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Les Livres

La Lettre Écarlate (The Scarlet Letter, 1850), Nathaniel Hawthorne (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mercredi, 05 Mars 2025. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Roman, Folio (Gallimard), En Vitrine, Cette semaine

La Lettre Écarlate (The Scarlet Letter, 1850), Nathaniel Hawthorne, Folio, 1977, trad. américain, Marie Canavaggia, 368 pages Edition: Folio (Gallimard)

Écarlate est ce roman, comme la braise qui scintille dans les yeux de la mère sous l’opprobre, et ceux de la fille dont on ne sait si elle est fille de Dieu ou du Diable. Cet ouvrage brûle les doigts et ouvre la route qui mène au torrent de lave incandescente qui irrigue la littérature gothique américaine. Ce roman est un moment-clé de la littérature d’Outre-Atlantique qu’il place à tout jamais sous le thème du combat du Bien et du Mal, du péché et du remords, du châtiment et de la rédemption.

Le génie de Hawthorne est de brouiller sans cesse les lignes, d’éviter radicalement le pathos de la lutte entre le Bien et le Mal pour nous emmener dans des territoires effrayants où la morale ne trouve plus ses repères. La tentation est forte de prêter aux Puritains inquisiteurs les pires penchants mais jamais dans le roman ils ne seront les seuls acteurs du Mal, de même que la femme qui subit l’infamie de la lettre écarlate ne sera – ni elle ni sa petite fille – l’incarnation pure du Bien. Les traits se mêlent, s’entortillent, en un combat douteux dirait Steinbeck, allant jusqu’à superposer les images symboles. Ainsi la madone qui prend forme dans la femme honnie et exposée à la vue d’un public hostile :

Pourquoi les lapins ne portent pas de culotte, Antonin Louchard (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Mercredi, 05 Mars 2025. , dans Les Livres, Recensions, La Une Livres, Jeunesse, Seuil Jeunesse

Pourquoi les lapins ne portent pas de culotte, Antonin Louchard, Seuil Jeunesse, Coll. Seuil’issime, janvier 2025, 64 pages, 5 € Edition: Seuil Jeunesse

 

Les léporidés qui s’habillent

Voici un nouvel album jeunesse, au format de 15x19 cm, entièrement écrit et illustré par Antonin Louchard, né en 1954 à Bobo-Dioulasso (Burkina Faso), auteur doté de plusieurs Prix dont le Prix Sorcières 2000. Plusieurs de ses ouvrages font partie de la Bibliothèque idéale du Centre national de la littérature pour la jeunesse (BnF). À la question Pourquoi les lapins ne portent pas de culotte, Antonin Louchard répond par un conte : il était une fois un jeune lapin, un lapereau (déjà sevré) affublé d’un prénom impossible à prononcer, surnommé simplement Zou.

« Le matin de notre histoire, Zou est joyeux, très joyeux même. Bien plus joyeux qu’un lapin ordinaire ». Ainsi, le héros de l’histoire s’en va musardant, chantonnant, se balader en forêt parmi les trèfles et les marguerites, cueillir des fleurs. Bref, Zou est un être champêtre. De plus il est amoureux de la jolie Betty, une demoiselle lapine aussi blanche que lui. Mais la communication s’avère difficile car la nature a ses droits et ses travers.

Le Livre de la mort, Khalid Jawed (par Patrick Abraham)

Ecrit par Patrick Abraham , le Mardi, 04 Mars 2025. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Asie, Roman, En Vitrine, Cette semaine

Le Livre de la mort, Khalid Jawed, éditions Banyan, décembre 2024, trad. ourdou (Inde), Rosine-Alice Vuille, 127 pages, 17 €


La publication par les éditions Banyan du Livre de la mort de l’écrivain indien contemporain Khalid Jawed est une excellente nouvelle tant sont rares les traductions françaises de la littérature de langue ourdoue, continent quasi inexploré pour nous. On félicitera David Aimé pour cette initiative et Rosine-Alice Vuille pour la remarquable qualité de son travail.

Mais Le Livre de la mort, malgré sa brièveté, est en soi un grand livre par sa densité ténébreuse – je veux dire qui marque dès la première lecture en nous ouvrant sur nos ténèbres et nous obligeant à une série de relectures.

Le Chemin de Jérusalem, Une théologie politique, Shmuel Trigano (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Mardi, 04 Mars 2025. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

Le Chemin de Jérusalem, Shmuel Trigano, Les Provinciales, avril 2024, 126 p. 15 €

Dans une conférence récemment traduite en français (Textes retrouvés, Gallimard, 2024), Jorge Luis Borges notait que la civilisation occidentale repose sur deux piliers : la Grèce et la Bible. Cela ressemble de prime abord à un de ces lieux communs dont les conférenciers assaisonnent à l’occasion leur propos, mais toutes les conséquences de cette situation n’ont pas été tirées. L’une fut déduite par Borges lui-même : malgré des rencontres occasionnelles avec la Grèce (notamment dans les livres sapientiaux), la Bible appartient à l’Orient. La rhétorique amoureuse du Cantique des Cantiques ne put ainsi être acceptée et « reçue » en Occident qu’aux prix de distorsions considérables.

La centralité et la primauté de Jérusalem sont une autre conséquence. Seule Rome (en tout cas ni Londres ni Paris) put rivaliser. Mais l’effondrement de l’Église catholique en Europe, alors même que renaissait l’État d’Israël (la concomitance des deux événements possède-t-elle un lien secret ?) a remis en cause le statut de Rome, qui n’est plus qu’une destination de week-end comme une autre, au même titre qu’Amsterdam ou Berlin. Lors des audiences hebdomadaires du pape François, l’immense place Saint-Pierre est aux trois-quarts vide.

La Figure, Bertrand Belin (par Gilles Cervera)

Ecrit par Gilles Cervera , le Lundi, 03 Mars 2025. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, P.O.L

La Figure, Bertrand Belin, éd. P.O.L, janvier 2025, 175 pages, 18 € Edition: P.O.L

 

Buisson iodé

Chanteur, on l’écoute. Acteur, on le voit.

Toujours avec joie. Comme on attendait Jean-François Stévenin ou qu’on guette Jacques Bonnaffé au coin d’un film, second rôle essentiel. Bertrand Belin est aussi un bel écrivain.

On le lit.

Belin est un marginal de tout y compris des marges de cahier.

Il nous donne, chez P.O.L, à lire La Figure.

C’est un petit roman dur, un roman de rêve et de glace. D’eaux tourmentées qui montent, envahissent, et de pères fous qui battent les fils et dont il ne faut se protéger d’eux qu’en le tuant ou en les fuyant.