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La Une CED

Le Fond du port, Joseph Mitchell, par Didier Smal

Ecrit par Didier Smal , le Jeudi, 21 Décembre 2017. , dans La Une CED, Les Chroniques, Editions du Sous-Sol

Le Fond du port, Joseph Mitchell, Editions du Sous-Sol, octobre 2017, trad. américain Lazare Bitoun, 256 pages, 22 €

 

Joseph Mitchell (1908-1996) est un auteur américain, plus précisément un journaliste pour le New Yorker de 1938 à son décès, après avoir écrit pour diverses publications new-yorkaises à partir de 1929. Joseph Mitchell est une légende, et des « blurbs » en quatrième de couverture annoncent la dévotion de Martin Amis (« Voilà ce qu’aurait pu écrire Borges s’il avait été originaire de New York ») et Janet Malcolm, collaboratrice aussi du New Yorker (« Les autres livres de Joseph Mitchell – Le Merveilleux Saloon de McSorley, Old Mr. Flood, Le Secret de Joe Gould – sont superbes, mais ils sont au Fond du port ce que Tom Sawyer et Un Yankee du Connecticut à la cour du roi Arthur sont à Huckleberry Finn »). C’est peu dire qu’on sourit d’aise à l’avance en ouvrant Le Fond du port, recueil d’articles publié en 1959.

Carnets d’un Fou LIV, LV, LVI, par Michel Host

Ecrit par Michel Host , le Mercredi, 20 Décembre 2017. , dans La Une CED, Les Chroniques, Chroniques régulières

 

Juillet, Août, Septembre 2017

 

Journalistes :

[…] Saupoudre-moi d’esprit ces raisonnements, relève-les par un petit filet de vinaigre, et Dauriat est frit dans la poêle aux articles.

[…] leur machiavélisme va pour ainsi dire au jour le jour, et consiste à toujours être là, prêts à tout, prêts à profiter du mal comme du bien, à épier les moments où la passion leur livre un homme.

Balzac, Les Illusions perdues

 

Ces Carnets d’un Fou, écourtés et mis queue par-dessus tête, vont disparaître.

Le Marquis de Sade, par Hans Limon

Ecrit par Hans Limon , le Mercredi, 20 Décembre 2017. , dans La Une CED, Ecriture, Création poétique

 

si vous prenez à gauche et à droite et à gauche

au versant des nuées ricoche la bamboche

aux mille cons farcis, soupirant sur les grils

où brûle avec ferveur le suintement des huiles

 

dans ce recoin de stupre on m’a donné licence

de répandre mon foutre en croix de pénitence

foutredieu ! oh ! pardon ! les orgies de Sodome

pâliraient de pudeur devant ces amas d’hommes !

Les deux dinosaures et l’indomptable égérie, par Mustapha Saha

Ecrit par Mustapha Saha , le Mardi, 19 Décembre 2017. , dans La Une CED, Les Chroniques

 

Une photographie peut dire plus qu’une thèse emphatique. Quand deux dinosaures de l’intellection contemporaine, Edgar Morin et Alain Touraine, encadrent Djemila Khelfa, leur muse providentielle, figure inébranlable de la contre-culture, la saugrenuité séductive s’inscrit, avec bonheur, dans l’apagogie détonante de Jean Baudrillard, incurable trouble-fête soixante-huitard, analyste inclassable de la dérive consumériste, de la manipulation mercantile des signes, de l’aliénation symbolique, débusqueur fracassant des insignifiances sous fausses cohérences, traqueur agaçant des réalités illusoires, des virtualités collusoires, des certitudes provisoires. Deux penseurs du chaos dans le chaos de la pensée trouvent leur égérie dans l’esthétique transgression de la platitude ambiante. L’icône des marginalités insolentes, démystificatrice des officines institutionnelles, inspire paradoxalement les audaces théoriques d’universitaires établis.

Où s’en vont nos peurs ?, par Nadia Agsous

Ecrit par Nadia Agsous , le Mardi, 19 Décembre 2017. , dans La Une CED, Ecriture, Nouvelles

 

Il était plus de quatorze heures lorsque nous franchîmes le seuil du portail de la Qobââ. Discrètement, ma mère glissa deux billets dans les mains du gardien du lieu qui nous accueillit chaleureusement. Il héla un petit garçon et lui ordonna de nous accompagner. Nous descendîmes les escaliers en silence ; à peine si nous ne formions pas une procession de sacrifiés qui se dirigeait vers le poteau des fusillés. Notre guide interrompt notre descente, tourne à gauche et nous conduit vers un patio qui mène vers une fontaine en marbre bleue sur laquelle est écrit en lettres dorées El Bayt el’atiq’.

Cette maison antique avait deux portes qui faisaient face à la fontaine. Mon guide m’escorte vers celle de gauche ; il ouvre la porte et m’invite à pénétrer dans la pièce, puis il disparaît de ma vue. Saisie d’une tristesse obscure, ma peur se recroqueville sur son ombre transie de froid. Un mastaba en bois couvert de soie s’offre à mes fesses. Une main brusque et maladroite me vêtit d’un burnous blanc. Je m’assois sur le mastaba. Une mouche grosse comme un noyau d’abricot suce le sang de ma tête. Une voix féminine dit promptement :