Par les routes, Sylvain Prudhomme (par Jean-Paul Gavard-Perret)
Par les routes, août 2019, 304 pages, 19 €
Ecrivain(s): Sylvain Prudhomme Edition: Gallimard
Le livre des possibles
Ce livre est celui des croisées des chemins. Mais les couper n’implique pas forcément de les suivre. Les rencontres sont souvent fugaces. Mais il arrive qu’à nouveau elles fassent retour, mais à la personne escomptée s’en substitue une autre.
Mais elle vaut tout autant le détour. Si bien que le récit avance par la force de l’amitié comme celle du désir. Il vaque au gré des temps à travers des fêlures qui bombardent le moi. Mais celui-ci se relève. Car tant que la vie est là il n’a pas d’autres choix.
Et Sylvain Prudhomme nous emporte parmi les décombres de ce qui fut exquis et provisoire. Et il fallait peut-être des impasses pour que dans leur fond tout cela respire par-delà le sens concassé.
Des notes s’égouttent ainsi sur le clavier du destin fait de trous entre elles. Restent néanmoins leurs échos. Ils touchent la pulpe du sentir dans les vibrations d’un blues qui monte.
Surgit une poétique de la présence par-delà l’oubli. Et c’est comme si les deux étaient provisoires.
Il reste dans la musique du passé des croches qui remontent et qui font respirer les mots qui semblaient étouffés. Si bien qu’écrire devient un creusement du silence pour écouter ce qui peut en sortir loin des partitions programmées.
En dépit des dissonances, l’existence reste une improvisation : un moment en entraîne un autre d’une autre qualité : peu à peu il ne s’agit pas d’aller plus vite mais plus profond.
Et s’il n’y avait pas eu certaines fins de non-recevoir, on allait tourner en rond. Chaque chose ou personne à sa place et il n’y aurait plus de respiration.
Jean-Paul Gavard-Perret
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