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La Une CED

À propos de Pressée de vivre d’Anise Koltz, par Didier Ayres

Ecrit par Didier Ayres , le Mardi, 27 Février 2018. , dans La Une CED, Les Chroniques, Chroniques régulières

Pressée de vivre d’Anise Koltz, Arfuyen, janvier 2018, 170 pages, 10 €

 

Le dernier recueil d’Anise Koltz que publie Arfuyen est un ouvrage de grande importance. Tout d’abord parce qu’il est d’une écriture claire, presque aveuglante. Et en même temps, parce qu’il dénonce la condition de la vie déterminée par la mort. Ces deux notions, vie et mort, s’opposent naturellement comme l’ombre et la lumière, le mal et le bien, et mettent en évidence ce en quoi la clairière n’existe que grâce à la forêt. Ainsi dans cette sorte d’antagonisme, l’on débouche sur la lucidité, lucidité que donnent immanquablement la mort et sa triste lumière, lucidité sur la valeur des croyances, lucidité sur la qualité de notre ici-bas.

 

Des visions apparaissent

de quelles zones indécises

ressurgissent-elles ?

À propos de Je voulais vous dire d’Armand Gatti, par Didier Ayres

Ecrit par Didier Ayres , le Vendredi, 16 Février 2018. , dans La Une CED, Les Chroniques

Je voulais vous dire d’Armand Gatti, illust. Emmanuelle Amann, éd. Aencrages&co, décembre 2017, 48 pages, 21 €

Une poésie comme acte

Comme je ne peux consacrer que quelques lignes au sujet du dernier livre d’Armand Gatti, j’irai à l’essentiel. Je dirai donc que nous sommes à la fois au sein d’une poésie physique, une poésie du corps, et de poèmes engagés. Et tout s’allie très bien grâce à une écriture très pure, sans scories, fraîche. On devine la relation physique avec une amante non nommée, mais qui entraîne en quelque sorte une relation politique, une nomination poétique, teintée d’érotisme où le corps est aussi un instrument politique.

 

Je ne vous ai appelé que pour le combat

et pour la peine. Mais cette fois

c’est la fête aussi sûre que l’orge imperlé

et le contact des doigts

Le journal de MCDem (7), par Murielle Compère-Demarcy

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Jeudi, 15 Février 2018. , dans La Une CED, Les Chroniques, Chroniques régulières

 

Mardi 5 décembre

Revoir les grands nocturnes religieux de Georges de La Tour. Le Tricheur à l’as de carreau, noirci par le temps, tableau tombé dans l’oubli découvert par un collectionneur chez un antiquaire du Pont-Neuf, en 1926. Né à la fin du 16è siècle, Georges de La Tour sera consacré comme un des plus grands maîtres français suite à plusieurs expositions, jusqu’à la grande monographie de l’Orangerie en 1972. Caravage veille de son ombre, en haut à gauche du tableau, voyage comme une référence d’un tableau à l’autre – telle la lumière à l’intérieur de la nuit, la nuit à l’intérieur de la lumière ? La lumière venant d’en haut à gauche du tableau, le contraste entre les pièces violemment éclairées de l’espace et les parties en contre-jour, cette minutie dans les détails pouvant remuer le spectateur comme une tragédie antique pouvait provoquer un choc esthétique proche de l’effroi…

Jean, un homme hors du temps, Axel Kahn, par Pierrette Epsztein

Ecrit par Pierrette Epsztein , le Mercredi, 14 Février 2018. , dans La Une CED, Les Chroniques

Jean, un homme hors du temps, Axel Kahn, Stock, octobre 2017, 326 pages, 20 €

 

Dans le récit d’Axel Kahn, Jean, un homme hors du temps, publié aux éditions Stock en 2017, on n’est certes pas pris par surprise. Dès les premières pages, on sait que le drame final est inéluctable.

Ce qui peut troubler le lecteur, c’est que l’auteur ne se contente pas de tenter de retrouver son père, de s’identifier à lui. Il va beaucoup plus loin, il endosse son corps, son costume, prend le train à sa place pour faire le dernier voyage et transcrit en son nom la relation de cette histoire familiale, de ses détours, de ses contours. Il s’empare de ses pensées, des traces écrites qu’il a laissées. Il accepte la posture risquée d’être lui, tellement lui qu’il choisit délibérément d’employer la première personne du singulier. Durant plus de trois cents pages et durant les quelques heures que durera le trajet, il sera Jean. Nous le suivrons avec une émotion qui croît au fil de son itinéraire qui sera plus intérieur et vagabond que chronologique et géographique.

Les travaux et les jours (extraits), par Ivanne Rialland

Ecrit par Ivanne Rialland , le Mercredi, 14 Février 2018. , dans La Une CED, Ecriture, Bonnes feuilles

 

 

La mère

Assise poliment sur le canapé de cuir, son assiette à dessert posée sur ses genoux serrés, elle tâche de briser la pâte dure de la tarte avec le côté de sa fourchette, tout en balayant du regard le cercle des parents assemblés autour de la table basse. Du fond de l’appartement parviennent les cris excités des enfants. Sans être chaleureuse, l’atmosphère est cordiale, et chacun y va de son anecdote sur sa descendance, qui s’agite là-bas, dans les chambres des fils de la maison. On sourit, amusés, complices. Les plaisanteries fusent, qui manifestent chez certains une camaraderie ancienne qu’elle contemple à légère distance.