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La Une CED

Supplique pour la fin des nuits sans lune, Laurence Fritsch (par Murielle Compère-Demarcy)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Mardi, 12 Septembre 2023. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques, Poésie

Supplique pour la fin des nuits sans lune, Laurence Fritsch, Pierre Turcotte Éditeur, Coll. Magma Poésie, mai 2023, 78 pages, 9,99 €

Par « une sorte de loi de la gravité paradoxale » ainsi que la définit le poète argentin Roberto Juarroz qui en fait le parangon de son œuvre, l’existence des hommes incline inévitablement vers la chute et, symétriquement, ressent un élan qui la tire vers le haut. C’est ainsi que l’homme peut abîmer le précieux qui l’entoure, sans mesurer les conséquences de sa négligence ou ignorance ; et se ressaisir. La lune n’y échappe pas, ici victime d’effets néfastes, satellite de la Terre éloigné de nos attentions pour cause d’intempéries, de pollution lumineuse, par convoitise économique aussi ; là – en l’occurrence par la grâce de ce recueil – objet de nos soins.

Ce premier recueil de Laurence Fritsch, intitulé Supplique pour la fin des nuits sans lune, vise en effet à nous alerter par ses poèmes instantanés du danger encouru à laisser s’établir l’éloignement de la lune. Ces poèmes, certains chargés de mystère d’autres plus intimistes et porteurs souvent de plusieurs clés de lecture, tentent par leur trait fulgurant ou leur charge suggestive d’exaucer ce que l’auteur de Poésie Verticale, cité en exergue du recueil, évoque dans sa Treizième poésie verticale : « (…) interrompre tout ce qui s’écroule : / la lumière, l’eau, l’amour / la pensée, la nuit ».

Cristina, Paloma Hermine Hidalgo (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 11 Septembre 2023. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques, Poésie

Cristina, Paloma Hermine Hidalgo, Le Réalgar-Éditions, juin 2023, 80 pages, 12 €

 

Effloraison

Étrange livre de poésie qui souligne à la fois la présence de la nature, des fleurs, des plantes, des paysages et aussi d’une douleur venue de l’enfance, et peut-être d’une espèce de secret violent qui hante le sous-texte du recueil. C’est à un jardin d’Éden que nous sommes conviés, paradis d’avant et d’après la Faute. Car il y a du sang sur les bras du frère ou du père (?), des scènes qui suggèrent un état de sexualité infantile. Nous sommes décidément dans un monde proustien. La remémoration. Le souvenir habité comme état de l’être. Violence de la vie peut-être tout simplement. Je dis là l’explosion de la graine qui germe, cette « violence » amoureuse des périls.

Il baise mes oreilles, plonge la bouche pâteuse. Corps-à-corps avec l’anchois, le tabac fané. La carrière est béate de chaleur. La herse s’enfonce. Il m’enlise dans le foin, l’avoine, la nielle. La fauche me creuse, me prend. Aine, aisselles moites. La mort entre mes jambes est une brassée d’azur.

Ma passion Troyat (par Martine L. Petauton)

Ecrit par Martine L. Petauton , le Lundi, 11 Septembre 2023. , dans La Une CED, Les Chroniques

 

C’était dans le début des années soixante ; un été méditerranéen ; je devais être autour de la quatrième. Une cousine fort cultivée, professeur,  de ces gens à qui on doit beaucoup tout au long de sa vie, m’avait donné trois chemins de lecture à l’ombre des arènes des Saintes Maries de la mer. Le premier Astérix ! Un San Antonio, mon premier du genre ! et… un Troyat (Les semailles et les moissons, annonçant 5 volumes, ce qui – déjà – n’était pas de nature à me rebuter.) Le tout fit date, et pas seulement dans mon été. Les Astérix – tous lus sans aucun manquement jusqu’à aujourd’hui, San A et son Berurier au camembert, peut-être moins longtemps – j’ai fini par me lasser du ton sentencieux et « monsieur je sais tout » de certains opus. Alors surnagea Troyat, une sorte de fidélité sans la moindre ombre ; un genre de couple littéraire qui marche. Une passion, à n’en pas douter.

Lits, Demain je vais alors m’absenter, Jean de Breyne (par Marc Wetzel)

Ecrit par Marc Wetzel , le Vendredi, 08 Septembre 2023. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques, Poésie

Lits, Demain je vais alors m’absenter, Jean de Breyne, Propos Deux éditions, avril 2023, 118 pages, 14 €

 

« c’est pour se lever oui,

il faut déplier le corps

couché horizontal rouler

sur soi jeter les jambes.

je porte ma main là

au point de la douleur,

je lève la tête, la lumière

le jour est levé, est autre,

c’est le jour des décisions,

c’est bien un jour du réel,

Quand la beauté ne rime plus avec superficialité, Patricia Trojman

Ecrit par Patricia Trojman , le Jeudi, 07 Septembre 2023. , dans La Une CED, Les Chroniques

 

Enfin un article intelligent sur la beauté des femmes tant décriée dans le néo-féminisme dénonçant les codes et les critères tyranniques de la beauté féminine. Dans la rubrique Parlons philo du Un hebdo du 17 mai, on a la belle surprise de lire enfin un article qui pour une fois ne verse pas dans l’encrier de la pensée unique.

Camille Froidevaux-Metterie, professeur de science politique, auteur d’Un corps à Soi (Seuil, 2021) et d’un premier roman, Pleine et douce (Sabine Wespieser), analyse avec une remarquable justesse la non-superficialité́ de la coquetterie féminine.

Des siècles entiers de condamnation de la beauté́ plastique comme pure extériorité́, liée à la frivolité́ des femmes sans profondeur, étrangère à jamais à la conceptualisation philosophique !

Cet obscur et austère discours théologico-moral n’est finalement qu’une volonté́ de censurer le désir féminin. La première phrase de l’article synthétise tout : « Si l’obsession des femmes pour la beauté́ s’explique au regard de siècle d’enfermement dans leur corps-objet, si elle traduit le poids des injonctions patriarcales à la disponibilité́ sexuelle, si elle nourrit la dynamique néolibérale de la concurrence intraféminine, alors il est grand temps de nous réapproprier notre apparence et le soin que nous en prenons dans une perspective féministe ».