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La Une CED

La palette chamanique de Marc Varvarande, par Mustapha Saha

Ecrit par Mustapha Saha , le Lundi, 04 Juin 2018. , dans La Une CED, Les Chroniques, Côté Arts

 

Certains itinéraires artistiques fraient leur chemin hors sentiers battus, creusent leur sillon hors sylve abattue, fertilisent leurs créations hors modèles rabattus. Il est des sentes buissonnières, des vadrouilles pionnières, des tortilles ouvertes par quelque muse braconnière, qui mènent aux vallées inexplorées, foisonnantes de plantes insoupçonnables et de créatures inimaginables. Heureux l’artiste comme Marc Varvarande qui les arpente et projette sur des paysages connus les lumières cueillies au-delà des nuages. Le peintre transpose les fééries visuelles sur les murs nus des écoles déshéritées, avec la patience du jardinier qui ne voit passer le temps qu’à travers les saisons, la délicatesse de l’artisan qui donne à chaque motif sa belle raison, la générosité du samaritain qui sème la beauté dans chaque maison. Qui peut percevoir mieux que les enfants, encore préservés des jugements acquis, le jaillissement poétique des formes et des couleurs, sinon l’artiste, réfractaire à la routine stérilisante, puisant dans sa mémoire mutine les intuitions premières et les sensations diamantines. L’image enjambe la barrière langagière pour formuler l’indicible, esquisser l’inaccessible, diaprer l’immarcescible. Les intuitions, éblouies par le spectre solaire, se font clairvoyances.

Les serpents sont-ils nécessaires ?, Brian De Palma, Susan Lehman, par Yann Suty

Ecrit par Yann Suty , le Vendredi, 01 Juin 2018. , dans La Une CED, Les Chroniques

Les serpents sont-ils nécessaires ?, Brian De Palma, Susan Lehman, Rivages Noir, mai 2018, trad. anglais (USA) Jean Esch, 240 pages, 16 €

 

On aime bien Brian De Palma, le réalisateur, l’auteur de quelques pépites du septième art comme Phantom of the paradiseLes Incorruptibles, L’Impasse ou Pulsions. Un cinéaste qui a un style identifiable, aussi bien par ses mouvements de caméra que par ses thématiques. Voilà qu’il se reconvertit comme écrivain (avec la collaboration de Susan Lehman).

Il était peut-être plus facile pour lui d’écrire un livre plutôt que de trouver des financements pour un film dans l’industrie hollywoodienne actuelle. On imagine que l’activité de romancier est moins fatigante que celle de réalisateur en charge d’une équipe d’une centaine de personnes. Surtout quand on a atteint un âge plus qu’auguste.

On était curieux de découvrir le travail de romancier de Brian De Palma. D’autres réalisateurs avant lui se sont essayés à l’écriture avec plus ou moins de succès, comme Michael Cimino ou, plus récemment, David Cronenberg avec Consumés. Pour ce dernier, même si le livre n’était pas à la hauteur de ses meilleurs films, on y reconnaissait bien sa patte, ses obsessions, développées dans une histoire originale.

Montréal, par Kamel Daoud

Ecrit par Kamel Daoud , le Mardi, 29 Mai 2018. , dans La Une CED, Les Chroniques, Chroniques régulières

 

 

A Montréal. Sous le ciel gris d’un hiver qui tarde. D’habitude, raconte-t-on, la neige est déjà là mais pas cette fois. Le Québec est peut-être le troisième pays des Algériens. Pour ceux qui y vivent, pour ceux qui en rêvent. Il a la langue française, sans le mal français aux yeux des voyageurs algériens. On y parle le français sans y ressentir l’histoire. Un pays nu et neuf. Avec des arbres immenses, de la neige qui suspend le temps, des diversités qui apaisent la peur d’être étranger et des villes belles avec des noms proches des prénoms de chacun. Donc, on y vit bien, dans cette France-bis épargnée par le procès de la colonisation/décolonisation. On est en France sans le poids de la France et on est en Algérie sans les guerres d’Algérie. Et on est même en Amérique.

Déchristianisation de la littérature, Richard Millet, par Gilles Banderier

Ecrit par Gilles Banderier , le Lundi, 28 Mai 2018. , dans La Une CED, Les Chroniques

Déchristianisation de la littérature, Richard Millet, Léo Scheer, coll. Variations n°XXXI, janvier 2018, 228 pages, 16 €

 

 

Avec le Désenchantement de la littérature (2007) et L’Enfer du roman. Réflexions sur la post-littérature (2010), Richard Millet avait posé le diagnostic de ce qu’on appellera pudiquement une situation de crise. L’analyse se poursuit avec Déchristianisation de la littérature. Même si le livre n’a pas la structure d’un essai, mais celle d’une suite de notations dont le lien n’est pas toujours apparent, la thèse se révèle de façon nette, qui associe deux phénomènes : la crise de la littérature et la déchristianisation du monde occidental (« la déchristianisation entraîne la fin de la littérature au profit de sa métamorphose dans les divertissements de l’athéisme marchand », p.13-14 – voir également p.182). Que le rapport au livre se modifie, nul n’en doute.

Trois poèmes de Marianne Braux

Ecrit par Marianne Braux , le Lundi, 28 Mai 2018. , dans La Une CED, Ecriture, Création poétique

Oraison

 

Vaquant

à la vue de l’autre monde

noir-transparence

dans les yeux d’une bête de somme

de même nature

l’homme d’outre-Rhin

à Turin pense

et parle d’horizons