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Les Livres

Histoires diverses, Joaquim Maria Machado de Assis

Ecrit par Patryck Froissart , le Mercredi, 28 Mars 2018. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Langue portugaise, Nouvelles, Classiques Garnier

Histoires diverses, janvier 2018, trad., notes critiques, Saulo Neiva, 266 pages, 17 € . Ecrivain(s): Joaquim Maria Machado de Assis Edition: Classiques Garnier

 

C’est une rencontre surprenante et passionnante avec un grand écrivain probablement méconnu en France que la lecture de seize de ses nouvelles traduites en français par Saulo Neiva et publiées dans la collection des Classiques Jaunes (Textes du monde) chez Garnier.

La tonalité des « histoires » est extrêmement variée :

– fantastique, avec un dénouement horrible à la Edgar Poe : La cartomancienne

– irréelle, troublante, dans ce récit du domaine de la vision nocturne, fortement théâtrale, dont le narrateur spectateur ne distingue plus les limites entre rêve et réalité : Entre Saints

– passionnelle, torturée, fiévreuse, en cette histoire d’un amour plus ou moins refoulé entre belle bourgeoise mature à principes de vertu et jeune domestique conscient d’être un ver de terre épris d’une étoile (on se remémore les premiers émois de Madame de Rénal face à l’amour que lui exprime le jeune Julien Sorel) : Les bras

Chronologie et critique biblique à l’époque des Lumières : Les travaux de Pierre Michel

Ecrit par Gilles Banderier , le Mardi, 27 Mars 2018. , dans Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Editions Honoré Champion

Chronologie et critique biblique à l’époque des Lumières : Les travaux de Pierre Michel, Miguel Benítez, Honoré-Champion, coll. Libre pensée et littérature clandestine, n°70, octobre 2017, 534 pages, 85 € Edition: Editions Honoré Champion

 

Ceux qui lisent la Bible en la prenant, selon l’expression consacrée, au pied de la lettre, se voient en général traités de fondamentalistes et ce n’est pas un compliment. Mais, comme le remarquait le comparatiste allemand Carsten Peter Thiede, un courant herméneutique dominant (dont le postulat principal se résume ainsi : « On ne peut pas et on ne doit pas faire confiance à la Bible, sauf s’il existe des preuves externes indiscutables ») a fini par imposer l’idée que la Bible, « Ancien » et « Nouveau » Testaments confondus, était tout ce que l’on veut – de la théologie, de la propagande nationaliste, de l’idéologie tribale, de la fiction, voire de la science-fiction – tout, sauf une source historique fiable. Autant l’interprétation du Coran, livre incréé et antérieur même à la création du monde (ce qui reprend une ancienne tradition juive, selon laquelle le Temple et la Torah auraient fait l’objet d’une pré-création) est close, voire verrouillée, autant l’herméneutique de la Bible est ouverte.

Et vous avez eu beau temps ?, Philippe Delerm

Ecrit par Sylvie Ferrando , le Mardi, 27 Mars 2018. , dans Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Seuil

Et vous avez eu beau temps ?, janvier 2018, 176 pages, 15 € Edition: Seuil

 

A l’instar de La Bruyère et de ses Caractères, Philippe Delerm se livre ici à une critique fine et ironique des « petites phrases », ordinaires et perfides, qui émaillent nos conversations et fonctionnent comme des marqueurs de discours, entre intimité et vie sociale. Plus de soixante phrases sont ainsi analysées, parmi lesquelles le lecteur trouvera nécessairement quelques échos de ses propres habitudes de discours, ou des paroles régulièrement entendues dans l’espace social, qu’elles lui aient été ou non adressées.

Moraliste, linguiste, sociologue, ethnologue, entomologiste du langage, de la cognition et des interactions sociales, tel est Delerm dans ce nouvel opus où il décortique les travers et hypocrisies de la conversation.

Soir de la mémoire, Christian Bachelin

Ecrit par Philippe Leuckx , le Lundi, 26 Mars 2018. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie, Biographie, La Table Ronde - La Petite Vermillon

Soir de la mémoire, mars 2018 préface de Valérie Rouzeau, 144 pages, 7,30 € . Ecrivain(s): Christian Bachelin Edition: La Table Ronde - La Petite Vermillon

 

De 1967 à 2007, le poète et romancier Bachelin a publié quatorze livres. En 1998, un récit, Soir de la mémoire, avait été édité par Alfred Eibel aux éditions Méréal, à Paris. Le voici réédité, pour notre plus grand bonheur.

Les écrivains de la mémoire heureuse ou désolante sont nombreux, et pourtant, les lire ou relire comble le lecteur : qu’il s’agisse de Fargue, Carco, Calet, Bove, Hardellet, Lefèvre, ou cet admirable Bachelin, dont le récit au titre qui incline ses belles consonances est un vœu à la mémoire de ses parents.

Tout ici respire la ferveur et la poussière. Entendez-moi bien : comment écrire, au milieu des gravats, des éclats, des poussières, des photos jaunies, des relents de souvenances embaumées, embrumées, des blattes résiduelles cachées dans les bouloches sous les vieux tapis et autres meubles… On est à Compiègne dans la dernière demeure des parents. Ils ont souvent changé de domicile en fonction des mutations et affectations du père ; ils ont vécu en Picardie, à Bailly, à Roye-sur-Matz, aux lisières de la ville de Compiègne, là où existaient encore quelques fermes…

L’amour est une géographie intérieure, Elysabeth Loos

Ecrit par Patrick Devaux , le Lundi, 26 Mars 2018. , dans Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Nouvelles

L’amour est une géographie intérieure, éd. Le Coudrier, 2018, 121 pages, 16 € . Ecrivain(s): Elysabeth Loos

 

Qu’importent les situations de temps, de lieu ou d’action dans ce que l’auteur annonce comme étant « des carnets de deuil ».

Ecrits par à-coups, hoquets, comme pour gérer, à petites doses progressives, le choc, à moins que cela ne soit le contraire et que la série de textes courts ne résulte de la brutalité de l’évènement.

En tout cas, l’auteur conjure la cendre. Son amour se fait urne funéraire, dépositaire de souvenirs : « Mes mains ne cherchent pas à toucher, pas à sentir la masse. Le corps ne pèse rien. A peine le poids de la peine. Il n’est pas besoin de le peser ».

Le vide se remplit d’une présence placardée jusque dans les détails. Les lieux deviennent obsessionnels. L’alchimie fonctionne à restituer : « Dans les grimoires du temps, je refais ce qu’il a défait. Je bande sa chair calcinée ».