Identification

La Une CED

Le journal de MCDem (11), par Murielle Compère-Demarcy

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Mardi, 27 Mars 2018. , dans La Une CED, Les Chroniques, Chroniques régulières

 

Jeudi 14 décembre 2017

dans le châssis des mots

ouvrir

une voie nouvelle

l’infini à portée d’image

lucarne

taillée dans la pente des mots

sous l’arbalétrier de la veille

tu découpes une fenêtre

dans le miroir

les mots branchés dans l’arbre

Correspondance avec Tristan Tzara et Francis Picabia (1919-1924), André Breton, par Michel Host

Ecrit par Michel Host , le Lundi, 26 Mars 2018. , dans La Une CED, Les Chroniques, Chroniques régulières

Correspondance avec Tristan Tzara et Francis Picabia (1919-1924), André Breton, Gallimard, décembre 2017, 247 pages, 26 €

« Mon ami Jacques Vaché disait : “L’art n’est pas une sottise. Presque rien n’est une sottise. L’art doit être une chose drôle et un peu assommante : c’est tout” », André Breton (Juin 1919)

On sort à peine de la première Guerre mondiale. Il s’agit, pour l’essentiel, de la naissance et des premières évolutions du mouvement Dada, inspiré par Tzara, le dynamiteur absolu. L’introduction d’Henri Béhar situe clairement les choses, et ses notes au fil des pages, abondantes, circonstanciées, nous en laissent deviner ou nous en font mieux connaître les aléas et difficultés.

On est, surtout, dans des projets rarement aboutis, des échanges de textes et d’illustrations pour diverses revues, des rendez-vous manqués ou pas. Avec Francis Picabia, la correspondance est souvent plus animée et divertissante. Néanmoins, n’exagérons rien : on se connaît depuis peu, on s’observe, et d’une certaine façon on marchera sur les plates-bandes de l’autre à la première occasion. Breton est dans le deuil quasi éternel de son ami Jacques Vaché, lequel, dans ses Lettres de guerre, avait parfaitement deviné, Henri Béhar nous le rappelle,

Ce jour où il vola mon innocence, par Nadia Agsous

Ecrit par Nadia Agsous , le Lundi, 26 Mars 2018. , dans La Une CED, Ecriture, Nouvelles

 

Ce matin. Sang de mes menstrues mélangé au sang de mon hymen déchiré. A l’aube. Déchiqueté. Pendant que tout le monde dormait. Défloration ! J’ai crié. Au viol ! J’ai hurlé.

Le deuxième crime de la saison venait d’être commis. Sur mon corps, à l’aube. Entre obscurité et lumière. J’ai pleuré. Rapt !

Il m’a surprise dans mon lit. Il est venu dans ma chambre à pas de loup. J’ai crié, mais aucun son n’est sorti de ma bouche. Il se jeta sur moi, bâillonna ma bouche et banda mes yeux. J’ai appelé au secours mais mes mots se sont tus. Je ne l’ai pas vu car son visage était noir. Je ne l’ai pas reconnu car à la place de son visage, il y avait un sexe, long, rouge, dur qui saignait ; du sang blanc. Bizarre ! Le sang des hommes n’a-t-il pas la même couleur que celui des femmes ?

L’Arpenteur d’infini, par Mustapha Saha

Ecrit par Mustapha Saha , le Vendredi, 23 Mars 2018. , dans La Une CED, Ecriture, Création poétique

 

Mille trois cent cinquante au creux du siècle sombre

Je n’eus que l’abaque pour tromper mon angoisse

Et les chiffres romains pour supputer les nombres

Quand la grande peste dépeuplait les paroisses

 

J’acquis l’art des échecs pour braver la Camarde

Elle misait du temps je jouais mon destin

Vainqueur je repartis sous mon manteau de barde

Vers d’autres royaumes sans macabres festins

A propos de Ceux d’ici, Jonathan Dee, par Sana Guessous

Ecrit par Sana Guessous , le Jeudi, 22 Mars 2018. , dans La Une CED, Les Chroniques

Ceux d’ici, Jonathan Dee, Plon, janvier 2018, 416 pages, 21,90 €

 

Quand Mark Firth débarque à New York, la ville n’est plus debout mais vautrée, pantelante. Quelques jours après le 11 septembre, la panique et la poussière saturent l’air. L’énorme fracas des tours anéanties bourdonne encore dans les oreilles. Une ambiance « de film de fin du monde » qui n’est pas sans déplaire à l’artisan du bâtiment venu du fin fond du Massachusetts, pour tenter de régler une sombre affaire d’escroquerie financière.

À son retour à Howland, le provincial est reçu comme un héros, un rescapé de guerre. Tu parles d’un héros. Mark Firth n’était même pas là quand les gratte-ciels ont mordu la poussière. Mark Firth est un amas de chair honteuse, il ne se remet pas de son immense stupidité : qui confie des dizaines de milliers de dollars à un type – soi-disant trader dans un fonds privé – qu’il ne connaît pas, qu’il n’a même pas pris la peine de googler ? L’idiot dans toute sa splendeur.