Corps
L’exercice du poème est tendu par la matière qu’il recouvre, dont il fait un sujet de chair, comme si la totalité du poème avait la nécessité d’une enveloppe physique. Ici, le recueil de Nathalie Swan ressemble à ce carrefour. Le corps/le poème, le corps au sens strict : main, voix, souffle, regard, souffle, bras, peau, bouche, yeux, artères, seins, reins, sang, salive, par exemple. Vertèbre, ossature du poème. Celui-ci peut se comprendre grâce à cette tension, ce long feu syntaxique, et sa souplesse descriptive, sans épopée, ni histoires simples ou compliquées. Juste le langage du corps aimant. De ce fait, si l’on considère le peu de qualificatif, nous sommes en présence d’une littérature maigre. Je m’explique : je crois que le poème doit être un lieu hivernal, devoir se comparer au blanc de la neige, à l’ossature de la forêt l’hiver. Moins il y en a, mieux c’est. Rien de superfétatoire, tout est affaire d’équilibre, équilibre des corps abouchés. Et pourquoi dès lors nous interdirions-nous les images de fluides, de passions, d’amour, presque d’effets glandulaires ?