Grattant la matière sociale (dans le sens « société ») en parallèle avec la fouille de mots mouvementés en tout sens, Carine-Laure secoue le cocotier de manière à éparpiller le produit de ses intenses réflexions, l’intention passant par une sorte de tunnel faisant office de révélation chaotique (un peu à l’instar des NDE, ces personnes revenues d’un monde parallèle après un accident).
Le chaos de mots, mêlés ainsi dans un relatif désordre non pas par le style comme les surréalistes, mais plutôt par la construction un peu empirique, devient le prétexte du livre, ceci en dehors de toute provocation gratuite : « Des hochets de sang rhésus O, à jamais rhésus O, dans cet entre-deux d’un état des lieux, éclaboussant l’échelle des gènes, des nervures d’ions positifs et d’ions négatifs, des transgenres de tous les chiffons, des épousailles sur papier glacé d’une armée de poupées barricadées jusqu’aux racines carrées de leurs dents ».
On passe d’« errances éternelles » en langage presque codé comme dans une écriture à la « Dotremont » avec une mise en place d’idées sous-jacentes pourtant claires dans leurs dénonciations, même « si le tombeau des jours d’avant ignorait tout de ces saccages, de ce chaos à chaos et demi ».