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Les Livres

Antonello de Messine, Une clairière à s’ouvrir, Franck Guyon (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 03 Mars 2025. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

Antonello de Messine, Une clairière à s’ouvrir, Franck Guyon, éd. L’Atelier Contemporain, octobre 2024, 102 pages, 14 €

Cette étude de Franck Guyon sur La Vierge de l’Annonciation d’Antonello de Messine, tableau datant d’environ de 1475, est bel et bien un livre parlant. Je dis cela à deux titres : d’une part, l’ouvrage parle de lui-même et de l’intelligence de l’auteur, et encore parlant d’autre part, car toute peinture n’existe que sujette à la parole (ou à la pensée dans la contemplation muette), le tableau ne se concevant que comme devant susciter du langage, des signes de langage, des outils de la pensée. Le tableau n’existerait pas sans cette compréhension langagière.

CET ÉVÉNEMENT A LIEU.

Il se produit fort humblement sous la forme d’un panneau de bois peint, haut de quarante-cinq centimètres et large de trente-quatre.

Le créateur de l’événement se nomme Antonello de Messine.

L’événement a lieu aux alentours de l’année 1476 ou 1477, après l’Incarnation.

Cet événement se nomme : Vierge de l’Annonciation.

Ma grand-mère et le Pays de la poésie, Minh Tran Huy (par Stéphane Bret)

Ecrit par Stéphane Bret , le Vendredi, 21 Février 2025. , dans Les Livres, Recensions, La Une Livres, Récits, Flammarion

Ma grand-mère et le Pays de la poésie, Minh Tran Huy, éd. Flammarion, janvier 2025, 176 pages, 19,50 € Edition: Flammarion

L’importance du lien avec les ancêtres, le rôle des liens familiaux sont un élément essentiel de la culture vietnamienne, marquée par le bouddhisme et le confucianisme. Mais qu’en est-il lorsque de nombreux ressortissants de ce pays ont été contraints, il y a maintenant plus de cinquante ans, de fuir leur pays natal après la prise du pouvoir par les communistes de Saigon, en 1975. C’est ce que raconte Minh Tran Huy, écrivaine déjà consacrée par plusieurs Prix littéraires et autrice de neuf livres.

Le récit de Minh Tran Huy est un hommage à sa grand-mère, surnommée très affectueusement Bà, vocable utilisé dans la langue vietnamienne et se référant à la situation générationnelle d’une personne par rapport à une autre. Minh Tran Huy prend soin de tout évoquer : la vie de Bà, au Vietnam, au moment de la première guerre d’Indochine, celle menée contre les troupes du corps expéditionnaire français ; elle y décrit l’attente du retour de l’époux et du beau-père de Bà : las, ils ont été pris tous deux dans un guet-apens à l’occasion d’un simulacre de réunion, et exécutés dans la jungle parce que jugés collaborateurs en raison de leur origine bourgeoise et de leur absence d’appartenance au parti communiste vietnamien.

Nos insomnies, Clothilde Salelles (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Vendredi, 21 Février 2025. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Gallimard

Nos insomnies, Clothilde Salelles, Gallimard, Coll. L’arbalète, janvier 2025, 256 pages, 20,50 € Edition: Gallimard

 

Si chacun d’entre nous est incommunicable en proportion de sa richesse affective, il ne peut tourner cet obstacle que par la ruse d’une évocation (Huyghe, Dialog. avec visible, 1955)

Agrypnie

Une petite fille, dont la famille vit au sein d’« un quartier presque désert, entouré de champs et de hameaux, avec au loin des habitants qui se fondaient dans une colline, et de l’autre côté de la colline, la ville la plus proche », parle à la première personne et soliloque. Elle utilise l’imparfait, tout comme la vie de cette famille est imparfaite, révélant au fur et à mesure de douloureux inconforts. Oui, quelque chose de cauchemardesque plane dans cet univers parental. Nos insomnies est le premier roman de Clothilde Salelles (docteure en sociologie, ancienne élève de l’École Normale Supérieure de Lyon, chercheuse en Science politique au sein de l’Université d’Anvers).

Sortir du travail qui ne paie plus, Antoine Foucher (par Shaun Lévy)

Ecrit par Shaun Lévy , le Jeudi, 20 Février 2025. , dans Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, En Vitrine, Editions de l'Aube, Cette semaine

Sortir du travail qui ne paie plus, Antoine Foucher, Éditions de L’Aube, août 2024, 138 pages, 17 € Edition: Editions de l'Aube

 

Dans un contexte où le rapport au travail est profondément questionné, Antoine Foucher, ancien directeur de cabinet au Ministère du Travail, signe avec Sortir du travail qui ne paie plus un essai ambitieux et éclairant. À travers une analyse rigoureuse, l’auteur s’attaque à des problématiques majeures : pourquoi le travail semble-t-il aujourd’hui moins gratifiant sur le plan financier et symbolique ? Et comment redonner au travail une place centrale dans la société française ?

Dès les premières pages, Foucher capte l’attention par un diagnostic limpide et documenté. À ses yeux, la dévalorisation du travail trouve ses racines dans plusieurs facteurs : la désindustrialisation, qui a appauvri les territoires et détruit des emplois bien rémunérés, une polarisation croissante des métiers concentrant d’un côté des emplois très qualifiés et de l’autre des emplois peu qualifiés et un système d’aides sociales qui, bien qu’essentiel, peut parfois dissuader de reprendre un emploi. L’auteur n’hésite pas à pointer les incohérences de ces dispositifs, tout en rappelant leur importance pour les plus précaires. Ce positionnement équilibré renforce la crédibilité de son analyse.

Le rêve du jaguar, Miguel Bonnefoy (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Jeudi, 20 Février 2025. , dans Les Livres, Recensions, La Une Livres, Roman, Rivages

Le rêve du jaguar, Miguel Bonnefoy, Rivages, août 2024, 304 pages, 20,90 € . Ecrivain(s): Miguel Bonnefoy Edition: Rivages

 

Ce roman flamboyant, baroque, touffu comme une généalogie, est un hommage rendu au Venezuela par l’un de ses fils, qui vient de là-bas.

Il est impossible de relater l’intrigue de ce livre tant il brasse nombre d’histoires, de lignées, de paysages et de faits historiques. C’est toute l’histoire d’un siècle de Venezuela, avec ses révolutions, ses dictatures, ses faits d’armes, que nous lisons, page après page.

Antonio, Ana Maria, Venezuela, Cristobal, entre autres personnages d’une véritable saga centrée autour du lac de Maracaibo, portent l’histoire complexe d’une famille. De l’abandon d’Antonio sur les marches d’une église, jusqu’au retour au pays de son petit-fils Cristobal, le roman regorge d’événements notoires : les deux premiers sont devenus médecins dans une région qui n’en avait jamais connus.