Pourquoi les lapins ne portent pas de culotte, Antonin Louchard (par Yasmina Mahdi)
Pourquoi les lapins ne portent pas de culotte, Antonin Louchard, Seuil Jeunesse, Coll. Seuil’issime, janvier 2025, 64 pages, 5 €
Edition: Seuil Jeunesse
Les léporidés qui s’habillent
Voici un nouvel album jeunesse, au format de 15x19 cm, entièrement écrit et illustré par Antonin Louchard, né en 1954 à Bobo-Dioulasso (Burkina Faso), auteur doté de plusieurs Prix dont le Prix Sorcières 2000. Plusieurs de ses ouvrages font partie de la Bibliothèque idéale du Centre national de la littérature pour la jeunesse (BnF). À la question Pourquoi les lapins ne portent pas de culotte, Antonin Louchard répond par un conte : il était une fois un jeune lapin, un lapereau (déjà sevré) affublé d’un prénom impossible à prononcer, surnommé simplement Zou.
« Le matin de notre histoire, Zou est joyeux, très joyeux même. Bien plus joyeux qu’un lapin ordinaire ». Ainsi, le héros de l’histoire s’en va musardant, chantonnant, se balader en forêt parmi les trèfles et les marguerites, cueillir des fleurs. Bref, Zou est un être champêtre. De plus il est amoureux de la jolie Betty, une demoiselle lapine aussi blanche que lui. Mais la communication s’avère difficile car la nature a ses droits et ses travers.
Comme les humains désireux de se faire aimer, notre lapin cherche à épater Betty, la dulcinée de son choix. Peine perdue, la belle boude ! Soudain, une étoffe de couleur attire l’attention de Zou et l’ordre des choses va être bouleversé. C’est hélas par la faute d’une demoiselle lapine que le monde tranquille bascule – (une Ève herbivore ?).
Des termes communs ou plus savants tels : myxomatose, frénésie, civet, prodigieux, prétendants, frénésie, milice, etc., vont aider le jeune lectorat à enrichir son vocabulaire. Par ailleurs, l’auteur n’hésite pas à camper une fable cruelle, reflétant les travers d’un monde capitaliste, en mettant en scène l’envie, la prédation et la mort. Les illustrations sont élaborées en traits fins, discontinus, nerveux, acérés, à l’encre noire, qui dynamisent les contours. Le dessin témoigne de la virtuosité artistique d’Antonin Louchard. Les différentes postures des lapins reflètent un large registre d’expressions. Les phases de l’histoire sont parfois retranscrites à l’intérieur de vignettes. Le vert-de-gris est dominant, associé au vert-bleu et au vert émeraude, tons qui contrastent avec la complémentaire, le rouge coquelicot. Les différentes scènes sont accompagnées d’un texte relativement élaboré. L’illustration nocturne, en double page, est particulièrement soignée, ainsi que les vues en plongée des champs cultivés et du peuple rongeur.
Dès 5 ans.
Yasmina Mahdi
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