Identification

Les Livres

Train de nuit, Karine Guiton, Clémence Monnet (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Jeudi, 21 Mars 2024. , dans Les Livres, Recensions, La Une Livres, Jeunesse

Train de nuit, Karine Guiton, Clémence Monnet, Éditions L'Étagère du bas, janvier 2024, 32 pages, 15 €

 

Rêver éveillée

Karine Guiton (née en 1973 en Vendée et résidant à Toulouse), a écrit le texte de ce bel album jeunesse, Train de nuit, que Clémence Monnet (diplômée de l’Institut d’Arts Visuels d’Orléans, vivant à Dourdan) a joliment imagé. L’album, très maniable pour les plus jeunes, au format de 21,5x25,5 cm, comporte un grand nombre d’illustrations pleine page, créant des scènes complètes assujetties à l’histoire, et des tableaux tous différents.

Karine Guiton et Clémence Monnet nous embarquent dans un voyage en compagnie de Zélie, qui rêve éveillée dans l’obscurité d’un train de nuit. Pendant que tous les adultes sommeillent lors de leur départ en vacances, Zélie va vivre une aventure des plus palpitantes ! Telle Alice des Merveilles, la petite fille va découvrir et rencontrer un monde secret et irréel dans la voiture-bar du wagon.

La Pierre et l’ombre, Burhan Sönmez (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Mercredi, 20 Mars 2024. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Bassin méditerranéen, Roman, Gallimard

La Pierre et l’ombre, Burhan Sönmez, Gallimard, Coll. Du monde entier, novembre 2023, trad. turc, Julien Lapeyre de Cabanes, 420 pages, 25 € . Ecrivain(s): Burhan Sönmez Edition: Gallimard

 

Il est très rare que l’on se promette de relire un livre avant même de l’avoir terminé, pour en saisir toutes les beautés. C’est pourtant le cas ici. Établir des hiérarchies dans l’œuvre d’un écrivain est toujours un exercice délicat, surtout quand cette œuvre n’est probablement pas achevée. Ce nouveau roman de Burhan Sönmez, traduit (excellement) en français après Maudit soit l’espoir (2018) et Labyrinthe (2020) est le meilleur. Sönmez y entrelace avec une virtuosité inégalée et – on osera le mot – avec génie, les thèmes de ses romans précédents : la mémoire, l’oubli, la prison, « the still sad music of humanity » et, bien entendu, Istanbul, qui n’est pas seulement un décor, une toile de fond, mais quasiment un personnage à part entière.

Panorama, Lilia Hassaine (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Mercredi, 20 Mars 2024. , dans Les Livres, Recensions, La Une Livres, Roman, Gallimard

Panorama, Lilia Hassaine, Gallimard, Coll. Blanche, 2023, 240 pages, 20 € Edition: Gallimard

 

Livre d’enquête, ce troisième roman de l’auteure nous plonge dans les années 2050.

Hélène, commissaire à la retraite, est amenée à enquêter sur une triple disparition : un couple et leur enfant.

Or, les disparitions sont devenues rarissimes parce que la société française est à plus d’un sens transparente. Les maisons, les bâtiments publics sont sans cesse traversés du regard : leur matériau de construction essentiel est le verre. Rien n’échappe à la « vigilance » des voisins et autorités. Les habitants, répartis en quartiers plus ou moins riches, se surveillent et les mœurs et coutumes se sont adaptés.

Comme toutes les maisons-vivariums la maison des Royer-Dumas est un bloc translucide, de plain-pied, aux pièces séparées par des cloisons de verre. L’hiver, les baies vitrées conservent la chaleur du soleil. L’été, les toits deviennent opaques et s’ouvrent à la fraîcheur de la nuit (p.32).

Le Carnaval sauvage, Pierre de Cabissole (par Marc Wetzel)

Ecrit par Marc Wetzel , le Mercredi, 20 Mars 2024. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, Roman, Grasset

Le Carnaval sauvage, Pierre de Cabissole, Grasset, janvier 2024, 216 pages, 20 €

 

« C’est maintenant, en revenant, que je prends conscience qu’il n’y a pas que les eaux qui stagnent sur ce parking : il y a aussi tous ces jeunes, ceux avec qui j’ai grandi. Ils croupissent mais l’ignorent. Ils ne sont pas responsables. Ils sont leurs parents. Ils sont leurs grands-parents. Bientôt ils seront morts sans avoir rien vu, rien compris, rien vécu. Après avoir gobé du vide, durant les décennies que leurs corps supporteront, on les foutra dans un trou. S’ils ne s’y sont pas jetés tout seuls. C’est pour ça que je suis revenue tirer Agnès de là, lui faire voir cet ailleurs que je connais, un monde qu’aucun regard ne contraint. Pas comme ici, en tout cas. Je suis là parce que je la désire, parce qu’en rêve je la serre nue dans mes bras… » (p.75).

Pierre de Cabissole, 43 ans, est scénariste, réalisateur de films d’animation, et natif (sincère, et lucide !) du Languedoc.

Pnine, Vladimir Nabokov (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mardi, 19 Mars 2024. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Roman, Folio (Gallimard)

Pnine, Vladimir Nabokov, Folio, traduit de l’américain par Michel Chrestien, 267 p. . Ecrivain(s): Vladimir Nabokov Edition: Folio (Gallimard)

 

Le professeur Pnine – professeur de russe expatrié en Amérique – est dans un train pour aller tenir conférence à un Club féminin dans une petite ville américaine. Il est guilleret, savoure sa nouvelle vie. Seulement « Ici il faut divulguer un secret. Le professeur Pnine s’était trompé de train ». Les deux premières pages de ce court roman campent le trait dominant – et hilarant – du personnage central : Pnine est un lunaire et, s’il est drôle, c’est bien sans le vouloir.

Quand Nabokov entreprend l’écriture de ce roman, on est en 1953. Il prépare la sortie, qu’il prévoit scandaleuse, de Lolita (qui ne paraîtra qu’en 1955). Nabokov veut de toute évidence créer un ouvrage léger, un personnage amusant, avant la noirceur torturée et obsessionnelle de Lolita et de Humbert Humbert, comme une sorte d’assurance contre la tempête annoncée. Un antidote préalable au brûlot à venir sans doute.