Dans le récit d’Axel Kahn, Jean, un homme hors du temps, publié aux éditions Stock en 2017, on n’est certes pas pris par surprise. Dès les premières pages, on sait que le drame final est inéluctable.
Ce qui peut troubler le lecteur, c’est que l’auteur ne se contente pas de tenter de retrouver son père, de s’identifier à lui. Il va beaucoup plus loin, il endosse son corps, son costume, prend le train à sa place pour faire le dernier voyage et transcrit en son nom la relation de cette histoire familiale, de ses détours, de ses contours. Il s’empare de ses pensées, des traces écrites qu’il a laissées. Il accepte la posture risquée d’être lui, tellement lui qu’il choisit délibérément d’employer la première personne du singulier. Durant plus de trois cents pages et durant les quelques heures que durera le trajet, il sera Jean. Nous le suivrons avec une émotion qui croît au fil de son itinéraire qui sera plus intérieur et vagabond que chronologique et géographique.