars 2017. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Espagne

Romancero Gitano, Romances gitanes, suivi de Complainte funèbre pour Ignacio Sanchez Mejias, éd. Alcyone coll. Mitra, 2017, trad. Michel Host, 16 € . Ecrivain(s): Federico Garcia Lorca

La nouvelle traduction de Michel Host restitue parfaitement la mélodie, les rythmes, les battements du cœur, la froideur géométrique, les clartés et les ténèbres de F.G. Lorca. Chez le poète espagnol, le désir comme l’angoisse défont l’apparence. Il montre celui (ou celle) qu’on refuse de reconnaître. La poésie rapproche donc de l’inconnu, atteint son énigme :

« Des brises de roseaux mouillés

et la rumeur de voix anciennes

résonnaient au travers de l’arc

brisé du mitan de la nuit.

Les bœufs et les roses dormaient.

Il n’y a pas d’écriture heureuse, Alain Marc

Ecrit par Patryck Froissart , le Mercredi, 22 Février 2017. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Revues

Il n’y a pas d’écriture heureuse, Le Petit Véhicule, Revue Chiendents n°109, septembre 2016, Cahier d’arts et de littératures, 5 € . Ecrivain(s): Alain Marc

 

Ce numéro de la précieuse revue Chiendents est consacré à Alain Marc, dont un ouvrage fondamental en deux parties, Chroniques pour une poésie publique, et Mais où est la poésie ? a fait l’objet il y a quelque temps d’une présentation dans La Cause Littéraire.

Alain Marc est pluriellement remarquable. Il possède un talent, une vertu, et un boisseau de capacités :

D’abord il est poète, naturellement, spontanément, foncièrement.

Ensuite il est militant, défenseur acharné d’une poésie qui serait, qui redeviendrait ce qu’elle n’aurait jamais dû cesser d’être : publique.

Enfin il est, simultanément ou successivement, critique, analyste, lecteur attentif, sourcilleux, exigeant, à l’affût de tout ce qui se fait, se dit, s’expose, se publie dans le domaine de la poésie, domaine qu’il appréhende et parcourt en long et en large en faisant montre d’une culture littéraire, théâtrale, événementielle quasiment encyclopédique.

Les Livres et la vie, Jacques Ancet

Ecrit par France Burghelle Rey , le Lundi, 20 Février 2017. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres

Les Livres et la vie, éditions Centrifuges, 2015, 130 pages . Ecrivain(s): Jacques Ancet

 

« La poésie, c’est le bruit que fait le monde quand je parle » (1)

« Le poème n’existe pas, seule existe la trace qu’il en reste » (2)

Pour le lecteur, surtout s’il est lui-même écrivain, l’essai de Jacques Ancet est un livre complet, une bible dans laquelle, avec une mémoire chronologique parfaite de son travail, celui-ci évoque tout ce que l’on peut attendre comme expériences poétiques, comme influences orales et écrites ou comme aventures éditoriales. C’est l’ouvrage que chaque poète ne peut que souhaiter réaliser un jour.

Après le « flot verbal », de nouveaux écrits naissent qui, au-delà du ton baroquisant, sous l’influence sans doute des traductions espagnoles, vont plus loin. C’est le moment aussi, après les récits d’une grand-mère et la lecture de Giono, pour « d’autres lectures essentielles » : Jaccottet, Paz ou Nietzsche, et pour la découverte du fait que la poésie est à la fois « quête de racines » et plongée dans l’ici et le maintenant.

Jours obscurs, Jean-Claude Pirotte

Ecrit par Philippe Leuckx , le Samedi, 04 Février 2017. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Le Cherche-Midi

Jours obscurs, janvier 2017, 192 pages, 18 € . Ecrivain(s): Jean-Claude Pirotte Edition: Le Cherche-Midi

 

 

Le dernier volume de poésies de Pirotte est un livre copieux, rassemblant près de cent quatre-vingts poèmes, versifiés, souvent rimés, classiques par certains côtés, très libres d’inspiration. Huitains, dizains, douzains, dans une belle alternance, souvent en hommage ou en écho de poètes aimés (Perros, Follain, Supervielle, Venaille, Lubin…).

Écrits pour la plupart en 2011, à la période des déménagements (La Panne, Beurnevésin), ces poèmes s’immiscent dans les terroirs chers au poète : l’enfance, le village, la mère, les rues de bleds paumés, coupés du monde, les rites du soir, les livres chéris.

Certains, ouvertement, se rattachent à l’école de Follain et aux descriptions insolites de la quotidienneté :