Ça raconte Sarah, Pauline Delabroy-Allard, Les Editions de Minuit, septembre 2018, 192 pages, 15 €
C’est un roman bouleversant qui nous emporte, construit en deux parties antinomiques, l’une comme un hymne à l’amour, l’autre comme le récit d’une descente aux enfers. L’auteure s’est essayée à deux types d’écriture. C’est d’abord le portrait élogieux, dynamique, dans lequel Sarah apparaît dans toute sa fraîcheur, sa vivacité, sa fougue, sa fantaisie, telle une héroïne de Goldoni : « Ça raconte ça, ça raconte Sarah l’inconnue, Sarah l’honnête fille, Sarah la dame prudente, Sarah la femme fantasque, Sarah la femme bizarre. Sarah la femme seule ». Et cette première partie s’écrit sous le signe de la musique et du théâtre, comme Les Quatre Saisons de Vivaldi, La Tempête et Le Songe d’une nuit d’été de Shakespeare : Sarah est premier violon dans un quatuor de musique de chambre, elle a bientôt 35 ans, elle est gaie, elle est belle, elle est forte, enthousiaste, exaltée, elle respire la santé, « Elle veut tout tout de suite ».