La dernière musaraigne
Vinegar associé à d’autres termes comme piss and vinegar est la transcription familière de « désagréable, arrogante, aigre », et nous pouvons traduire vinegar girl comme fille à mauvais caractère. En quelques phrases, le décor est planté, et là est tout l’art de ce roman. Ainsi, dès les premières lignes de Vinegar Girl, l’on part de la partie traditionnellement réservée aux femmes, la maison, le jardin, la cuisine – l’espace domestique –, et plus tard, la petite école. Anne Tyler, l’auteure, détaille les occupations humaines et les relations interpersonnelles et met en perspective les rapports père-fille tranchants, leurs rangs sociaux inégaux : un spécialiste des maladies auto-immunes et une simple assistante maternelle ; anatomie d’un ratage ? Je cite ce passage touchant qui me semble partagé par toutes les écoles du monde : L’école occupait le sous-sol (…) les salles étaient ensoleillées et agréables, dotées de doubles portes donnant directement sur la cour. Tout au fond du bâtiment, à l’opposé des portes, une cloison avait été montée pour créer une salle des professeurs où les vieilles dames passaient de longs moments à siroter des tisanes en échangeant sur la diminution de leurs capacités physiques. Les assistants s’aventuraient parfois dans cette salle pour s’autoriser eux-mêmes une tasse de thé ou utiliser les toilettes réservées au corps enseignant, avec leurs lavabos et leurs sièges à hauteur d’adulte.