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Les Livres

Trois jours chez ma tante, Yves Ravey

Ecrit par Jean-Paul Gavard-Perret , le Jeudi, 05 Octobre 2017. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, La rentrée littéraire, Les éditions de Minuit

Trois jours chez ma tante, septembre 2017, 190 pages, 15 € . Ecrivain(s): Yves Ravey Edition: Les éditions de Minuit

 

L’œuvre au noir

Il est de vieilles tantes coriaces. Le héros d’Yves Ravey est bien placé pour le savoir. Il est vrai que lui-même n’est pas un ange. Sinon du genre noir. Mais la première reste sur ses gardes : à l’approche de sa fin et au moment de signer le chèque et de le remettre à son neveu, elle se demande encore s’il ne serait pas plus simple « de le mettre directement à l’ordre de la mission humanitaire responsable de l’école » plutôt qu’au nom de son parent. Celui-ci lui rappelle à bon escient que « le mieux c’est quand c’est personnel ». Mais pas question de dévoiler la fin.

Il s’agit plutôt de remonter l’histoire de Marcello Martini qui, après vingt ans d’absence, est convoqué par sa tante. Occasion pour elle d’annuler son virement mensuel et le déshériter. L’humiliation, on s’en doute, ne serait pas que morale. Mais Ravey – et comme toujours – s’amuse au dépend de ses personnages. Et plus particulièrement de celui qui tente de détourner son destin promis par l’assèchement financier. Même un budget serré ne sauverait pas la vie du sombre héros : il ne serait que plongé un peu plus dans un abîme de doute et de ratages.

Observons une minute de silence, Jean Foucault

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Jeudi, 05 Octobre 2017. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie

Observons une minute de silence, Éditions Henry, coll. La main aux poètes, 2015, 111 pages, 8 € . Ecrivain(s): Jean Foucault

 

La poésie de Jean Foucault ressortit bien à la poésie dite « engagée », qui nous délivre un message. Dans Observons une minute de silence, ce message se vrille à des événements tragiques de l’Histoire (la Guerre, les attentats terroristes, les accidents dramatiques de la vie, etc.) pour lesquels, lors de commémorations, une minute de silence est observée. Minute, ainsi que le remarque justement l’auteur, qui ne saurait être imposée :

 

« Ce peut être malsain

D’observer une minute de silence.

Est-ce à son insu ?

Je ne l’imagine pas.

(…)

Les Insatiables, Gila Lustiger

Ecrit par Marc Ossorguine , le Mercredi, 04 Octobre 2017. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Langue allemande, Roman, Actes Sud

Les Insatiables (Die Schuld der Anderen, 2015, Berlin Verlag), trad. allemand Isabelle Liber, . Ecrivain(s): Gila Lustiger Edition: Actes Sud

 

Cet Insatiables n’est pas annoncé pas son éditeur comme un roman noir ou policier, et pourtant il y est question de crime, de corruption et d’investigation. Ce n’est certainement pas un essai et pourtant on y trouve de vraies réflexions et hypothèses sur plusieurs aspects de la société française. Cela se passe en France, à Paris, en Normandie et en Auvergne, mais l’auteure est allemande et écrit en allemand. Ce n’est pas un premier roman mais c’est un premier polar qui n’en est pas un… Cela commence à faire bien des raisons de s’intéresser de près à cet objet littéraire un peu atypique. Nous pourrions encore ajouter que l’auteure est journaliste et installée en France depuis 30 ans mais que Les Insatiables est un vrai roman, et que si c’est quand même un peu un polar, les policiers sont plutôt des personnages « secondaires » qui ne s’occupent pas vraiment de l’affaire ou qui ont pris leur retraite. Ajoutons avant d’aller plus loin que sa lecture a empêché le poly-lecteur que je suis de se tourner vers un seul autre titre avant de l’avoir achevé (ce qui est plutôt rare).

Tigrane l’Arménien, Olivier Delorme

Ecrit par Guy Donikian , le Mercredi, 04 Octobre 2017. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Editions de la Différence

Tigrane l’Arménien, mai 2017, 396 pages, 19 € . Ecrivain(s): Olivier Delorme Edition: Editions de la Différence

 

Pour qui ne connaît pas ou peu les atrocités commises lors du génocide perpétré par le triumvirat « jeune turc » en 1915 et les conséquences sur les générations qui ont succédé aux survivants de ce drame, Olivier Delorme a écrit un roman qui peut aussi s’adresser à eux. Si la double trame de ce roman ne prétend pas être exhaustive, elle a cependant le mérite d’offrir aux lecteurs une entrée en matière qui ne peut laisser indifférent : ce sont deux époques qui se mêlent, celle des mois qui ont précédé le génocide en Turquie, et quelques années qui ont suivi et notre actualité européenne.

Août 1914. Le jeune Bedros Arevchadian arrive à Constantinople pour poursuivre des études dans le meilleur lycée, à l’invitation de son oncle Missak. Il vivait jusqu’alors à Trébizonde, où ses parents demeurent. En avril 1915, son oncle, notable arménien, est arrêté comme plusieurs centaines d’intellectuels arméniens qui seront regroupés puis conduits hors de la ville et qu’on ne reverra jamais. Les massacres vont s’étendre à toute la Turquie et de la famille de Bedros il n’y aura aucun survivant. La douleur et la rage vont faire de Bedros l’un des vengeurs du génocide au sein de l’organisation Nemesis dans les principales villes d’Europe où se sont réfugiés certains responsables du génocide.

Le chemin des fugues, Philippe Lacoche

Ecrit par Philippe Leuckx , le Mardi, 03 Octobre 2017. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, La rentrée littéraire, Les éditions du Rocher

Le chemin des fugues, août 2017, 312 pages, 19,90 € . Ecrivain(s): Philippe Lacoche Edition: Les éditions du Rocher

Ce vingt-neuvième livre du romancier et journaliste picard Philippe Lacoche, au beau titre qui fleure la fréquentation des Dhôtel, Pirotte et autres Sansot, a tout vraiment pour engager le lecteur à revenir à ses autres titres, et cerise sur le gâteau, à prolonger les charmes du roman par d’autres vagabondages littéraires chez les précités, par exemple.

Peu importe, au fond, l’intrigue ramassée que Lacoche accroche à nos yeux : un journaliste, comme lui, du même âge, Philippe, comme moi, est né au plein milieu des années cinquante – ce qui l’enjoint à une certaine nostalgie –, au nom bien français, Pierre Chaunier, décide de rompre avec sa petite vie, sa petite ville, son Bar de la Place, ses habitudes, parce que vraiment lui imposer à son âge des tracasseries informatiques d’un logiciel pourri ça ne va plus. Il s’est remis à boire avec ses potes Keith (un gars qui ressemble au gars des Stones), Depard, et ses idylles sont parties en fumée. Foin donc de ses belles Géa, Lady V. Il a vu passer l’autre jour une belle Orangée, l’a perdue de vue. Il faut changer de vie, partir, et l’occasion lui est donnée : devenir journaliste dans un journal qui se fait encore à l’ancienne, dans un trou, un bled de province reculée aux toponymes pas possibles : Bordurins, Troussin-au-Bois, Pontron-les-échauguettes, etc., en plein Vaugandy, région où sévissent loups, aurochs et ours !