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Les Livres

Journal, 1908-1943, Käthe Kollwitz

Ecrit par Jean-Paul Gavard-Perret , le Jeudi, 22 Mars 2018. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Arts, L'Atelier Contemporain

Journal, 1908-1943, Käthe Kollwitz, mars 2018, 310 pages, 25 € . Ecrivain(s): Käthe Kollwitz Edition: L'Atelier Contemporain

 

Käthe Kollwitz l’irréductible

A peine âgée de seize ans et lorsqu’elle dessine des ouvriers – inspirés par des poèmes entendus lors de ses dérives dans les quartiers déshérités de Königsberg – et que ses parents lui demandent plutôt de créer de « beaux sujets » de dessin, elle leur répond : « Mais ils sont beaux ». Elle demeurera toujours dans une telle thématique, confirmée par sa lecture du pamphlet de Max Klinger en faveur du dessin, Peinture et Dessin.

Pour la jeune artiste l’art est une arme. Et Käthe Kollwitz n’a cessé de lutter. Elle fut par exemple membre de l’organisation artistique de Berlin, elle travaillait aussi pour l’association internationale d’aide aux travailleurs (IAH) et fut néanmoins la première femme à faire partie, en 1919, de l’Académie des arts prussienne. Elle n’appartenait à aucun parti mais se considérait elle-même comme socialiste.

Mangées Une histoire des mères lyonnaises, Catherine Simon

Ecrit par Guy Donikian , le Mercredi, 21 Mars 2018. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Sabine Wespieser, Histoire, Voyages

Mangées Une histoire des mères lyonnaises, février 2018, 260 pages, 21 € . Ecrivain(s): Catherine Simon Edition: Sabine Wespieser

 

Le sous-titre de l’ouvrage donne une indication des investigations auxquelles Catherine Simon s’est livrée. Qui étaient ces « mères lyonnaises », et en quoi méritaient-elles un livre ?

Ces mères lyonnaises sont toutes ces jeunes femmes, issues pour la plupart de la campagne lyonnaise ou des proches régions de l’Ain, qui se retrouvent au début du vingtième siècle à Lyon pour se « placer » chez des patrons bourgeois en tant que bonnes, ou à faire le service dans des petits cafés où l’on servait aussi de quoi nourrir les ouvriers du quartier de la Croix-Rousse par exemple. Leur exil de la ferme familiale avait pour raison essentielle la misère (une bouche de trop à nourrir…) ou parfois des comportements incestueux. C’est dire aussi que la vie avait forgé un caractère affirmé chez ces jeunes femmes à qui il ne fallait pas en raconter.

Traités spirituels, Edition critique, introduite et annotée par Bernard Forthomme, Paulin d’Aumale

Ecrit par Gilles Banderier , le Mercredi, 21 Mars 2018. , dans Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Editions Honoré Champion

Traités spirituels, Edition critique, introduite et annotée par Bernard Forthomme, Paulin d’Aumale, octobre 2017, 45 € Edition: Editions Honoré Champion

Paulin d’Aumale fut un membre du Tiers-ordre régulier de saint François. On ignore bien des choses à son sujet, à commencer par son patronyme véritable (Paulin d’Aumale était un nom de religion), la date de sa naissance et celle de sa mort. Ces lacunes obéissent toutefois à une logique interne, car, quel qu’ait été son nom, celui qui se faisait appeler ainsi n’était pas entré en religion pour se faire connaître de la postérité. On sait qu’il vécut à Paris, où il exerça des responsabilités au sein de son ordre. Ce fut dans la capitale qu’il rencontra Madame Guyon, que Voltaire (mal placé pour la comprendre) qualifiait de « femme à révélations, à prophéties et à galimatias » (Siècle de Louis XIV, chapitre XXXVIII ; Œuvres historiques, éd. René Pomeau, Gallimard, La Pléiade, 1957, p.1091). Elle prêchait, comme on le sait, un « pur amour » de Dieu, allant jusqu’au renoncement absolu à soi-même, à toute action, au point même de ne plus prier (la charité et les bonnes œuvres, il n’en était même pas question). Comme cela se produit en général, un message à ce point radical, extrême, divise en deux groupes ceux qui en prennent connaissance : soit il leur répugne, soit ils y adhèrent. Les autorités religieuses, à une exception près, se rangèrent parmi la première catégorie et Madame Guyon finira embastillée.

My Absolute darling, Gabriel Tallent

Ecrit par Yann Suty , le Mardi, 20 Mars 2018. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Roman, Gallmeister

My Absolute darling, mars 2018, trad. américain, Laura Derajinski, 460 pages, 24,40 € . Ecrivain(s): Gabriel Tallent Edition: Gallmeister

 

Mon père, ce salaud. La vie n’est pas facile pour Julia, quatorze ans, alias Turtle, que son père surnomme Croquette. Elle vit dans un trou de la côte nord de la Californie, dans des paysages pittoresques, parfois hostiles, dans une maison délabrée et crasseuse. Un univers white-trash qui est aussi un décor littéraire des plus réjouissants.

Turtle est sauvage. Elle préfère se tenir à l’écart des autres. Mais c’est aussi son père qui lui a imposé cette conduite. Elle est obligée d’aller au lycée, mais repousse quiconque tente de briser sa carapace. Ses meilleurs compagnons sont ses armes, pistolets et fusils dont elle ne se sépare jamais, et qu’elle passe son temps à démonter et à remonter. C’est une tireuse experte, capable de loger une balle dans une pièce de monnaie à plusieurs dizaines de mètres de distance.

Sa mère est décédée quelques années plus tôt dans des circonstances mystérieuses. Turtle est sous l’emprise d’un père aussi charismatique que brutal, qui lui impose des exercices physiques rudes pour affronter l’apocalypse ou ce qui y ressemblera et font passer le camp d’entraînement de Full Metal Jacket pour un camp de boy-scout. Très vite, on se rend compte (de façon explicite) que père et fille ont une relation incestueuse.

Vivre libre avec Etty Hillesum, Cécilia Dutter

Ecrit par Laurent Bettoni , le Mardi, 20 Mars 2018. , dans Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres

Vivre libre avec Etty Hillesum, éd. Tallandier, mars 2018, 156 pages, 14,90 euros . Ecrivain(s): Cécilia Dutter

 

 

Romancière et essayiste, Cécilia Dutter est l’auteur d’une quinzaine d’ouvrages dont cinq essais en spiritualité, parmi lesquels trois ouvrages consacrés à Etty Hillesum : Etty Hillesum, une voix dans la nuit (Robert Laffont, 2010), Un cœur universel, regards croisés sur Etty Hillesum, (Salvator, 2013) – collectif qu’elle a coécrit et dirigé – et désormais ce troisième ouvrage, Vivre libre avec Etty Hillesum, qui vient de paraître aux éditions Tallandier. Elle est également présidente de l’association Les Amis d’Etty Hillesum, qui regroupe plus de trois cent cinquante adhérents et comprend plusieurs antennes en province et à l’étranger. C’est dire combien cette magnifique figure de femme qu’est Etty Hillesum et la beauté de son parcours spirituel tiennent à cœur à l’auteur, qui entend, avec ce nouvel essai, très différent des précédents, mettre ses enseignements à la portée de tous.