Après Ces rêves qu’on piétine, Sébastien Spitzer signe un roman qui s’enracine dans le Londres de la seconde moitié du 19e siècle. C’est la révolution industrielle avec son lot d’innovations, de richesses accumulées et de misère inhérente à un système dévastateur du point de vue humain, révolution qui est ici un contexte qui devient un « personnage » essentiel.
Charlotte, une Irlandaise, débarque ainsi à Londres pour y trouver travail et logement. Les circonstances vont faire d’elle celle qui va élever le fils caché (jusque dans les années soixante) d’un certain Karl Marx. Telle est la structure du roman qui suit la vie de Freddy, le bâtard de Marx depuis sa naissance. Sa mère, la bonne de la famille Marx, accouche de Freddy, fruit d’une relation avec l’auteur du Capital alors que l’épouse était absente. Et c’est le premier paradoxe de ce texte qui dépeint un Marx théorisant, à force de travail acharné, les classes sociales que la révolution industrielle va user pour les unes, et favoriser pour les autres. C’est bien une morale bourgeoise qui va exclure de ce monde le fils illégitime dont on aura hâte de se débarrasser. Charlotte, qu’un hasard malheureux va faire rencontrer le docteur Malte, sera donc chargée de l’éducation de Freddy, allant jusqu’à la prostitution pour subvenir aux besoins quotidiens dans ce Londres où la misère le dispute aux révoltes.