Au commencement était une voix, … – voix de la source, onde féminine, affluent et don d’amour, offrant leur chant à l’infini de la mer, pour « un appel, un vœu, un secret ».
« Une rivière dit tout à la mer »
« Toutes les rivières se ressemblent, toutes les eaux sont sœurs et tous les fleuves croient à la mer ».
Ainsi débute le recueil du poète Bernard Fournier : en invoquant « l’œil aux aguets » (le nôtre) pour écouter le « parfum des rivières ». L’œil écoute descendre et battre les eaux entre les rives, comme battent les pulsations du cœur, les flancs d’une femme éprise d’une soif d’aimer et d’être aimée, l’espoir « à la jointure du ciel ».
La « rive »/ les « rives »est/sont contenue(s) dans le mot / le lieu-dit de la « rivière »… Contenues comme les poèmes contiennent, entre les rives de la page et sur les berges de l’émotion, l’épanchement des mots dans l’envergure/le souffle retenus des feuilles ; comme la topographie des textes de Bernard Fournier figure l’épanchement dompté par le poème, l’ampleur lyrique modérée par les cadres/rives de l’espace poétique.