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La Une CED

Richard Millet entre deux rives, 2 livres, par Jean-Paul Gavard-Perret

Ecrit par Jean-Paul Gavard-Perret , le Jeudi, 09 Novembre 2017. , dans La Une CED, Les Chroniques

 

La nouvelle Dolorès, Richard Millet, Editions Léo Scheer, septembre 2017, 210 pages, 18 €

Rouge Gorge, Richard Millet, Jean-Gilles Badaire, Fata Morgana, 2017, 32 pages

 

Richard Millet entre deux rives

La littérature de Richard Millet est une quête dont le corps, avant le texte, est la surface d’enregistrement. Il est nécessaire que le second soit soumis à la force du premier pour émettre une sensation et le cri plutôt que l’horreur ou l’extase, c’est-à-dire exprimer le corps surpris, par une force invisible, le faisant crier, et non un spectacle horrible ou érotique.

Les descriptions ne sont là que pour donner sens à un fait interne du sujet en tant qu’expérimentation vécue de l’intérieur du corps. Millet sait à la fois la restituer, fixer et mettre à distance, c’est-à-dire représenter le visible en une littérature non de visualisation « cinématographique » mais de la présence.

Rencontre avec l’écrivain, poète et éditeur Pierre Parlant, par Philippe Chauché

Ecrit par Philippe Chauché , le Mercredi, 08 Novembre 2017. , dans La Une CED, Les Dossiers, Entretiens

 

La Cause Littéraire Après avoir beaucoup écrit, pas mal voyagé, aux Etats-Unis d’Amérique sur les traces de l’historien d’art Aby Warburg, ou encore au Liban, vous avez fondé la revue Hiems qui a cessé de paraître en 2003, beaucoup visité l’art, la littérature et la philosophie et fondé une toute nouvelle collection Ekphr@sis. Les trois premiers livres sont disponibles : « Le doigt dans l’œil » de Sébastien Smirou, « Cyril » de Didier da Silva, et « L’éléphant de mon père » de Xavier Girard, d’autres sont attendus cet automne.

L’ekphrasis est un mot grec, que l’on traduit par « description, expliquer jusqu’au bout », citant le philosophe Aelius Théon vous notez qu’il s’agit d’« un discours qui nous fait faire le tour de ce qu’il montre en le portant sous les yeux avec évidence », et vous ajoutez qu’il s’agit pour les écrivains que vous sollicitez de porter sous les yeux ce que montre leur texte : c’est-à-dire des lieux, des personnes, des moments remarquables, des choses faites, la situation porte donc le romanesque ?

Les rêves naissent des ailes des pigeons rôtis, par Nadia Agsous

Ecrit par Nadia Agsous , le Mercredi, 08 Novembre 2017. , dans La Une CED, Ecriture, Nouvelles

 

C’est grâce à Oustaz (1) M’Hammed El Festi (2) Effendi (3), un charlatan qui appâtait les femmes en leur promettant des remèdes miraculeux ; en leur vendant amour, réussite, succès, guérison et bien-être, que nous nous retrouvâmes, ma mère et moi, en plein été, en Egypte, dans la ville du Caire. Cette année-là, le mois d’août était particulièrement torride. La température atteignait, parfois, jusqu’à cinquante degrés. Malgré la canicule et la chaleur suffocante, tous les jours, à l’aube, la foule pullulante se jetait aveuglément dans la gueule de la vie vociférante. Lorsque le soleil parvenait à son point culminant, la belle et envoûtante Oum El Dounia (4) devenait alors un enfer sur terre.

Tumulte ! Tempêtes de sable brûlant ! Clameur ! Rumeurs ! Klaxons ! Harara (5) ! Zahma (6) ! Fawda (7) !

Nous étions au cœur de la fournaise humaine. La révolution était loin derrière nous. La misère poussait partout ; le désespoir proliférait ; la désillusion était sur toutes les langues. La ville et ses bas-fonds pouilleux, crasseux, miteux, miséreux, diffusaient une odeur âcre. C’était le temps de la remise de soi à une fatalité qui collait aux basques de ce peuple comme une sangsue. L’espoir d’une vie meilleure avait été définitivement enterré.

Du métier mystérieux d’être chroniqueur, par Kamel Daoud

Ecrit par Kamel Daoud , le Mardi, 07 Novembre 2017. , dans La Une CED, Les Chroniques, Chroniques régulières

 

« J’ai bien regardé partout, j’ai lu tous les journaux, j’ai écouté et j’ai songé, mais il n’y a rien », me dit-il, consterné. « Je n’arrive pas à écrire. C’est flou. Généralement, j’ai toujours quelqu’un dans la tête qui raconte son histoire. C’est un monologue qui dure depuis mon enfance, sans livres. Je l’écoute et je lui vole quelques morceaux et je les publie. Mais là, je te jure, rien. J’ai une tête qui raconte toujours quelque chose. Comme un livre sans fin. Il me suffit de regarder une chaise pour imaginer l’histoire de l’éternité. Ou fixer une tasse de café vide pour reconstruire une vie ou deux d’inconnus. C’est simple. On me demande toujours d’où viennent les images et je réponds toujours que je ne sais pas. J’écoute, c’est tout. C’est précédé toujours par une mélodie. Toutes mes histoires viennent de derrière une porte à laquelle je colle l’oreille et qui sépare mon monde du monde des ancêtres ou des morts ou des poissons ou des tasses de café vides. Imagine n’importe quoi et cela finira par prendre voix et chair et te demander un prénom. C’est ma règle.

Frédéric Chopin, par Hans Limon

Ecrit par Hans Limon , le Mardi, 07 Novembre 2017. , dans La Une CED, Ecriture, Création poétique

 

tu tends l’oreille aux soubresauts de l’infini

puis répands sur l’ivoire un souffle d’harmonie

gonflant d’azur zébré l’aube des barcarolles

ballottant les amours, épaule contre épaule

 

de George sanctifiée aux deux lacs de Constance

tu puises chez la Femme un peu de cette chance

aux génies favorable, et tes gracieux nocturnes

achèvent d’arrondir les anneaux de Saturne