Identification

Les Livres

Le Père, La Mère, Le Fils, Florian Zeller (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Mardi, 19 Novembre 2019. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

Le Père, La Mère, Le Fils, Florian Zeller, Gallimard, octobre 2019, 240 pages, 16 €

 

Théâtre, topique du rêve

J’ai abordé la trilogie des pièces de Florian Zeller consacrées à la famille par ce qui en fait le centre du livre, c’est-à-dire le texte La Mère. J’ai procédé ainsi parce que j’ai moi-même écrit un texte sur la physionomie intime de la mère, et j’espérais être en résonance avec le sujet. Cependant, la comparaison s’arrête là car ce texte, à la fois naturaliste et onirique, faisant peut-être le saut du Songe de Strindberg jusqu’à la Hedda Gabler d’Ibsen, est très personnel à l’auteur. Il n’y aurait en commun que la crise à laquelle nous assistons. Crise qui se décrit comme une limite à la santé mentale de la mère, légèrement abusive avec son fils, et dont le psychisme semble marqué par des moments de perte de contrôle et de répétitions névrotiques.

Encre sympathique, Patrick Modiano (par Marie-Pierre Fiorentino)

Ecrit par Marie-Pierre Fiorentino , le Lundi, 18 Novembre 2019. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Gallimard

Encre sympathique, octobre 2019, 138 pages, 16 € . Ecrivain(s): Patrick Modiano Edition: Gallimard

 

« Si vous avez parfois des trous de mémoire, tous les détails de votre vie sont écrits quelque part à l’encre sympathique ».

 

Modiano, qui a fondé son œuvre sur la mémoire, ses béances et ses obsessions, est-il bien sérieux lorsqu’il fait dire à son narrateur : « Il avait employé le passé. Et, brusquement, j’ai éprouvé une grande lassitude à évoquer le passé et ses mystères » ?

À moins qu’il n’adresse un clin d’œil à ses lecteurs fidèles pour souligner l’originalité de cette Encre sympathique. Car s’y déploie crescendo une légèreté qui ronronne d’abord dans les rues d’un Paris aux trottoirs presque usés par les pas de tous ses héros précédents, jusqu’à la surprise finale, à Rome. Car si Rome est la ville éternelle que Paris n’est pas, c’est qu’elle constitue un décor dans lequel passé et présent se confondent, comme dans l’esprit du narrateur : « Le présent et le passé se mêlent l’un à l’autre dans une sorte de transparence, et chaque instant que j’ai vécu dans ma jeunesse m’apparaît, détaché de tout, dans un présent éternel ».

La perte du réel, Des écrans entre le monde et nous, Michel Baglin (par Michel Host)

Ecrit par Michel Host , le Lundi, 18 Novembre 2019. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

La perte du réel, Des écrans entre le monde et nous, Michel Baglin, Éditions Rhubarbe, juillet 2019, 200 pages, 14 €

 

« Dans l’absolu, si le réel se perd, c’est le néant qui gagne », Michel Baglin

« Suis-je le gardien de mon frère ? » (Caïn à Yahvé, Genèse 4, 9)

 

Vie réelle et vie hors du réel

Michel Baglin, poète considérable, romancier, nouvelliste, essayiste, vient de nous quitter pour un monde dont nous ignorons tout, quoique certains puissent en disserter à l’infini. Son beau livre, réédité par Alain Kewes et ses éditions Rhubarbe, à Auxerre, fut publié une première fois en 1998 aux éditions N&B. On se dira qu’en vingt ans, le contexte a changé et que cet essai pourrait bien être devenu obsolète en bien des endroits. On risquerait de se tromper par systématisme.

Les Honneurs de La Cause Littéraire 2019

, le Vendredi, 15 Novembre 2019. , dans Les Livres, La Une Livres

 

 

Ces distinctions sont décernées par l’équipe de rédaction de la revue. Elles récompensent les 9 meilleurs livres de l’année 2019 parmi les livres recensés par nos rédacteurs et rédactrices.

Huysmans, Romans et nouvelles en la Pléiade (1) - Marthe, histoire d’une fille, Joris-Karl Huysmans (par Yann Suty)

Ecrit par Yann Suty , le Vendredi, 15 Novembre 2019. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, La Pléiade Gallimard

Marthe, histoire d’une fille, septembre 2019, 1856 pages, 66 € jusqu’au 31 mars 2020 . Ecrivain(s): Joris-Karl Huysmans Edition: La Pléiade Gallimard

 

Toute œuvre littéraire commence par… un premier livre publié. Certains écrivains peuvent faire des débuts tonitruants alors que, pour d’autres, un premier livre n’est qu’un coup d’essai, mais qui peut aussi poser les fondations de l’œuvre à venir. Aujourd’hui, Joris-Karl Huysmans fait son entrée dans la prestigieuse Collection de la Pléiade. Cette édition permet d’apprécier la trajectoire de l’auteur. Son premier roman, Marthe, histoire d’une fille, date de 1876. Huysmans est alors âgé de 28 ans. En postface, il précise qu’il a terminé son ouvrage précisément à ce moment-là, soit juste avant un roman de Goncourt consacré également à la prostitution. Qu’on ne l’accuse donc pas d’avoir copié !

Marthe est un court roman, quasiment une novella, menée à un rythme assez soutenu, où l’auteur enchaîne les séquences. Comme son titre l’indique, c’est l’histoire d’une fille. L’histoire ou plutôt à son chemin de croix, car rien ne va bien se passer pour Marthe. Quand s’ouvre le roman, elle vit ce que l’on pourra considérer, rétrospectivement, comme un moment de plénitude. Elle travaille alors dans un cabaret, le théâtre de Bobino, en tant que chanteuse. Les spectateurs raffolent de son numéro, car sa beauté les subjugue.