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Les Livres

Mademoiselle, Les Rêves interdits ou L’Autre versant du rêve, Jean Genet (par Patrick Abraham)

Ecrit par Patrick Abraham , le Mercredi, 06 Novembre 2024. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Gallimard

Mademoiselle, Les Rêves interdits ou L’Autre versant du rêve, Jean Genet, Gallimard Coll. L’Imaginaire, avril 2024, 161 pages, 7,50 € . Ecrivain(s): Jean Genet Edition: Gallimard

 

 

Les titres successifs envisagés par Genet pour le scénario ayant abouti au film de Tony Richardson, diffusé en 1966 et assez mal accueilli, nous mettent sur la voie : le projet de  l’auteur n’est pas de nous raconter une histoire ancrée dans le réel et y renvoyant (encore qu’elle soit prenante et par sa langue épurée et par son cadre et par son déroulement implacable), mais de concrétiser grâce aux mots puis plus tard grâce à l’image, dans une forme admirablement maîtrisée, les pulsions d’un monde intérieur, ce qui nous révèle ce qu’aurait pu être sa relation avortée au cinéma (un « cinéma de la cruauté » pour détourner la formule d’Artaud ?), guère différente de sa relation au roman et au théâtre.

Mélancolie américaine, Joyce Carol Oates (par Nicolas Grenier)

Ecrit par Nicolas Grenier , le Mercredi, 06 Novembre 2024. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Poésie, Philippe Rey

Mélancolie américaine, Joyce Carol Oates, Éditions Philippe Rey, 2023, poèmes trad. anglais (États-Unis), Claude Seban, 129 pages, 17 € . Ecrivain(s): Joyce Carol Oates Edition: Philippe Rey

 

 

Amérique psychiatrique

Depuis la côte Est, à Princeton, dans le New Jersey, Joyce Carol Oates est un témoin de toutes les Amériques qui se placent sous le signe de Saturne. Dans son recueil de poésie de circonstance, Mélancolie américaine, qui alterne des poèmes, longs et courts, la petite histoire s’entremêle avec l’histoire des États-Unis. Tout l’Occident, des « sanitaires bouchés » de l’Hôtel Königshof, à Cologne, jusqu’à l’empire du Milieu, ressemble à une impasse métaphysique, tel que l’annoncent les premiers mots du poème Le tunnel, qui flottent au-dessus de la baie de San Francisco :

Malart, Aro Sáinz de la Maza (par Jean-Jacques Bretou)

Ecrit par Jean-Jacques Bretou , le Mardi, 05 Novembre 2024. , dans Les Livres, Recensions, Polars, La Une Livres, Actes Noirs (Actes Sud)

Malart, Aro Sáinz de la Maza, Éditions Actes noirs, avril 2024, trad. espagnol, Serge Mestre, 432 pages, 23,50 € Edition: Actes Noirs (Actes Sud)

 

Au large de Barcelone quelque chose dérive avec accrochée à sa structure un corps. La personne est vivante, le narrateur nous fait percevoir ses sensations. Goût d’eau salée, délires. Des images défilent : un tablier rouge et bleu, une patineuse… L’homme puisqu’il s’agit d’un homme, très affaibli, attaché et agrippé à une petite embarcation a le corps qui baigne dans l’eau de mer. Il boit la tasse à chaque paquet d’eau salée qui vient le recouvrir et semble drogué. Il se souvient néanmoins qu’il fait partie des forces de police. Il ne voit pas la côte, il est désespéré et toujours reviennent ces couleurs bleu et rouge et cette patineuse. C’est l’inspecteur Malart de la police de Barcelone !

Milo Malart, on en parle beaucoup au centre de police. La sous-inspectrice Mercader et ses collègues le recherchent désespérément. Ils ont 60 heures pour le retrouver. C’est un géant de deux mètres au caractère bien trempé qui n’en fait souvent qu’à sa tête. Il était parti à la poursuite de ceux qu’il pensait être les auteurs de nombreux assassinats dans la région de Barcelone, c’est sa version en tout cas.

Un travail de lecture productive, Jean-Claude Annezer (par Marc Wetzel)

, le Mardi, 05 Novembre 2024. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

Ce petit ensemble est, comme on va voir, un parfait autoportrait, pris sur le vif – sérieux mais réjouissant, facétieux mais profond – des années soixante-dix, de ces seventies à la fois cocasses, aventureuses et (philosophiquement) matérialistes, que les âgés – dont je suis – ont eu le privilège de traverser, et la chance d’en survivre.

Cocasses, les années soixante-dix l’étaient vraiment. Etrangement bouffonnes, oui, comme une parenthèse convaincue de ne jamais se fermer, un clown exhibant ses états de service, ou un poulet faisant le coq. Comment caractériser autrement cette époque où l’on pouvait applaudir et y avoir tout aussi passionnément aimé, se succédant sur scène, Hendrix et Cohen, ou Les Doors et Ten Years After (Wight, été 70, je l’atteste), la décennie inventant le Rubik’s Cube entre deux chocs pétroliers, ou déposant ici Salazar et Nixon, tout en investissant là Pinochet et Videla, ou voyant les punks faire s’effondrer le hippie dans le disco, ou comprenant soudain mieux sous L.S.D. l’étonnante découverte d’alors (par un submersible ad hoc) d’une vie sans soleil, associée aux sources hydrothermales des abysses etc., heureuse apesanteur d’un pouvoir imaginaire entre l’imagination sans pouvoir de mai 68 et le pouvoir sans imagination de mai 81 ?

La Lucarne, Jean Meckert (par Gilles Cervera)

Ecrit par Gilles Cervera , le Lundi, 04 Novembre 2024. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Joelle Losfeld

La Lucarne, Jean Meckert, éditions Joëlle Losfeld, avril 2024, 246 pages, 16,70 € Edition: Joelle Losfeld

 

L’homme défait de Jean Meckert

Jean Meckert est cet auteur aux multiples vies dont cette dernière que les éditions Joëlle Losfeld ressuscitent livre après livre. Le neuvième à paraître sur une série de dix !

Connu sous le pseudo de Jean Amila, Meckert est mort en 1995. La Lucarne est un livre sombre, moins que Les Coups qui nous avaient tous saisis à leur re-sortie en 1993 grâce à Jean-Jacques Pauvert.

La Lucarne est écrite juste après-guerre et narre le juste avant. C’est, si l’on peut le dire ainsi, un livre plus idéalogique qu’idéologique. Nonobstant le climax de guerres sourdes qui sourdent, de nations qui se toisent, de ligues d’extrêmes droites triomphantes et de nazisme endémique, Édouard Gallois, le personnage central, enchante la paix, l’universel, bref le grandiose, l’iconoclaste. Le dérogeant dérange.