Cette première biographie francophone consacrée à l’immense romancière italienne, Elsa Morante, née en 1912, décédée en 1985, est d’abord un magnifique portrait d’une femme hors norme, dans le privé comme dans le domaine littéraire. Rebelle, instinctive, intellectuelle, prête à tous les changements, prompte au travail de fond qui consiste pour elle à creuser la voie unique de son talent sur de longues distances et dans une ampleur romanesque et poétique peu commune. Si ses origines paternelles restent un mystère pas entièrement levé, sa vie est en soi un véritable roman de rencontres, de départs, de relances, de piétinements, de retours : la foi en l’écriture a sûrement été le tremplin idéal pour qui a connu de nombreuses déroutes sentimentales, affectives, amicales, en dépit d’un tempérament qui l’agrégeait aisément à nombre de groupes d’intellectuels, d’artistes, de jeunes surtout, et essentiellement homosexuels. Femme, elle s’est entourée d’homosexuels, « pour être la seule femme » du groupe. Elle a connu des passions pour certains d’entre eux : le peintre américain Bill Morrow, Luchino Visconti. Longtemps épouse d’Alberto Moravia, Elsa décida de rompre après une vingtaine d’années, sans pour autant cesser de le voir ou de lui écrire.