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Les Livres

Il y avait des rivières infranchissables, Marc Villemain (2ème critique)

Ecrit par Marie du Crest , le Lundi, 06 Novembre 2017. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Nouvelles, Joelle Losfeld

Il y avait des rivières infranchissables, Marc Villemain, Joëlle Losfeld, octobre 2017, 145 pages, 14,50 € . Ecrivain(s): Marc Villemain Edition: Joelle Losfeld

J’emprunte le titre de ma chronique à Marc Villemain lui-même, ou plutôt au narrateur de la dernière nouvelle de son nouveau recueil, Il y avait des rivières infranchissables. Je devrais dire à la rumeur qui entoure son dernier personnage masculin : un auteur de romans et de nouvelles, installé à Venise avec sa compagne. La Nostalgie, c’est toujours un retour, un nostos. Les treize premières nouvelles du livre sont marquées du sceau du retour à l’enfance, à l’adolescence ; du retour au pays océanique ; du retour au temps des chocolatines, des magasins Carrefour, des boums, des mobs ; à la musque écoutée sur une cassette audio. Retour enfin « aux premières fois », aux premières histoires d’amour souvent sans lendemain. Titre au passé.

Les personnages des nouvelles (filles et garçons) sont sans prénom ou nom, juste des « ils » ou des « elles » comme s’ils vivaient à travers chaque texte une expérience, presque une expérimentation du désir, des sentiments. Ils pourraient être aussi le même (c’est essentiellement le regard du garçon, son point de vue qui importe ici) à qui il arrive ces diverses aventures. Ils n’ont pas besoin d’être rattachés à une identité définie puisque l’important se situe dans ce présent (verbal) de l’adolescence et parfois de l’enfance.

Histoire de la littérature récente tome I, Olivier Cadiot

Ecrit par Arnaud Genon , le Lundi, 06 Novembre 2017. , dans Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, P.O.L

Histoire de la littérature récente tome I, octobre 2017, 160 pages, 6,60 € . Ecrivain(s): Olivier Cadiot Edition: P.O.L

 

En 2007, dans Désenchantement de la littérature (Gallimard), puis en 2012 dans L’Enfer du roman (Gallimard), l’éditeur, romancier et essayiste polémiste Richard Millet annonçait, de manière quasi apocalyptique, le déclin – voire même la mort – de notre langue, de notre culture et de notre littérature.

Quelques dix années plus tard, Olivier Cadiot entend et écoute les sempiternelles jérémiades des « pleureuses ». « Cette histoire de déclin, note-t-il, ce sont aussi les gens qu’on aime qui nous l’ont soufflée à l’oreille. Des êtres merveilleux, des penseurs, à la fois rigoureux et fantaisistes. Il n’y a plus rien à transmettre, nous disent-ils ; nous ne pouvons plus faire d’expériences. Nous voilà noyés dans le récent éternel, sans les lumières du passé qui viennent éclairer une face inconnue de la maison que vous habitez. Bref, on nous a expliqué qu’on était morts ». Morts ? Vraiment ? Pourquoi ne pas y aller voir de plus près ?

Bazar, Bernard Pignero

Ecrit par Martine L. Petauton , le Lundi, 06 Novembre 2017. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Voyages

Bazar, éd. Encre toile, juin 2017, 236 pages, 20 € . Ecrivain(s): Bernard Pignero

 

C’est un récit – précis et géographique en diable – ou bien une fable bourrée d’allusions métaphoriques, dont on guette l’arrivée de la morale de page en page, sans doute aussi un roman échevelé d’imaginaires. Bref, c’est un livre de Bernard Pignero.

Un tour du monde – rien que ça ! À la proue de bateaux improbables, par tous les temps, et bien plus, les époques. On y trouvera tout ou presque de ce qui nous importe ; la guerre et la misère, dans un coin d’Europe – Est /Sud, mais il se pourrait qu’on se trompe ; des machettes de djihadistes ou bien de quelques autres a-humains, si nombreux à peupler le monde de leur haine, la fuite pour survivre, évidemment, et l’amitié – souvent imprévisible, l’amour, bien sûr, toujours incandescent. Le grandir de tout un chacun, pas moins. Des ports, comme dans les chansons de Brel, des paysages des tableaux de Gauguin, des regrets – tellement – et le pied qu’on remet sur le pont de l’embarquement pourtant. L’ailleurs, toujours. Des pans entiers de littérature, la nôtre, nous visitent en clins d’œil élégants ; Diderot, Montaigne, plus d’une fois, Voltaire, ma foi, et Proust – ça c’est pour l’écriture. Chacun du reste fera sa propre cuisine en l’affaire, s’équipant à sa guise pour cette traversée conjuguant avant tout la liberté, et son prix.

Les bienheureux, Patryck Froissart

Ecrit par Michel Host , le Vendredi, 03 Novembre 2017. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Nouvelles, Ipagination

Les bienheureux, 104 pages, 11,70 € . Ecrivain(s): Patryck Froissart Edition: Ipagination

« Ces yeux qui sont tout un poème / De langueur et de volupté / Disent, résolvant le problème / “Sois l’amour, je suis la beauté” »

Théophile Gautier, La Fellah, pp.84-85, cité par P. Froissart

 

Au bonheur des maux

Au bonheur des mots

Ce recueil de huit nouvelles bien frappées, champagne de l’esprit, met en scène l’humanité… Enfin, pas exactement, disons qu’il joue de ses deux composantes originelles, les hommes, les femmes… Sommes-nous, à chaque incipit, dans la douce lumière du Jardin d’Éden ? Adam et Ève s’y promènent-ils sous les ombrages, main dans la main par les sentiers d’un bonheur sans fin ? Pas exactement. Cette vision d’idylle tend à se brouiller : les couples, les unions passagères sont ici tous marqués d’une fatalité : rien ne va de soi, rien n’est simple ou, si l’on veut, tout se complique et les brumes de la discorde, les maux dont nous souffrons depuis toujours accablent les paysages prometteurs. « La faute à qui ? » – demandera le lecteur naïf, s’il en est encore un ici-bas.

Le ralenti des choses, Jacquie Barral

Ecrit par Jean-Paul Gavard-Perret , le Jeudi, 02 Novembre 2017. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Arts, Fata Morgana

Le ralenti des choses, octobre 2017, 56 pages, 17 € . Ecrivain(s): Jacquie Barral Edition: Fata Morgana

 

Avec son livre, Jacquie Barral ramène à l’essentiel du geste et l’art à travers son origine : « Lorsque l’on trace, enfant, son premier trait avec un crayon sur un bout de papier, ou avec un bâton dans le sable, ou un doigt sur une vitre embuée, on ignore tout de l’aventure extraordinaire qui va suivre. Et pourtant la magie du dessin vient d’être découverte ». Le dessin permet donc de réaliser une arche d’acier qui invite naturellement l’être à pénétrer dans l’enceinte d’un lieu qui donne le plus merveilleux des points de départ et des points de vue.

Jacquie Barral a trouvé en lui l’élément déterminant pour confirmer et développer la singularité de son travail et de son apport à la postmodernité. Grace à lui, elle a découvert l’effet d’une ouverture et le sens du mouvement. Il lui suffit parfois d’une table pour créer les cascades dont elle a le secret. Le dessin, entre lenteur et vitesse, produit chez elle différentes arêtes, fentes et intervalles qui participent à la construction d’un vaste réseau graphique.