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Les Livres

Pastorale, Aki Ollikainen (par Delphine Crahay)

Ecrit par Delphine Crahay , le Lundi, 30 Mars 2020. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Pays nordiques, Roman, Héloïse D'Ormesson

Pastorale, Aki Ollikainen, janvier 2020, trad. finnois, Claire Saint-Germain, 144 pages, 16 € Edition: Héloïse D'Ormesson

 

Pastorale : « œuvre littéraire (poésie, roman, drame) qui relate la vie, les amours des bergers et des bergères dans le cadre conventionnel de la douceur champêtre » (Trésor de la langue française).

Il s’agit bien d’une œuvre littéraire. Il y est question, entre autres, d’un berger, qui partage peut-être avec ceux de la tradition une certaine candeur, de sa vie et de ses amours. Le cadre pourrait, si l’on évacue les connotations du terme et que l’on s’en tient à sa dénotation première, être qualifié de champêtre. Pour le reste, Pastorale n’en est pas une, comme on peut s’en douter : Aki Ollikainen subvertit les codes d’un genre qu’il serait bien malaisé, autrement, de remettre au goût du jour – sauf peut-être dans une certaine veine écolo-post-apocalyptico-décroissanto-minimaliste… qui nous semble suspecte.

Les Sœurs de Blackwater, Alyson Hagy (par Catherine Blanche)

Ecrit par Catherine Blanche , le Lundi, 30 Mars 2020. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Roman, Zulma

Les Sœurs de Blackwater, Alyson Hagy, janvier 2020, trad. anglais (USA) David Fauquemberg, 226 pages, 21,80 € Edition: Zulma

Une atmosphère lourde aux effluves narcotiques, cruels et sensuels, baigne cette histoire, en plein cœur des Blue Ridge Mountains de l’Est américain.

Nous voilà plongés dans un monde violent balayé par des hordes de mercenaires et de vagabonds.

Un pays à genoux après une guerre civile suivie d’épidémies et de fièvres ayant décimé les plus fragiles, entre autres les tout petits « que nul ne pouvait soigner ».

« Les villes s’étaient mises à pourrir de l’intérieur. Les hommes avaient commencé à s’emparer de tout ce qu’ils voulaient, ce qui leur faisait envie, et ils appelaient cela la loi ».

Hantée par le spectre de sa sœur défunte, l’héroïne du récit (son nom n’est jamais prononcé) vit seule sur les terres qui l’ont vu grandir. Elle rend service aux autres en usant de son don d’écriture et maintient grâce à ça un certain équilibre autour d’elle.

Elle passe aussi pour détenir des pouvoirs : « Elle pourrait médiciner ma peau pour la faire détacher de mes os. On dit qu’elle connaît les potions pour ça ».

Un jour comme les autres, Paul Colize (par Jean-Jacques Bretou)

Ecrit par Jean-Jacques Bretou , le Lundi, 30 Mars 2020. , dans Les Livres, Critiques, Polars, La Une Livres, Folio (Gallimard)

Un jour comme les autres, Paul Colize, mars 2020, 512 pages, 8 € Edition: Folio (Gallimard)

Comme un avertissement, en incipit, on trouve inscrite cette phrase de Climats d’André Maurois : « L’amour supporte mieux l’absence ou la mort que le doute ou la trahison ». Puis on enchaîne, comme un opéra construit en quatre actes, avec une ouverture : « Quel sangue versato al cielo s’innalza… », le chant de la reine vierge interprété par Beverly Sills dans Robert Devereux de Donizetti, dont le sujet est la trahison d’Elisabeth, par le comte d’Essex. Placé sous le double signe de la trahison et de l’opéra, le roman de Colize nous promet semble-t-il frissons et chants conjugués harmonieusement jusqu’à se perdre dans ce qui pourrait être un final en grincements de violons. La note est donnée.

À Ranco, sur les bords du lac Majeur se languit Emily, traductrice et soprano. Son compagnon, Eric Deguide, professeur de droit, est parti un beau matin, le vendredi 14 novembre 2014, il y a 614 jours, au volant de son véhicule pour ne plus réapparaître. On a découvert ce dernier, de marque SAAB, dans le parking de l’aéroport de Zaventem en date du 19 novembre 2014. Tout aurait pu en rester là si un geek, Michel Lambert, n’avait, ayant ouvert un forum en ligne consacré aux affaires criminelles belges, hameçonné une personne Axe-L prête à lui faire des révélations. Il n’en suffira pas plus pour qu’Alain Lallemand, journaliste d’investigation et son collègue Fred flairant la bonne affaire, « réveillent » le mystère de la disparition Deguide et se mettent en chasse.

Europe Odyssée, Jean-Philippe Cazier (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 30 Mars 2020. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, Poésie

Europe Odyssée, Jean-Philippe Cazier, éditions Lanskine, janvier 2020, 48 pages, 13 €

 

Chant choral des réfugiés

Écrire sur une action dramatique, voire sur une actualité brûlante et sans doute limitée dans le temps, sujette justement au sort de l’événementiel et de son traitement médiatique, représente une difficulté. Ici, traiter du parcours des réfugiés venus d’Asie ou d’Afrique jusqu’aux plages de Calais, ou pour être plus précis, vers tous les lieux de rétention, jungle ou autre colline au crack, ne cesse, ne se finit pas en sa propre description, sauf à trouver une langue qui ne tourne pas court, capable de suivre le temps à la fois ancestral et contemporain de la migration humaine. Ainsi, il est possible d’écrire le voyage et sa part brutale, où les langues justement, tiennent un rôle primordial. Cette expression, ce chant si l’on veut, est une supplique d’hommes qui pérégrinent, qui souffrent, sont incompris, et rejoignent en un sens le vaste langage, le « poème » tragique, le rang du chœur tragique de l’Antiquité d’Euripide ou de Sophocle. Europe Odyssée choisit le camp de l’odyssée, de l’Odyssée, de la rhapsodie, du récit des inconnus de la terre, des réprouvés, du monde épique et tragique des migrants en leur nouvelle définition sociale.

Le Monde selon Napoléon, Jean Tulard (par Vincent Robin)

Ecrit par Vincent Robin , le Vendredi, 27 Mars 2020. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Histoire

Le Monde selon Napoléon, Jean Tulard, Tallandier, coll. Texto, octobre 2019, 320 pages, 10 €

 

Qu’est-ce qui fonde les convictions des hommes d’Etat et, sous leurs effets, leur suggère une particulière façon d’agir ? S’agissant des hommes de pouvoir réputés au sein de l’Histoire universelle, probablement cette question préliminaire ne trouve-t-elle généralement de réponse satisfaisante qu’à l’aide d’un examen ordonné et resserré des choix politiques comparés ensuite aux agissements conduits dans leur logique. A travers son « Monde selon Napoléon » et grâce à un développement soumis aux aléas thématiques du repère alphabétique, le spécialiste et avisé historien Jean Tulard nous invite, de manière incontestablement originale, à nous instruire de la complexe mais singulière mouture humaine qui éleva le célèbre Bonaparte à la considération historique. Son monde : un monde ouvert à tout, auquel, selon ce peigne fin de la rubrique alphabétique, point d’illustration ne semblera faire lacune. Serait-on agacé tout au départ des sauts du coq à l’âne imposés par la lecture de cette sorte d’énumération thématique et rapportée sans liaison significative à une seule et même figure emblématique qu’au fil de cette dispersion devra-t-on admettre cependant que se dégage au final bel et bien la fibre unique, curieuse et synthétique du très ambitieux Corse devenu l’empereur original d’une République.