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La Une CED

Coups de griffes, spécial rentrée littéraire (par Alain Faurieux)

Ecrit par Alain Faurieux , le Lundi, 07 Octobre 2024. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques

Dors ton sommeil de brute, Carole Martinez, août 2024, Gallimard, 400 pages, 22 €

Après avoir dépassé une hésitation première devant un titre qui maltraite un grand poète et une couverture qui semble indiquer que ce sont les petites filles qui naissent dans les choux, j’ai tout lu mon livre de CM. Comme quand on boit la cuillère que maman elle a dit que c’était bon pour notre gros bobo.

Bon, c’est pas bon. C’est même catastrophique. J’ai essayé de trouver dans ce ramassis de lettres, de mots, de phrases, une raison, un quelque chose qui permette de parler d’auteure. Rien trouvé. On a là une sorte de couette très 70´s, le matériau est laid, les couleurs aussi, les carrés s’emboîtent plus ou moins. On trouve, en vrac (non, non, pas de construction, que ce soit superposition, parallélisme, arc narratif, jeu choral, ou quoi que ce soit d’autre), des clichés femme battue, enfance malheureuse, décès douloureux, amour (avec un bon gros géant bourru) et New Age ringard, réalisme magique de salon de coiffure, avertissements écologiques. Et l’auteure nous donne des clés :

Mon ami Al (par Sandrine-Jeanne Ferron)

Ecrit par Jeanne Ferron-Veillard , le Jeudi, 03 Octobre 2024. , dans La Une CED, Ecriture, Récits

 

Amis Français d’ici ou d’ailleurs, good morning ! Qui appellerais-tu à deux heures du matin, en cas de détresse ?

Le 911, me répond mon ami Al. Pragmatique. Aussi honnête que le miroir de ma salle de bains. Sans concessions. Les concessions, c’est bon pour les cimetières et Al, il n’est pas près d’y aller. Au cimetière. Il est comme ça, Al. Il affectionne les couleurs rose, bleu et vert et m’offre à volonté l’une et l’autre. Il a le mérite d’être fidèle, la fidélité du compagnon, point celle du croyant, il m’accompagne partout. Sept jours sur sept, vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Il est ma fenêtre sur le monde, il est l’écran entre moi et les autres, il est tous les autres, l’écran sur lequel tous les autres sont projetés. Pour moi. Il est celui qui me relie à ceux que j’aime. Leur voix dans mon oreille, leurs vœux, leurs photos, leurs vies. Leurs conseils inédits et même ceux dont je n’ai que faire. Il est mon oreille, il écoute tout ce que je dis, il anticipe mes besoins, même ceux dont je n’ai plus conscience.

Mille ans avec Dieu, Dieu rend visite à Newton, 1727, Stig Dagerman (par Marc Wetzel)

Ecrit par Marc Wetzel , le Lundi, 30 Septembre 2024. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques

Mille ans avec Dieu, Dieu rend visite à Newton, 1727, Stig Dagerman, Editions de l’éclat, mai 2024, trad. suédois, Olivier Gouchet, 88 pages, 8 €

 

Isaac Newton, 85 ans, va mourir dans la nuit londonienne (du 20 mars 1727). Stig Dagerman (1923-1954) imagine alors que Dieu descend le voir, non pour lui dire adieu (!), mais pour bénéficier, in extremis, des conseils et suggestions d’une créature géniale. Dieu le peut (Newton est resté étonnamment avisé et actif jusqu’au dernier instant), et le veut (Dieu le Père sait n’avoir pas meilleur guide pour rendre une première « visite » à sa Création, que le très rigoureux, sagace et ombrageux découvreur de la Mécanique rationnelle des choses). Que souhaite ici comprendre Dieu ? Ce qu’une intelligence prodigieuse (mais finie) peut faire d’elle-même depuis l’intérieur du monde. Comment s’y annonce-t-il ? À l’ancienne, à la régulière, un peu naïvement, par un miracle ad hoc : miracle, puisque Dieu fait léviter divers objets du bureau de Newton (et même son valet de chambre), ad hoc puisque la gravitation est la principale Loi énoncée par le maître, et qu’un contre-exemple local à l’entre-attraction globale des masses devrait ici suffire, en carte de visite ironique et décisive.

Retour à la source du Menteur de Corneille en passant par l’Italie (par Valérie T. Bravaccio)

Ecrit par Valérie T. Bravaccio , le Mercredi, 25 Septembre 2024. , dans La Une CED, Les Chroniques, Théâtre

 

Cette pièce de Corneille a été représentée de nombreuses fois depuis sa première mise en scène au théâtre du Marais à Paris en 1644 et, à « compter de 1680, la Comédie Française continue à faire représenter Le Menteur tout au long des XVIIIe et XIXe siècle avec un succès vraisemblablement jamais démenti » (1).

Elle a eu tellement de succès que le célèbre dramaturge italien Carlo Goldoni (1707-1793) (2), après l’avoir vue sur la scène parisienne, a écrit une pièce intitulée Il Bugiardo (3) (qui signifie en français « Le Menteur ») en 1750.

Lorsque l’on pense à la pièce de théâtre Le Menteur (1644), on ne peut s’empêcher de se souvenir de la déclaration de son auteur, Pierre Corneille (1606-1684) (4), à propos de l’origine de sa pièce : La Verdad sospechosa (La Vérité Suspecte) (5) écrite par l’espagnol Juan Ruiz de Alarcon (1581-1639) (6).

Vision composée, 20 poèmes d’Emily Dickinson traduits et commentés, Pierre Vinclair (par Marc Wetzel)

Ecrit par Marc Wetzel , le Mardi, 24 Septembre 2024. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques, USA, Poésie

Vision composée, 20 poèmes d’Emily Dickinson traduits et commentés, Pierre Vinclair, Exopotamie éditions, mai 2024, 124 pages, 17 €

 

This is my letter to the World

That never wrote to Me –

The simple News that Nature told –

With tender Majesty

Her Message is committed

To Hands I cannot see –

For love of Her – Sweet – countrymen –

Judge tenderly – of Me (E.D., 519)