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La Une CED

Où s’en vont nos peurs ?, par Nadia Agsous

Ecrit par Nadia Agsous , le Mardi, 19 Décembre 2017. , dans La Une CED, Ecriture, Nouvelles

 

Il était plus de quatorze heures lorsque nous franchîmes le seuil du portail de la Qobââ. Discrètement, ma mère glissa deux billets dans les mains du gardien du lieu qui nous accueillit chaleureusement. Il héla un petit garçon et lui ordonna de nous accompagner. Nous descendîmes les escaliers en silence ; à peine si nous ne formions pas une procession de sacrifiés qui se dirigeait vers le poteau des fusillés. Notre guide interrompt notre descente, tourne à gauche et nous conduit vers un patio qui mène vers une fontaine en marbre bleue sur laquelle est écrit en lettres dorées El Bayt el’atiq’.

Cette maison antique avait deux portes qui faisaient face à la fontaine. Mon guide m’escorte vers celle de gauche ; il ouvre la porte et m’invite à pénétrer dans la pièce, puis il disparaît de ma vue. Saisie d’une tristesse obscure, ma peur se recroqueville sur son ombre transie de froid. Un mastaba en bois couvert de soie s’offre à mes fesses. Une main brusque et maladroite me vêtit d’un burnous blanc. Je m’assois sur le mastaba. Une mouche grosse comme un noyau d’abricot suce le sang de ma tête. Une voix féminine dit promptement :

Trois poèmes de Clément G. Second

Ecrit par Clément G. Second , le Lundi, 18 Décembre 2017. , dans La Une CED, Ecriture, Création poétique

 

 

En axe un peu déjeté, le chien à son allure

va pourtant droit et le suit son maître, qui

des deux s’oriente sur l’autre ?

 

Partage d’inflexions

 

Harmonie de cadences

À tous les airs (ritournelle), Stéphane Vanderhaeghe, par Marc Ossorguine

Ecrit par Marc Ossorguine , le Vendredi, 15 Décembre 2017. , dans La Une CED, Les Chroniques

À tous les airs (ritournelle), Stéphane Vanderhaeghe, Quidam, octobre 2017, 260 pages, 20 €

 

Fichtre ! Voilà un nouvel OLNI qui cherche à se poser dans des cerveaux de lecteurs. Oui, OLNI. OLNI pour Objet Littéraire Non Identifié. Tellement NI que je me demande, humble écriveur qui tente d’écrire sur des écrits, comment en causer. Ce n’est pas que, mais enfin quand même. N’allez pas croire que… Croire quoi ? Croire que… Bon, c’est mal parti on dirait. C’est que c’est tellement instable, insaisissable, mouvant et incertain que… ça chantonne sur on ne sait quels airs…

Bon. Reprenons. Tentons de, au moins. Pas à pas, comme dans une enquête où les indices sont si ténus que l’on finit peut-être par les inventer, les rêver. Peut-être commencer par l’auteur. Oui, l’auteur. Alors l’auteur, c’est Stéphane Vanderhaeghe. C’est son nom. Son blase comme on dit. Stéphane Vanderhaeghe a déjà écrit un… disons un livre. Un livre au titre imprononçable : Charøgnards. Un livre qui finissait par s’effacer. C’est dire. C’est déjà cet éditeur hors norme qu’est Quidam qui l’avait édité. On en avait causé ici (enfin, plutôt ).

Le Journal de MCDem (3), par Murielle Compère-Demarcy

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Vendredi, 15 Décembre 2017. , dans La Une CED, Les Chroniques, Chroniques régulières

Dimanche 12 novembre 2017

Vivement et joyeusement interpelée par l’appellation de certaines espèces panchroniques : les chimères, les « grenouilles violettes » (découvertes en 2003), les « oursins de cuir », le requin « lézard », le requin « lutin », les triops (dotés de trois yeux), les « vampires » des abysses… quand l’Imaginaire rejoint la nomenclature scientifique…

Rencontré encore dans la Presse généraliste l’expression de « fossile vivant », notion initialement employée par le père de la théorie de l’évolution, Darwin. Cette expression suggérait l’idée d’espèces qui n’auraient pas évolué depuis les temps fossilifères. Mais une ressemblance – par exemple l’espèce fossile du Cœlacanthe « Macropoma » et l’actuel « Latimeria » – n’induit pas une absence de changements génétiques et morphologiques au fil du temps, des générations, mais infère la marque d’adaptations similaires face à des conditions de vie similaires. D’où vient l’émergence d’une telle appellation inappropriée de « fossile vivant », qui consiste dans un oxymore (puisqu’un fossile est le reste minéralisé d’un organisme mort) et véhicule une notion de nos jours considérée comme obsolète et trompeuse (une supposée absence d’évolution) ? En fait, certains taxons, comme les cœlacanthes, furent d’abord connus par des formes apparentées fossiles avant que l’on découvre les espèces actuelles. Les scientifiques parlent aujourd’hui d’espèces « panchroniques ».

À propos de André et Leone Leoni, George Sand, par Yasmina Mahdi

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Mercredi, 13 Décembre 2017. , dans La Une CED, Les Chroniques

André et Leone Leoni, George Sand, éditions Honoré Champion, octobre 2017, 450 pages, 70 €

 

Fosse aux lions

Venise sous la pluie et par temps froid, dans un palais triste, et tout de suite a lieu l’inversion du cliché de la Venise flamboyante et festive, image répandue et commune. Cependant, tout le XIXème siècle est campé dès les premières phrases, le ton spécifique d’une époque où spleen (déjà), pensées diffuses, romanesques, fiévreuses, agitent les protagonistes, lesquels frissonnent à l’évocation d’aventures presque sadiennes. Soulignons que Proust a été sans doute influencé par George Sand, notamment en ce qui concerne le traitement du temps, étiré, distendu, infini et néanmoins clos. L’auteur(e) endosse le rôle de l’homme, don Aleo, et scrute ainsi les réactions, les poses, les conventions d’une classe sociale. Elle tire les fils de ses marionnettes sophistiquées représentant des spécimens genrés. La diégèse est constituée de couches successives de glacis, de repentirs, de repeints. Venise, cité lacustre isolée, est personnifiée comme la ville des voyages de noces mais également des amours interdites ou illégitimes, des passions cachées, des crimes et des maladies – et ceci jusqu’à Thomas Mann et Mort à Venise de Luchino Visconti.