J’ai rencontré le 3 juin 2024 Alexandre Gefen (*) entre deux conférences à l’Hôtel Le Carlton à Tunis pour l’interviewer. Il a accepté de répondre à mes six questions autour de l’idée de réparation, du rapport entre littérature et démocratie, la théorie littéraire et l’avenir de la littérature à l’ère de l’IA.
H. Jarboui : Vous soutenez, dans votre essai Réparer le monde, La littérature française face au XXIe siècle, que la réparation est l’une des vertus et des finalités de la littérature. Vous écrivez d’ailleurs dans votre introduction : « La littérature contemporaine se confronte au monde, non en voulant le changer ou s’en extraire, mais en cherchant à en penser ce qui ne peut être pensé que par la littérature » (1) et vous ajoutez qu’« [elle] a l’ambition de prendre soin de la vie originaire, des individus fragiles, des oubliés de la grande histoire, des communautés ravagées, de nos démocraties inquiètes, en offrant au lecteur sa capacité à penser l’impératif d’individuation, à faire mémoire des morts, à mettre en partage des expériences sensibles ou à inventer des devenirs possibles » (2).