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La Une CED

Sorj Chalandon… Tout le monde ment, même les fantômes, par Mélanie Talcott

Ecrit par Mélanie Talcott , le Jeudi, 21 Septembre 2017. , dans La Une CED, Les Chroniques

 

Longtemps, il n’a été pour moi que Le Viking. A cause de son prénom, Sorj, qui résonnait slave. J’ignorais son nom. Il était celui qui écrivait dans Libé une chronique intitulée Après coup. J’en aimais le trait qui me rappelait la plume de Pierre Viansson-Ponté et son idée décalée. Ecrire sur la télé. Cela faisait crier à l’imposture les intellectuels tout terrain. Chercher dans l’image ce que le spectateur n’avait peut-être pas vu ou entendre les mots qu’il n’avait pas eu le temps d’écouter. Il était aussi celui qui avait fait – entre autres – l’Irlande du Nord et le Liban, celui pour qui l’horreur n’était ni une manchette ni une audience médiatique mais avait le visage d’hommes, de femmes et d’enfants qui jamais ne seraient, pour lui, de simples dommages collatéraux. Il rejoignait en cela dans mon panthéon personnel les comme-on-en-fait-plus dont j’ennoblissais mythiquement la vie, entre Joseph Kessel, Jack London, Albert Londres, Philip John Griffiths ou Don McCullin. Puis la vie nous a séparés. Il a suivi son chemin, j’ai suivi le mien et je l’ai oublié.

A propos de L’inconfort du je, Dialogue sur l’écriture de soi, Laurent Herrou, Arnaud Genon, par Michel Host

Ecrit par Michel Host , le Mercredi, 20 Septembre 2017. , dans La Une CED, Les Chroniques, Chroniques régulières

 

L’inconfort du je, Dialogue sur l’écriture de soi, Laurent Herrou, Arnaud Genon, Jacques Flament Editions, juin 2017 (illust. Couverture, Laurent Herrou), 96 pages, 10 €

(www.jacquesflamenteditions.com)

 

« Ce n’est pas que les mots soient vains, non. C’est que l’écriture nous appelle à rester humble car la vérité est toujours ailleurs »

(p.44, Laurent Herrou)

 

« Words, words, words… »

Antoine Blondin - quatre livres, par Didier Smal

Ecrit par Didier Smal , le Mardi, 19 Septembre 2017. , dans La Une CED, Les Chroniques, Chroniques Ecritures Dossiers

L’Europe Buissonnière (416 pages, 8,70 €), Les Enfants du Bon Dieu (272 pages, 8,70 €) et L’Humeur Vagabonde (208 pages, 7,10 €), Antoine Blondin, La Table Ronde/La Petite Vermillon, mai 2016

Blondin, Jean Cormier & Symbad de Lassus, éd. du Rocher, juin 2016, 204 pages, 16,90 €

 

On peut de bon droit être allergique à la manie de la commémoration culturelle en ce qu’elle est avant tout synonyme de commerce bien compris ; d’un autre côté, lorsque soudain réapparaît sur les présentoirs des librairies une partie de l’œuvre d’Antoine Blondin parce que celui-ci est décédé, à l’âge de soixante-neuf ans, il y a eu vingt-cinq ans le 7 juin 2016, on ne peut bouder son plaisir. D’une part, parce qu’on a regardé Un Singe en Hiver, le film de Verneuil avec Gabin et Belmondo dialogué par Audiard (1962), puis qu’on a trouvé au hasard des bouquineries (on était jeune et sans le sou) le roman annoncé au générique et qu’on s’est pris une seconde claque dans la figure : l’alcool, on le sentait d’instinct et le film le montrait magistralement, a sa noblesse, et celle-ci prenait corps dans ces quelque deux cents pages (mais Dieu que la nouvelle couverture chez Folio est moche et racoleuse !…).

Confidentielle, par Clément G. Second

Ecrit par Clément G. Second , le Mardi, 19 Septembre 2017. , dans La Une CED, Ecriture, Nouvelles

 

Tata Lily, notre grand-tante, avait beau se montrer la plus affectueusement enveloppante des Ancêtres de la famille, ses bras nous bercer dans sa voluptueuse corpulence, ses lèvres pourtant aussi poilues que celles des autres tantes ne jamais picoter nos joues lorsqu’elle nous embrassait, la douceur de son visage rendre irrésistible le moindre de ses désirs ; Camille et moi finîmes par nous accorder à la trouver insupportable sur le chapitre des courses dans la ville haute.

Chaque matin, éveillés de bonne heure dans la chambre-dortoir où les croisillons de la fenêtre sans persiennes tamisaient mal la première entrée du jour, nous nous levions en silence parmi nos cadets endormis et filions sur la terrasse puis jusqu’à la cuisine. Tata Lily, comme le rapportait sa légende confirmée discrètement par nos parents, devait avoir eu le temps dès avant l’aurore de prendre son bain de mer dissimulée nue derrière les rochers non loin de la Marine puis de nous préparer le petit-déjeuner. Après le rite copieux des baisers tendres ponctués de mèches encore mouillées, nous pouvions tremper à loisir ses tartines à l’huile d’olive dans un succulent chocolat de son secret. La table débarrassée, nous nous glissions tant bien que mal entre de nouvelles salves de baisers pour nous adonner à la contemplation de la mer depuis le muret de la terrasse tout en esquissant les possibles de notre journée enfantine.

L’art de la nouvelle chez Stefan Zweig, par Charles Duttine

Ecrit par Charles Duttine , le Lundi, 18 Septembre 2017. , dans La Une CED, Les Chroniques

 

J’aime bien relire des classiques pendant la période estivale. C’est une parenthèse qui se prête au recul, à la distance et au ressourcement, pour employer des mots d’aujourd’hui.

Le moment d’une villégiature peut favoriser cette « épochè » par rapport au quotidien. Posture (qui n’en est pas une) bien éloignée de celle démystifiée par Roland Barthes dans Mythologies, s’amusant de l’image bonhomme de Gide lisant du Bossuet en descendant le fleuve Congo. Un phénomène que l’on observe aussi autour de soi. Même les médias invitent à se replonger dans nos classiques, le temps d’un été. La Fontaine, cette année avec France-Inter, les années précédentes avec Machiavel et plus loin Montaigne, Baudelaire. Bref, relire ses classiques, sous le soleil de l’été, c’est revigorant, roboratif. Momentanément, cela revient à laisser de côté les contemporains qui parfois lassent, déçoivent, obéissent à des modes et disparaissent pour certains…