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La Une CED

Capitale de la douleur et L’Amour la poésie, Paul Eluard (par Didier Smal)

Ecrit par Didier Smal , le Mardi, 12 Décembre 2023. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques, Poésie

Capitale de la douleur, Paul Éluard, Folio/Lycée, août 2023, 256 pages, 4,50 € L’Amour la poésie, Paul Eluard, Folio/Poche, février 2023, 128 pages, 3 €

 

Publié en 1926, Capitale de la douleur est probablement le recueil poétique le plus célèbre de Paul Éluard, ce qui lui vaut en 2023 une réédition dans une collection à visée pédagogique. Voici donc ce livre dont André Breton disait qu’il était destiné « à ceux qui depuis longtemps n’éprouvent plus le besoin de lire » revenu au cœur de l’actualité éditoriale, avec cette question lancinante et sous-jacente : qu’ont encore à dire aujourd’hui ces poèmes du déchirement amoureux ? Rien, et tout, puisque les sentiments exprimés avec puissance (« À terre, à terre tout ce qui nage !/ À terre, à terre tout ce qui vole !/ J’ai besoin de poissons pour porter ma couronne/ Autour de mon front,/ J’ai besoin des oiseaux pour parler à la foule », L’hiver sur la prairie) et force images qui sont autant de provocations à l’esprit, d’incitations à régénérer toute vision, tout ressenti, toute expérience (« Au hasard tout ce qui brûle, tout ce qui ronge,/ Tout ce qui use, tout ce qui mord, tout ce qui tue,/ Mais ce qui brille tous les jours/ C’est l’accord de l’homme et de l’or,/ C’est un regard lié à la terre »,

Chronique : Coups de griffes 3 (par Alain Faurieux)

Ecrit par Alain Faurieux , le Lundi, 11 Décembre 2023. , dans La Une CED, Les Chroniques

 

Panorama, Lilia Hassaine, Gallimard, août 2023, 240 pages, 20 €

Un navet qui rend triste, ça existe ? Oui, tout comme un prix littéraire qui rend triste. Panorama est Prix Renaudot des lycéens 2023, et c’est un bouquin tristement bête, creux, superficiel et inutile. Tout ça et plus encore.

Aucun extrait à produire à charge, tout y est petit et quelconque. Ligne après ligne l’écriture se révèle anodine, alignement de signes aussi attractif qu’un édito du Point ou du Betteravier Français. La volonté d’écriture est, elle, plus déprimante encore. Thriller d’anticipation, roman dystopique… et quoi encore ? La trame du thriller (échange d’identité + harcèlement adolescent) est enfantine, la dystopie réservée aux adeptes de The Purge, au filtre d’un relecteur sensible. Acceptons la suspension d’incrédulité première – une nouvelle Révolution Française et sa Revenge Week – et voyons la suite. La création d’Hassaine est squelettique ; que ce soit topologiquement, socialement, psychologiquement, les adeptes d’une terre plate font mieux chaque jour dans leurs publications.

Hommage à Philippe Sollers, Collectif (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 07 Décembre 2023. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques

Hommage à Philippe Sollers, Collectif, Gallimard, novembre 2023, 144 pages, 12 €

 

« C’est dans le village d’Ars que je serai enterré, près du carré des aviateurs anglais, australiens et néo-zélandais, tombés ici pendant la Seconde Guerre mondiale. Ils ont 22, 23 ans, ils sont pilotes ou mitrailleurs. Personne n’a réclamé leurs corps. Ce voisinage me plaît » (Navigation, Un Vrai Roman, Mémoires, Philippe Sollers, Plon, 2007).

« Que la promesse des “oiseaux nés libres”, comme ceux que tu aimais observer en Ré, te soie tenue, mon cher Philippe : “Où que nous allions, tout devient libre et ensoleillé autour de nous !”. Nous ne pouvons en douter » (Antoine Gallimard, Sollers à l’infini).

« Au fil du temps, dans des carnets, j’ai noté des phrases. Parfois je ne sais plus d’où elles viennent. Peu importe puisqu’il s’agit d’un unique livre, dont Sollers délivrait, régulièrement, des fragments » (Josyane Savigneau, Sollers et Lui).

« Vous le lisez et il est aussitôt présent, il marche avec vous, au milieu du désert comme au fond de la vallée verte, sur la plage comme le long des façades classiques de Bordeaux ou Venise » (Marc Pautrel, Le vrai corps est un texte).

Oh, les filles !, Philippe Lacoche (par Murielle Compère-Demarcy)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Mardi, 05 Décembre 2023. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques, Nouvelles

Oh, les filles !, Philippe Lacoche, éditions Héliopoles, octobre 2023, 176 pages, 17 €

 

Quel est ce fin renard pêcheur à la ligne illustré en première de couverture par Victoria Le Stunff, au bord de ce qui ressemble aux étangs de Commelles situés en Picardie, et qui paraît avec son air goguenard nous jeter un œil complice ? N’a-t-il pas l’allure de notre Marquis des Dessous chics alias Philippe Lacoche ou Ph. L., si admirateur de la gent féminine (filles, femmes, « héroïnes parfois ; seconds rôles, souvent ; simples profils… qu’importe ! ») et si féru de pêche à la ligne ?

Cette fois, le journaliste romancier et parolier, auteur d’une quarantaine de livres, nous invite à pousser la porte de nouvelles littéraires où ce sont bien les femmes qui tirent les ficelles des textes comme du destin des hommes qui les entourent. Se permettant d’emprunter ce titre, Oh, les filles !, à la célèbre chanson des Pingouins, œuvre d’Eddy Vartan et de Marty Robbins, immortalisée par le groupe

Je t’aime jusqu’à la mort, Correspondance avec Jean Desbordes, 1925-1938, Jean Cocteau (par Patrick Abraham)

Ecrit par Patrick Abraham , le Vendredi, 01 Décembre 2023. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques

Je t’aime jusqu’à la mort, Correspondance avec Jean Desbordes, 1925-1938, Jean Cocteau, éditions Albin Michel, octobre 2023, 273 pages, 22,90 €

 

 

Sur une Correspondance

Lisez Je t’aime jusqu’à la mort, Correspondance de Cocteau avec Jean Desbordes, 1925-1938 ; ne lisez pas Le Glorieux et le Maudit d’Olivier Charneux, chroniqué dans cette revue il y a quelques mois ! Comme le souligne Marie-Jo Bonnet qui a rassemblé cette correspondance et qui la présente avec talent et érudition, la rencontre entre Cocteau et Desbordes a été autant érotique, au plein sens du mot, que littéraire. Le jeune homme de dix-neuf ans qui a écrit à Cocteau en 1925 pour lui exprimer son admiration après la parution du Grand Écart puis qui lui rend visite frappe l’auteur du Cap de Bonne-Espérance à la fois par sa beauté et par les textes qu’il lui soumet, que Cocteau contribuera plus tard à faire publier.