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Poésie

Ma Patagonie, Guénane

Ecrit par Cathy Garcia , le Jeudi, 14 Juin 2018. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Ma Patagonie, La sirène étoilée, novembre 2017, 47 pages, 12 € . Ecrivain(s): Guénane

 

« le bout du monde ressemble au début du monde »

 

Ce recueil est un hommage, un magnifique et poignant hommage à une terre et à ses habitants disparus.

 

« L’horizon les dents du vent

aimantent les solitaires

les rêveurs de rupture

ceux qui ne craignent de se rencontrer »

Matières grises, Michel Joiret, Thomas Joiret, Romain Mallet

Ecrit par Patrick Devaux , le Mercredi, 13 Juin 2018. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Matières grises, Michel Joiret, Thomas Joiret, Romain Mallet, Opium éditions, 2011, préface Werner Lambersy, 199 pages, 34,90 €

 

Comment définir, d’emblée, un « livre-architecture » qui, avec deux mots déjà habilement pensés sur la page de couverture, suscite et fait appel à nos émotions les plus profondes, les plus enfouies, les plus nécessaires ?

Car « marcher là où trempent les rayons » nous éclaire au-delà de nous-mêmes, consultés que nous sommes par notre propre infini, ce que révèle, notamment, le titre de « matières grises ».

« Vois ce que sont les Pattes de mouche de la pensée Les gargouilles inintelligibles de L’encre » clame à qui veut l’entendre (et aussi aux mouettes) Michel Joiret dans ce livre interrogatif au-delà du questionnement lui-même.

La chair et l’esprit, intergénérationnels, se muent en phrases concises et autres cabines de plage comme abandonnées dans la photo sublimant l’instant saisi par les talents alternatifs de Thomas Joiret et Romain Mallet combinant l’œil du professionnel aux mots d’un poète confirmé.

Les Soliloques du Pauvre et autres poèmes, Jehan-Rictus

Ecrit par Marc Ossorguine , le Lundi, 11 Juin 2018. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Au Diable Vauvert

Les Soliloques du Pauvre et autres poèmes, 224 pages, 5 € . Ecrivain(s): Jehan-Rictus Edition: Au Diable Vauvert

 

La poésie a souvent chez nous, en France, un statut très élitiste. Il y a une sorte de prestige accordé à la poésie, une mythique (voire une mystique) du poète qui plane au-dessus de la langue et du commun des mortels, une révérence qui relève presque du sacré. Pour seuls compagnons dans les hautes sphères de la littérature et de l’esprit, le poète n’a que d’autres poètes… et les quelques « privilégiés » qui le lisent et peuvent réciter ses poèmes, aussi abscons furent-ils. L’école a beau y faire, la poésie, les poèmes et les poètes, hormis de rarissime exception, c’est pas pour tout le monde. Qu’il y ait ailleurs des festivals de poésie qui attirent des milliers de spectateurs, des concours de poésie qui s’affichent aux heures de grandes écoutes sur les écrans, on peut le savoir sans vraiment y croire. Mais peut-être n’est-ce qu’une question de forme… Il se pourrait bien que chez nous la poésie se soit réfugiée dans le monde de la chanson… S’il y a une poésie rare et maltraitée par l’édition (la faute aux lecteurs, paraît-il), il y a aussi la poésie « populaire ». Une tradition qui s’incarne aujourd’hui dans le slam, dans le soin du texte de certains auteurs de rap. Eux-mêmes héritiers des Brassens, Ferré, Brel, Gainsbourg… et au-delà de ceux qu’on appelait parfois « chansonniers ».

Planche, Antoine Emaz

Ecrit par Carole Darricarrère , le Mercredi, 06 Juin 2018. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Planche, éd. Rehauts, 2016, 129 pages, 16 € . Ecrivain(s): Antoine Emaz

 

Delicatessen, restituer sans déflorer, patience de l’origami.

Résolument modeste sans ostentation, « Aller au simple. Pas de stuc, pas de dorures » : l’eau, le pain, la planche, le jour, en cela égaux ; la présence de l’écriture, sa main poivre et sel, doigts que l’on devine à bouts carrés, ongles ras, le griffon silencieux du sillon léger de la griffure, l’ombre courte, le rond, cuir tiède de l’habitude au partage de midi, le rabot des jours, la nécessiteuse nécessité d’une planche de salut à penser-poncer-pousser-déplacer en fonction d’une idée mobile de la raideur, un idéal frais, celui de la rigueur, une règle absolue, écrire autour, contrejour de la panne comme de l’élan, remède à, peut-être, las ne se résignant jamais qu’à, renaître.

Recours ou secours, l’écriture, l’affaire d’une vie bien entamée, une affaire d’homme. Poète et enseignant, l’homme est volontiers lent, posé, sage sans ostentation, discret il n’est pas seul mais solitaire oui assidu, droit, dur et doux doit l’être, tour à tour rugueuse et lisse, sa planche. Une présence, un halo dans son dos, une humilité derrière le mur, ici, de côté, veille de pièce en pièce, de page en page, sa muse mouchée, sert le propos, l’ancre bienveillante de son féminin encré. Les murs eux-mêmes y participent : « Seul dans la maison, je ne suis pas seul. Je suis avec la maison ».

Les 100 mots de la poésie, Jean-Michel Maulpoix

Ecrit par Philippe Leuckx , le Lundi, 04 Juin 2018. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, PUF

Les 100 mots de la poésie, coll. Que sais-je, mars 2018, 128 pages, 9 € . Ecrivain(s): Jean-Michel Maulpoix Edition: PUF

 

En expert de la poésie, du lyrisme contemporain, professeur de ces matières en Sorbonne, Jean-Michel Maulpoix (1952), poète reconnu (Une histoire de bleuL’hirondelle rouge, dernier livre de poèmes doublement primé), se fend avec brio d’une étude sur la poésie, en cent mots choisis pour l’explorer de fond en comble, subjectivement, il va de soi, défendant ses poètes (Rimbaud, Mallarmé, Rilke, Michaux, Bonnefoy, Deguy…), s’en inspirant par des citations pour fouailler dans le corps vaste des poésies. À la vision longtemps univoque et classieuse de la poésie, comme si c’était un langage unique, une fois pour toutes bardé de symboles, de formes fixes et de médailles, il répond d’une investigation éclairant formes, tons, modes, écoles, modalités, langages, figures de style, ainsi que la réception – selon les époques et les mentalités – de ce travail « poiétique » « qui déborde de la page » tout en la cadrant d’une manière originale.