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Les Livres

L’Indésirable, Louis Guilloux (par Charles Duttine)

Ecrit par Charles Duttine , le Jeudi, 21 Mars 2019. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Gallimard

L’Indésirable, février 2019, 192 pages, 18 € . Ecrivain(s): Louis Guilloux Edition: Gallimard

 

La publication opportune d’un inédit de Louis Guilloux.

L’exhumation d’un inédit nous pousse immanquablement à nous interroger sur sa valeur. Va-t-on découvrir un chef d’œuvre inconnu, ou bien un texte oublié au fond d’un tiroir, finalement un ouvrage mineur un peu décevant ? On pourrait se le demander avec la publication de L’Indésirable de Louis Guilloux (1899-1980) par Olivier Macaux dans la Collection Blanche de Gallimard. Il s’agit du premier projet romanesque de Louis Guilloux, l’auteur a alors vingt-quatre ans. Refusé par les éditions Rieder et critiqué, entre autres, par Georges Duhamel qui déconseilla de publier le manuscrit en l’état, l’ouvrage a été délaissé par Guilloux lui-même. Le texte attendait son heure dans les archives de la bibliothèque municipale de Saint-Brieuc, ville natale de Louis Guilloux. Sans avoir l’épaisseur du chef-d’œuvre de Guilloux, Le Sang noir, L’Indésirable contient en germe tout ce que l’auteur développera par la suite et mérite beaucoup plus qu’une attention polie ; il provoque un réel émerveillement.

Romans, Patrick Modiano (par Marie-Pierre Fiorentino)

Ecrit par Marie-Pierre Fiorentino , le Jeudi, 21 Mars 2019. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, Roman

Romans, Patrick Modiano, Gallimard coll. Quarto, 2013, 1088 pages, 24,50 €

 

La narration chez Modiano : la simplicité d’une économie prodigue

Travail d’éditeur et travail d’auteur se répondent dans cet opulent volume où figurent, avec six autres romans, Rues des Boutiques obscures, Remise de peine, Chien de printemps, Dans le café de la jeunesse perdue.

Ces pages par centaines qu’on ne se lasse pas de tourner mettent en valeur l’immense créativité de l’artiste sous des apparences de rengaines déjà entendues.

Alors voici…

Si Rues des Boutiques obscures est d’emblée captivant, d’autres incipit laissent planer la menace d’une déception (voilée), d’un ennui (feutré). Car sans s’attendre à rien de particulier – où serait le plaisir de découvrir un nouvel opus ? – on ne s’attendait pas à cela non plus.

Réflexions sur la tragédie grecque, Jacqueline de Romilly (par Sylvie Ferrando)

Ecrit par Sylvie Ferrando , le Mercredi, 20 Mars 2019. , dans Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Editions de Fallois

Réflexions sur la tragédie grecque, novembre 2018, 310 pages, 20 € . Ecrivain(s): Jacqueline de Romilly

Les études de Jacqueline de Romilly rassemblées dans ce volume ont été écrites et publiées sur plus de trente ans. Elles portent sur les spécificités du genre tragique des pièces créées par Eschyle, Sophocle et Euripide dans l’Athènes du Ve siècle avant notre ère. La tragédie grecque est en effet intimement liée à la démocratie athénienne. Mythe et tragédie, tragédie et pathétique, telles sont les deux thématiques essentielles soulevées dans deux des plus brillantes études de l’une des hellénistes les plus inspirées de notre temps, qui a nourri des générations d’enseignants, d’étudiants et d’écrivains comme Marguerite Yourcenar.

Jaqueline de Romilly s’intéresse à la transposition des mythes antiques chez les trois auteurs dramatiques. A l’inverse de l’épopée, la tragédie porte sur l’homme plutôt que sur le héros. Les mythes choisis concernent la famille – famille de demi-dieux ou famille de rois (Atrides ou Labdacides) –, le couple matrimonial ou parental, les enfants et la filiation, les ascendants et descendants, la lignée. En particulier, Jacqueline de Romilly s’attache à établir les points de convergence et de divergence entre la trilogie d’Eschyle, L’Orestie, et plus particulièrement entre Les Choéphores, qui relate le retour d’Oreste, venu venger son père Agamemnon en tuant sa mère Clytemnestre et son amant Egisthe, et les Electre de Sophocle et d’Euripide, qui relèvent du même sujet.

Monsieur Néant, Emmanuel Moses (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Mardi, 19 Mars 2019. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Monsieur Néant, éditions La Bibliothèque, mars 2019, 160 pages, 14 € . Ecrivain(s): Emmanuel Moses

 

Dans une belle présentation des éditions La Bibliothèque, avec rabats et typographie soignée, voici le 33ème livre de l’auteur français, né en 1959, qui publie poèmes, récits et romans depuis 1989 chez une dizaine d’éditeurs reconnus (Gallimard, Obsidiane, Grasset, Le Seuil, etc.).

Ce roman, à l’étrange personnage, décalé, reclus, assez solitaire pour être toujours un peu en défaut par rapport à la société, nous vaut une très belle écriture et une atmosphère, que l’on ne trouve guère dans les ouvrages de consommation courante. Ici respire le style. Ici, loin de toute narration formatée, respirent les petits chapitres tissés de rencontres et d’anecdotes hautes en couleurs pour un personnage quasi anonyme, perdu dans son immeuble, dans la ville, mais qui arrive toutefois à se donner des vacances. Vacance d’esprit libéré de tant de contraintes qui lui collent à la peau ? Qui sait ?

Je ne sais rien d’elle, Philippe Mezescaze (par Arnaud Genon)

Ecrit par Arnaud Genon , le Mardi, 19 Mars 2019. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Je ne sais rien d’elle, Marest Éditeur, mars 2019, 160 pages, 17 € . Ecrivain(s): Philippe Mezescaze

 

Mausolée pour Irène

En 1987, Philippe Mezescaze publiait L’impureté d’Irène (1), roman autobiographique relatant un été à La Rochelle que le petit Émile, confié à une nourrice, passa avec sa mère qu’il ne voyait que très rarement. Un été durant lequel il devint le spectateur de la naissance puis de l’épuisement d’une passion entre Irène et Ladis, un marin polonais de passage, fou d’amour, rêvant de les emmener avec lui parcourir les océans.

Voici que trente ans plus tard, le réalisateur Nicolas Giraud décide d’adapter au cinéma ce roman. Il avait déjà failli être porté à l’écran après sa première parution. Isabelle Huppert aurait interprété Irène. Mais les aléas du septième art en décidèrent autrement. Nicolas invite alors son auteur à assister à la première semaine de tournage sur les lieux mêmes où se déroulèrent les événements, ces lieux qu’il « pensai[t] ne plus revoir, où [il se] refusai[t], pour des motifs laissés indéchiffrés, à revenir ».