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Les Livres

Prise de sang, Emmanuel Berl (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Jeudi, 14 Janvier 2021. , dans Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Les Belles Lettres

Prise de sang, Emmanuel Berl, 2020, 246 pages, 13,90 € Edition: Les Belles Lettres

 

Publié en 1946, Prise de sang est un livre composé sur les décombres. Personnalité du monde littéraire parisien, Emmanuel Berl avait été jugé suffisamment français pour récrire, en juin 1940, certains discours de Philippe Pétain (il estimait avec raison que la prose cacochyme et crachotante du maréchal n’atteignait pas à la puissance rhétorique de Churchill ou De Gaulle), dont celui contenant la fameuse phrase « La terre, elle, ne ment pas » (aussi belle et creuse, si l’on y réfléchit bien, que n’importe quel slogan électoral). Dans les mois qui suivirent, cependant, Berl ne fut plus jugé assez français (autrement dit, trop juif) pour jouir de ses droits civiques et continuer à vivre sans se cacher. La Corrèze et le Lot, deux départements suffisamment vastes et vides pour qu’un Juif pût s’y dissimuler sans courir trop de risques (et, n’étant pas le premier venu, Berl pouvait compter sur de solides amitiés, nouées avant-guerre), lui offrirent l’hospitalité.

Automoribundia (1888-1948), Ramón Gómez De La Serna (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 14 Janvier 2021. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, La Table Ronde

Automoribundia (1888-1948), Ramón Gómez De La Serna, La Table Ronde, Quai Voltaire, octobre 2020, trad. espagnol, Catherine Vasseur, 1040 pages, 34 €

« Tout un océan, biseauté par la lune et les vents, serait nécessaire pour contenir dans ses eaux, comme dans un aquarium, ce monceau d’images vivantes, fraîches, bondissantes, nerveuses et électriques, qui se glissent et brillent – poissons d’or – dans les aquariums magiques de ses livres », Adriano de Valle (1).

« Tout ce que je désire c’est une bonne lampe allumée, beaucoup d’encre rouge et des feuillets réussis et clairvoyants », Ramón Gómez de la Serna

Automoribundia est l’autobiographie imagée, coloriée, élégante, enflammée, rieuse, joueuse, tremblante et réjouissante de Ramón Gómez de la Serna. L’écrivain espagnol n’appartient à aucun courant littéraire, à aucune école, à aucune génération, sauf à celle de Ramón. Écrivain ramónesque, jongleur médiéval (2), qui a inventé le Rastro (3). Sa gloire relative vient des Greguerías (4), ces courtes pensées irréelles, ces éclats poétiques, ces piques ironiques, comiques et intimes, publiées dans la presse, et incrustées dans ses livres. Valery Larbaud qui l’a rencontré, et qui l’a fait découvrir en France, parle de criailleries – la Greguería est spontanée, inarticulée, irrépressible, ineffablement intime.

Le Comte de Monte-Cristo, Alexandre Dumas (par Didier Smal)

Ecrit par Didier Smal , le Mercredi, 13 Janvier 2021. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Folio (Gallimard)

Le Comte de Monte-Cristo, novembre 2020, 1264 pages, 12,90 € . Ecrivain(s): Alexandre Dumas Edition: Folio (Gallimard)

 

Avant toute chose, célébrons la prouesse technique : Le Comte de Monte Cristo, pour des générations de lecteurs, ça a été deux forts volumes, parfois vieillis parce que lus et relus par une génération précédente, que ce soit au Livre de Poche, en Garnier Flammarion, chez Folio ou chez Marabout – et voici que Folio, à l’occasion du cent cinquantième anniversaire de la disparition d’Alexandre Dumas, le propose en un seul volume. On imagine le travail de mise en page, les difficultés à surmonter : que le texte soit lisible mais que les pages ne se décollent pas au fil de la lecture, bref que le plaisir de lire soit vraiment au rendez-vous. Il l’est, par le choix d’un format légèrement hors normes (plus grand que les Folio habituels, plus petit que les Quarto de chez Gallimard), tout en évitant le problème de lisibilité posé par les volumes de la Pléiade par exemple, et qui permet de savourer à nouveau ce grand roman – mais d’une seule traite.

Le Jardin d’Abdul Gasazi, Chris Van Allsburg (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Mercredi, 13 Janvier 2021. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Jeunesse

Le Jardin d’Abdul Gasazi, Chris Van Allsburg, éditions d’Eux, décembre 2020, trad. Christian Duchesne, 28 pages, 17,50 €

 

L’Enchantement

Le Jardin d’Abdul Gasazi, superbe album cadeau, doté d’un ruban doré qui le ferme comme un présent, a été écrit et illustré par l’un des plus grands créateurs de livres-jeunesse, Chris Van Allsburg. Né en 1949 dans le Michigan, vivant à Boston, l’illustrateur américain a été récompensé trois fois par le prix Caldecott. Le titre, Le Jardin d’Abdul Gasazi, est d’emblée mystérieux, pouvant préfigurer un épisode des Mille et une nuits. Abdul, prénom très populaire d’origine arabe, signifie « le serviteur », un être à multiples facettes, pouvant exercer des professions commerciales, diplomatiques, artistiques. Souvenons-nous aussi que le jardin, qui comprend à la fois la notion d’aménagement durable ou saisonnier, est un terrain clos et limité où y sont cultivés des végétaux. Seul, le jardin japonais est entièrement minéral.

La Maison du berger, suivi de Viens, on se tire, Elisabeth Loussaut (par Pierrette Epsztein)

Ecrit par Pierrette Epsztein , le Mercredi, 13 Janvier 2021. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

La Maison du berger, suivi de Viens, on se tire, Elisabeth Loussaut, Z4 éditions, Coll. Les 4 saisons, 2018, 250 pages, 15 €

Lecteurs, si vous souhaitez vous aérer l’esprit, si vous aspirez à échapper à cette atmosphère anxiogène dans laquelle les informations nous embourbent en ce temps de pandémie, si vous désirez vous délester de la crainte du pire qui, parfois vous saisit, alors, plongez-vous sans hésiter dans les deux récits d’Élisabeth Loussaut publiés aux éditions Z4 : La Maison du berger, suivi de Viens, on se tire. Vous débarquerez, le temps de votre lecture, dans une contrée où l’air est débarrassé de toute pollution et où vous pourrez respirer à l’aise, loin, très loin des préoccupations actuelles.

Dans ce livre, deux récits se suivent. Les deux sont écrits par la même narratrice qui en est aussi la principale protagoniste. Le premier est un retour en arrière dans le passé des années d’enfance et d’adolescence dans ce que l’auteur intitule La Maison du berger. C’est le nom donné à la maison familiale où vivent ses parents, ses frères et sœurs. Dans le deuxième, la narratrice devenue adulte se rend avec sa sœur dans une maison de retraite qui abrite désormais sa mère. Elle y va à reculons, d’où le titre du récit : Viens, on se tire.