Identification

Les Livres

Un éléphant, ça danse énormément, Arto Paasilinna (par Catherine Blanche)

Ecrit par Catherine Blanche , le Jeudi, 07 Novembre 2019. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Pays nordiques, Roman, Folio (Gallimard)

Un éléphant, ça danse énormément, septembre 2019, trad. finnois Anne Colin du Terrail, 304 pages, 7,90 € . Ecrivain(s): Arto Paasilinna Edition: Folio (Gallimard)

 

12 septembre 1986, triste jour en Finlande : Il est « désormais interdit, y compris dans les cirques, de présenter des spectacles mettant en scène des animaux sauvages. […] Mieux valait un éléphant mort qu’un éléphant exploité, tel était le mot d’ordre du jour ». Ainsi, Emilia, bébé éléphante de 7 mois, se retrouve privée de sa mère vendue en RDA. Lucia, sa soigneuse, décide de tout tenter pour la sauver.

Dans ce roman de Arto Paasilinna, on apprend beaucoup sur la gente éléphantesque. Par exemple :

– qu’ils font partie de la famille des proboscidiens ou périssodactyles ;

– que les plus grands représentants peuvent atteindre sept tonnes ;

– qu’ils « ont une large tête, avec une boîte crânienne composée d’os alvéolés au tissu spongieux pneumatisé » ;

– que « leurs sinus sont en partie tapissés de muqueuses et contribuent à la finesse de leur odorat » ;

Un soleil en exil, Jean-François Samlong (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Jeudi, 07 Novembre 2019. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Gallimard

Un soleil en exil, Jean-François Samlong, août 2019, 250 pages, 19 € Edition: Gallimard

 

Jean-François Samlong est écrivain, romancier, sociologue et réunionnais. Il était donc « écrit » qu’il s’intéresserait à cette tragédie sociale criminelle qu’a été la déportation de milliers d’enfants réunionnais de familles défavorisées et, partant, doublement déshéritées par ce démembrement imposé et légalisé, vers la métropole, et particulièrement vers la Creuse, entre 1962 et 1983, au double prétexte de la surpopulation et de la misère qui régnaient alors dans l’île.

La situation initiale :

La narratrice, Heva Lebihan, adolescente, est la fille aînée d’une femme de ménage vivant dans un écart de Saint-Denis. La situation familiale, déjà précaire avec les maigres émoluments que perçoit sa mère, se dégrade encore lorsque celle-ci, malade, n’a plus la force d’aller travailler. Heva, mineure, la remplace chez sa patronne, s’occupe de ses deux jeunes frères, Tony et Manuel, tient la maison et prend soin de sa mère.

Samedi soir, dimanche matin, Alan Sillitoe (par Yann Suty)

Ecrit par Yann Suty , le Mercredi, 06 Novembre 2019. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Iles britanniques, Roman

Samedi soir, dimanche matin (Saturday Night and Sunday Morning, 1959), Alan Sillitoe, Editions L’échappée octobre 2019, trad. anglais Henri Delgove, 288 pages, 20 €

 

Partout, dans tous les pays, le samedi soir a quelque chose de sacré. Même dans le Nottingham de l’après-seconde guerre, c’est une sorte de fièvre qui s’empare de la ville et de certains de ses habitants. Après une semaine passée à trimer à l’usine, il faut en profiter. Alors, on prend la direction des pubs et on enchaîne les verres jusqu’à plus soif. A l’occasion, on fait aussi quelques rencontres, parfois très charmantes. L’alcool est un bon stimulant pour enrichir sa vie en péripéties.

« Car c’était un samedi, soir, le meilleur moment de la semaine, celui où l’on s’amuse pour de bon, l’un des cinquante-deux jours de gloire de la grande roue de l’année qui tourne si lentement, le prologue échevelé d’un morne dimanche. Le samedi soir, les frénésies contenues toute une semaine se déchaînent sans contrainte, vous purgez à grands renforts de libations confraternelles votre individu de l’emprise de toute une semaine de boulot monotone à l’usine. Vous appliquez “le bonheur dans l’alcool”, vous pelotez la taille des femmes et sentez la bière se répandre délicieusement dans la masse élastique de vos entrailles ».

Une voyante passe aux aveux, Entretiens avec Marie-Noëlle Dompé, Valérie Fauchet (par Marjorie Rafécas Poeydomenge)

Ecrit par Marjorie Rafécas-Poeydomenge , le Mercredi, 06 Novembre 2019. , dans Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres

Une voyante passe aux aveux, Entretiens avec Marie-Noëlle Dompé, Valérie Fauchet, Editions Ipanema, octobre 2019, 233 pages, 17,90 €

Il existe, malheureusement, des dons que l’on subit. Certaines personnes possèdent en effet le don de « pré-voir ». Contrairement aux surdoués, les dons de voyance sont jugés douteux et sont ignorés par la science. Pourtant ces personnes « voyantes » n’ont pas décidé d’avoir ces « flashs », ils s’imposent à eux. Comment faire alors pour ne plus voir ?

Dans ce livre Une voyante passe aux aveux, le témoignage de Valérie Fauchet est troublant, sa vie ressemble à un roman fantastique. Pour donner du coffre à ses expériences, et prouver qu’elle n’a pas peur d’être titillée par l’exigence de preuves factuelles, l’auteure a eu la bonne idée d’être interviewée par une magistrate, Marie-Noëlle Dompé. La voyance au tribunal ? Oui, mais il ne s’agit pas pour autant d’un procès. Cette magistrate, aguerrie à l’impartialité, a joué le rôle de l’investigatrice bienveillante pour comprendre comment se manifeste cette méga intuition chez notre voyante peu commune. La voyance apparaît alors sous un autre jour, plutôt comme une hypersensibilité insoutenable. Comme une faille qui attire la lumière d’un flash.

Les Ruines de Port-Royal des Champs, Abbé Henri Grégoire (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Mardi, 05 Novembre 2019. , dans Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Editions Honoré Champion

Les Ruines de Port-Royal des Champs, Abbé Henri Grégoire, mai 2018, Édition nouvelle établie et annotée par Jean Lesaulnier, 222 pages, 39 € Edition: Editions Honoré Champion

Personne ne connaîtra jamais avec certitude le nombre exact de monastères qui virent le jour sur le sol européen, depuis l’avènement du monachisme jusqu’à la période moderne. Des milliers, des dizaines de milliers probablement, de l’humble prieuré de quelques moines à l’immense abbaye de Cluny, rayonnant sur plusieurs nations. Voici un premier paradoxe : il n’y a aucune commune mesure entre les dimensions du monastère de Port-Royal (on devrait d’ailleurs employer le pluriel, car il y eut deux établissements, l’un à Paris, l’autre – la maison-mère – dans la vallée de Chevreuse), son effectif réduit et son rayonnement, qui ne s’éteignit même pas lorsque Louis XIV eut fait raser l’abbaye et déterrer sauvagement religieux et religieuses défunts. Et nous trouvons là le second paradoxe : comme ces étoiles dont le rayonnement nous parvient alors qu’elles ont disparu depuis des millénaires, l’influence de Port-Royal s’étendit sur tout le XVIIIe siècle et bien au-delà encore. Les Ruines de Port-Royal des Champs sont une apologie, composée à une époque où les ruines sont un thème à la mode (on s’étonne de ne voir mentionné nulle part, sauf erreur, le nom de Volney, dont le maître-livre fut publié en 1791, dix ans avant la première édition des Ruines, confiées par l’abbé Grégoire aux Annales de la religion, puis remaniées et republiées en 1809, un siècle après la destruction de la célèbre abbaye).