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La Une CED

cOsmOésia, Christophe Dekerpel, par Murielle Compère-Demarcy

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Mercredi, 26 Septembre 2018. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques

cOsmOésia, Christophe Dekerpel, éd. La Chouette imprévue, octobre 2018, 59 pages, 14 €

 

Origine de l’Univers & Origine de l’Un/de l’Être au singulier, dans sa Singularité : où se situe l’Un, par rapport à l’Autre ? Se rejoignent-ils ? Lors de quel « voyage, hors du temps » ? Soumis à la gravitation, pesant (« Gravitation fois mille ~ G X 1000Pesanteur zéro ~ P=0 »), être « humanimal », au cœur de l’univers, « Suis-je ici ? Suis-je ailleurs ? Ici et ailleurssimultanément ? »… Le nouveau livre de Christophe Dekerpel qui avait signé précédemment De corps, encore, aux éditions Corps Puce, nous assigne dans cOsmOésiaà notre errance constitutionnelle d’être humain en quête d’une place où trouver corps, existence, au sein de l’Univers infini.

Les questions à l’origine de la réflexion philosophique sont posées dès le départ de ces poèmes métaphysiques : d’où venons-nous, qui sommes-nous, où allons-nous (« Que deviennent les choses quand elles s’érodent ?Rejoignent-elles, infiniment petites, l’univers, dansleurs versions ioniques, subatomiques ? »). Une sorte de « How to be or how not to be » se décline ici, nous replongeant dans un questionnement inhérent à la condition humaine dès qu’elle s’interroge sur sa géolocalisation dans l’espace-temps (« multiplicitémultiplicitêtre ») devenu ici espace-temps sidéral.

Peaux d’écriture 1, par Nathalie de Courson

Ecrit par Nathalie de Courson , le Vendredi, 21 Septembre 2018. , dans La Une CED, Les Chroniques, Chroniques régulières

 

Michel Butor écrit :

La littérature vous fabrique une nouvelle peau. On peut comparer les phrases au fil de la chenille. L’œuvre est le cocon qui va la protéger et la transformer en papillon. Chez moi, ce doit être aussi une des raisons des longues phrases de mes premiers livres. Elles sont le fil avec lequel je tisse cette membrane qui va recouvrir la peau qui saigne (1).

Butor semble tenir à se représenter la littérature comme une nouvelle peau, car il dit aussi à propos de L’Enfant maudit de Balzac : « On peut dire que la littérature ou la peinture est une façon pour celui qui a une peau trop fine, trop sensible, de se constituer une peau plus forte » (2).

Toutes ces phrases viennent m’encourager à réaliser un projet que je caresse depuis longtemps : esquisser des familles d’écrivains en fonction de la texture de leur peau d’écriture.

La Commune 1871, Emile Zola, par Vincent Robin

Ecrit par Vincent Robin , le Vendredi, 21 Septembre 2018. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques

La Commune 1871, Emile Zola, Nouveau Monde Editions, juillet 2018, 312 pages, 9 €

 

« De février 1871 à août 1872, il produit des chroniques parlementaires sous le titre de La République en marche, publiées dans La Cloche et  le Sémaphore de Marseille. Elles lui permettent à la fois de se faire connaître du monde politique et d’y fonder de solides amitiés (et inimitiés) » (Wikipédia).Tout comme le confirme la très omnisciente bibliothèque du net – non sans démystifier au passage quelque pseudo originalité présente –, à trente et un an et à la charnière du dernier quart du XIXe siècle français, le jeune Emile Zola endossait la fonction de journaliste politique. Sans analyse contextuelle préalable très poussée, et probablement pour garantir à la fois les effets d’une immersion subite dans l’époque et dans les options singulières du rapporteur, le présent ouvrage déroule alors le tissu raccordé des articles de presse que l’écrivain adressa durant ce temps aux deux périodiques mentionnés plus haut. Au rythme d’un agenda consciencieusement suivi, les correspondances du pigiste reflètent ici, par enchaînement serré, les plus cruciaux moments dont il fut témoin ou interprète à travers les soudaines et turbulentes évolutions politiques du pays. Ces instants marquants auront été, essentiellement, les évènements rudes et dramatiques survenus dans et autour de Paris lors de la « Commune » (18 mars/3 juin 1871).

Haïm Zafrani, penseur de la diversité, par Mustapha Saha

Ecrit par Mustapha Saha , le Mardi, 18 Septembre 2018. , dans La Une CED, Les Chroniques

 

S’il fallait un seul concept pour définir l’œuvre de Haïm Zafrani, une œuvre prolifique, impressionnante, pour ne pas dire intimidante, par sa dimension et sa densité, ce concept serait la rigueur, la rigueur intellectuelle, la rigueur scientifique, la rigueur éthique. Une rigueur associée à la vigueur investie dans sa réalisation pendant un demi-siècle, avec la ténacité tranquille des voyageurs du désert. Au-delà de la reconnaissance publique, des distinctions académiques, des sollicitations internationales, intervenues sur le tard, Haïm Zafrani, stoïquement cuirassé dans la persévérance et la discrétion inculquées par l’enseignement talmudique, mène jusqu’au bout, loin des sentiers battus, une existence de chercheur imperturbable, d’explorateur inébranlable, de laboureur infatigable de la diversité culturelle marocaine et andalouse. Tout au long de son existence, il poursuit un seul but, exhumer et restituer, à l’usage des générations présentes et futures, un capital historique exceptionnel, un patrimoine culturel bimillénaire en grande partie méconnu, sous-estimé, refoulé, dans sa flexuosité labyrinthique, ses contradictions, ses accords et ses contre-accords.

Prix de la Vocation 2018, les livres en lice (2) : Ça raconte Sarah, Pauline Dalabroy-Allard et Mauvaise passe de Clémentine Haenel (par Sylvie Ferrando)

Ecrit par Sylvie Ferrando , le Mardi, 18 Septembre 2018. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques

 

Ça raconte Sarah, Pauline Delabroy-Allard, Les Editions de Minuit, septembre 2018, 192 pages, 15 €

 

C’est un roman bouleversant qui nous emporte, construit en deux parties antinomiques, l’une comme un hymne à l’amour, l’autre comme le récit d’une descente aux enfers. L’auteure s’est essayée à deux types d’écriture. C’est d’abord le portrait élogieux, dynamique, dans lequel Sarah apparaît dans toute sa fraîcheur, sa vivacité, sa fougue, sa fantaisie, telle une héroïne de Goldoni : « Ça raconte ça, ça raconte Sarah l’inconnue, Sarah l’honnête fille, Sarah la dame prudente, Sarah la femme fantasque, Sarah la femme bizarre. Sarah la femme seule ». Et cette première partie s’écrit sous le signe de la musique et du théâtre, comme Les Quatre Saisons de Vivaldi, La Tempête et Le Songe d’une nuit d’été de Shakespeare : Sarah est premier violon dans un quatuor de musique de chambre, elle a bientôt 35 ans, elle est gaie, elle est belle, elle est forte, enthousiaste, exaltée, elle respire la santé, « Elle veut tout tout de suite ».