C’est un – encore assez jeune – homme génial (parce qu’avec humour et sincérité dépassé par sa propre puissance de pensée) et sympathique (parce que touchant, et voulant partout justesse) ; il intrigue, parce que sa capacité de vérité avance sans cesse, radicale sur les « lignes de front », nuancée dès qu’on respire en paix ; il désarçonne, parce qu’il ne défend aucune forme de vie définie (il nous donne juste de quoi s’arranger mieux, plus brillamment, plus distinctement, avec la nôtre) : le seul devoir qu’il consent à nous donner est de rassembler nos moyens de le comprendre. Il ne fait le siège de rien, il ne défend non plus aucune forteresse : il veut juste « réfléchir au coup d’après, ouvrir une brèche de possibilité » (L’architecture du possible, p.105). Il n’aime que rendre possibles de nouveaux élans de sens, les rendre disponibles, loisibles à un effort de vérité (les aménager pour ceux qui voudraient bien reprendre son effort de compréhension), et ne combat que les ennemis du possible, ceux qui abusent des effets contraires (inévitables) de ce qui rend possible, les aggravant au lieu de les adoucir. Lui, simplement, part en « éclaireur » des futures niches de vie sensée et de pensée heureuse, des nids à venir de fidélité (scrupuleuse et partageable) au possible.