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Manifestes du surréalisme, André Breton en La Pléiade (par Charles Duttine)

Ecrit par Charles Duttine , le Mercredi, 13 Novembre 2024. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques, La Pléiade Gallimard

Manifestes du surréalisme, André Breton, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, septembre 2024, Préface Philippe Forest, 1184 pages, 65 €

Le surréalisme en son centenaire.

On adore célébrer les anniversaires aujourd’hui. « Commémorer » est l’un des grands mots de notre époque. Et, de nos jours, on commémore vraiment beaucoup. Le surréalisme n’y échappe pas. Un mouvement aussi déroutant que le surréalisme peut-il admettre une commémoration avec force cérémonies et programmations officielles ? On en doute quelque peu. Et comment, un siècle après la publication du « Manifeste du surréalisme », nos contemporains qui connaîtraient peu ou mal ce mouvement peuvent-ils l’accueillir ? Qu’est devenu ce texte aujourd’hui ? Comment rendre compte d’ailleurs d’un texte-phare comme le premier manifeste ? Est-ce possible de dire ici en quelques lignes toute la richesse et la vitalité d’une telle référence ? Tant de commentaires, débats, critiques sont nés depuis la publication de ce texte qu’il est difficile de dire toute l’aura de ce texte ou d’en faire comme une sorte d’inventaire, ce à quoi on ne se risquera pas, ou à peine. On n’apportera donc que de minces nuances, quelques remarques et observations.

Ainsi parlait Mihai Eminescu, Dits et maximes de vie, choisis et trad. roumain, Nicolas Cavaillès (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Mardi, 12 Novembre 2024. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques, Anthologie

Ainsi parlait Mihai Eminescu, éditions Arfuyen, septembre 2024, Dits et Maximes de vie, trad. roumain, Nicolas Cavaillès, 174 pages, 14 €

 

Langage

Je ne crois pas que l’on puisse cataloguer la poésie de Mihai Eminescu de poésie purement lyrique, même si elle est hantée par une musique personnelle, un style, un bruissement intérieur, sorte de musique vocale dénuée de pathos, orientée décidément vers une intellection (intellection qui ne bannit pas l’émotion). Je dirais même que cette réunion de textes de l’auteur de langue roumaine pourrait se tenir entière sous un néologisme : une philo-poésie. Car ses poèmes apprennent à penser. Une esthétique qui n’a pas peur de la réflexion, une esthétique qui pense, qui se pense comme une esthétique.

Nous sommes d’ailleurs à dire vrai, davantage dans l’art que dans la littérature (ce que je préfère). Il me semble que celui-là est plus fort que celle-ci. De ce fait, il faut tout sacrifier ici à l’art, penser, écouter, étudier, approfondir, comprendre où se loge le génie.

Un travail de lecture productive, Jean-Claude Annezer (par Marc Wetzel)

, le Mardi, 05 Novembre 2024. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques

Ce petit ensemble est, comme on va voir, un parfait autoportrait, pris sur le vif – sérieux mais réjouissant, facétieux mais profond – des années soixante-dix, de ces seventies à la fois cocasses, aventureuses et (philosophiquement) matérialistes, que les âgés – dont je suis – ont eu le privilège de traverser, et la chance d’en survivre.

Cocasses, les années soixante-dix l’étaient vraiment. Etrangement bouffonnes, oui, comme une parenthèse convaincue de ne jamais se fermer, un clown exhibant ses états de service, ou un poulet faisant le coq. Comment caractériser autrement cette époque où l’on pouvait applaudir et y avoir tout aussi passionnément aimé, se succédant sur scène, Hendrix et Cohen, ou Les Doors et Ten Years After (Wight, été 70, je l’atteste), la décennie inventant le Rubik’s Cube entre deux chocs pétroliers, ou déposant ici Salazar et Nixon, tout en investissant là Pinochet et Videla, ou voyant les punks faire s’effondrer le hippie dans le disco, ou comprenant soudain mieux sous L.S.D. l’étonnante découverte d’alors (par un submersible ad hoc) d’une vie sans soleil, associée aux sources hydrothermales des abysses etc., heureuse apesanteur d’un pouvoir imaginaire entre l’imagination sans pouvoir de mai 68 et le pouvoir sans imagination de mai 81 ?

Griffes 13 (par Alain Faurieux)

Ecrit par Alain Faurieux , le Lundi, 04 Novembre 2024. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques

 

Jour de ressac, Maylis de Kerangal, Verticales, août 2024, 256 pages, 21 €

Jour de rabâchage pour Maylis (son nom est la meilleure chose du livre). Du polar transfiguré nous disent les critiques bavant d’admiration. Un mort au Havre (relié à la narratrice par un numéro de tel sur un ticket de cinéma), un retour vers le lieu du crime et de l’adolescence. Vers la jetée et la plage, la plage évoque les cailloux, les cailloux l’été 93 (ou 95, ou…), et ainsi de suite dirait Vonnegut. La narratrice regarde son passé… Pourquoi pas ? Malheureusement l’écriture est informe, on va d’un mot à l’autre, d’un registre à l’autre sans raison ou but ; à chaque ligne on s’énerve d’une tournure facile, d’une image ressassée, d’un vieil os resucé. On a constamment envie de barrer, corriger, annoter les erreurs et maladresses. Par exemple la présence du mot « jonction » :

Ainsi parlait Mihai Eminescu, Dits et maximes de vie, choisis et trad. roumain, Nicolas Cavaillès (par Marc Wetzel)

Ecrit par Marc Wetzel , le Mardi, 15 Octobre 2024. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques

Ainsi parlait Mihai Eminescu, Dits et maximes de vie, choisis et trad. roumain, Nicolas Cavaillès, Edition bilingue, Arfuyen, septembre 2024, 176 pages, 14 €

 

C’est un peu comme ceux qui n’ont une bonne tête que parce qu’ils n’ont pas le temps d’en avoir une mauvaise : Mihai Eminescu (1850-1889) était inventif et intelligent parce que le loisir d’être bête et ennuyeux ne lui a pas été accordé. Sa vie (collégien surdoué brisé par ses propres fugues, ardent amoureux tôt crucifié par la syphilis – « le carquois de l’amour est doré, mais sa flèche est empoisonnée… », fragment 116 –, gratte-papiers alcoolique peu à peu délirant, pensionnaire de sanatorium tardivement pensionné par l’Etat…) a accablé son génie (étincelant, multiforme, démiurgique et… érudit) – génie créateur d’innombrables personnages, spéculations et rêves (et recréateur de sa langue nationale) qui n’aura trouvé, à 39 ans, son chez-soi que dans la mort – une mort que dès 21 ans il se souhaitait ainsi :