Identification

La Une CED

Aube, par Sylvain Gau-Gervais

Ecrit par Sylvain Gau-Gervais , le Mardi, 31 Octobre 2017. , dans La Une CED, Ecriture, Création poétique

La caresse de l’aube déjà-fanée,

jour de mai, encore un, un de plus, non de juin,

fait passer les années,

poudre au zef, à la Sein’, comme fume le foin ;

 

ces soirs-matins où le soleil se décorsète

et vient nous rire au nez,

j’oublierais presque combien la Fortune est bête

et s’offre à tout benêt.

Le Garçon bleu – Histoire picturale, par Patrick Abraham

Ecrit par Patrick Abraham , le Lundi, 30 Octobre 2017. , dans La Une CED, Ecriture, Nouvelles

 

Donner une couleur aux garçons aimés est un passe-temps futile, poétique, peut-être maladif, mais qui en vaut un autre, je crois. Certains collectionnent les cartes postales de l’Afrique coloniale, les affiches publicitaires des années cinquante, les capsules de bière, les disques de Fréhel, ou consacrent le peu d’espace où nous parasitons ce globe à acquérir des appartements climatisés dans des pays où ils ne mettront jamais les pieds ou à bâtir une œuvre qui ne leur survivra pas quinze jours. Moi, j’ai plaisir à choisir ceux qui m’émeuvent selon la place où je les classerai dans la palette intime de mes dilections. Un été, dans le sud de la Malaisie puis à Java, un Garçon jaune ne m’a pas quitté. Personne ne m’a rendu plus heureux puis plus malheureux que lui. Il a disparu un matin, emportant quelques objets personnels auxquels je tenais beaucoup mais dont je n’ai pas regretté la perte. Il va sans dire que la couleur que je lui attribue est sans rapport avec celle de sa peau ou de ses yeux, ni avec des préférences vestimentaires – encore que, selon une analogie retorse, on pourrait quand même établir une relation.

L'Atelier Contemporain : 4 livres, par Philippe Chauché

Ecrit par Philippe Chauché , le Vendredi, 27 Octobre 2017. , dans La Une CED, Les Chroniques

 

Les Corps vulnérables, Jean-Louis Baudry, L’Atelier contemporain, août 2017, 1256 pages, 30 € (deuxième recension)

L’Enfant aux cerises, Jean-Louis Baudry, L’Atelier contemporain, 2016, Préface et photographies Alain Fleischer, 176 pages, 20 € (deuxième recension)

Sans peinture, Nicolas Pesquès, L’Atelier contemporain, mai 2017, 224 pages, 25 €

L’immobilité battante, Entretiens avec Jean-Pascal Léger, Pierre Tal Coat, L’Atelier contemporain, juin 2017, Photographies Michel Dieuzaide, 120 pages, 20 €

 

Ouvrir un livre que publie François-Marie Deyrolle est à chaque fois une aventure artistique et poétique, ses livres constituent l’une des plus belles bibliothèques contemporaines consacrées à l’art vivant, à l’art en mouvement, qu’il se dessine, se peigne ou s’écrive, c’est toujours une heureuse bénédiction de les lire. Contre vents mauvais et marais mouvants, François-Marie Deyrolle édite quelques pépites rares, où les mots et les images témoignent des peintres et de ceux qui les écoutent et savent les voir.

Poésie du heurt - à propos de Connaissance par les larmes, Michèle Finck, par Didier Ayres

Ecrit par Didier Ayres , le Vendredi, 27 Octobre 2017. , dans La Une CED, Les Chroniques

 

Connaissance par les larmes, Michèle Finck, Arfuyen, septembre 2017, 208 pages, 17 €

 

Pour expliquer en quoi le dernier livre de Michèle Finck présente de l’intérêt, il faut que j’en passe un peu par ma biographie, car cette lecture s’est faite sous l’empire du heurt avec le temps – des fractions de temps volées aux réalités contingentes – et avec la psychologie – ayant un rapport ancien aux larmes qui me rend proche de cette littérature de la douleur et de la mort. D’ailleurs, le titre de l’ouvrage, Connaissance par les larmes, rappelle immanquablement la Connaissance par les gouffres de Henri Michaux, lequel a traversé le langage poétique grâce à la violence de drogues hallucinogènes afin d’explorer les possibles de l’esprit humain. Ici se sont les larmes qui sont un opium. Elles guident la poétesse dans des tourments spirituels, largement engagés dans la connaissance de dieu. Du dieu chrétien des larmes johanniques notamment. Et particulièrement autour des versets qui narrent la blessure au côté droit d’où s’échappent du sang et de l’eau. Eau, larmes, neiges, rivières et pluies : toutes ces eaux sont spirituelles.

A propos de Mémoires, suivi de Journal de guerre, Roland Garros, par Jean Durry

Ecrit par Jean Durry , le Jeudi, 26 Octobre 2017. , dans La Une CED, Les Chroniques

Mémoires, suivi de Journal de guerre, Roland Garros, Phébus, 2016, Préface de Philippe Forest, Avant-propos et dossier de Jean-Pierre Lefèvre-Garros, 445 pages, 23 €

 

Cinq années, ou plutôt 59 mois, c’est si peu. Mais ils peuvent contenir la quintessence d’une vie, et même toute la naissance de l’aviation. De là le vif intérêt des Souvenirs, authentiques par définition, de Roland Garros tels qu’ils sont remis – nous y reviendrons – en lumière dans cette édition munie de tout l’appareil le plus utile pour mettre leur texte en valeur : préface, avant-propos, notes très précises de bas de page, « dossier » c’est-à-dire chronologie (6 octobre 1888, naissance à Saint-Denis de la Réunion / 5 octobre 1918, disparition en combat aérien, 38 jours avant l’armistice) et notices biographiques complémentaires. De la révélation reçue en compagnie de son condisciple de HEC, Jacques Quellenec, lors de la première Semaine d’Aviation de Reims (22-29 août 1909), à la visite de sept usines allemandes à la toute fin juillet 1914, le compte y est ; le récit d’un des grands acteurs porte le plus réaliste témoignage, restituant de son angle de vue personnel, au fil des 300 pages serrées, les aléas de la si rapide progression de cette invention majeure de la créature humaine : la conquête du vol du « plus lourd que l’air ».