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Les Livres

Anatomie d’une larme, Debora Stein (par Murielle Compère-Demarcy)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Mardi, 06 Décembre 2022. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, Poésie

Anatomie d’une larme, Debora Stein, éditions Douro, octobre 2022, 114 pages, 18 €

De la liquidité amniotique aux liquidités telluriques et respiratoires, les mots de l’artiste peintre Debora Stein, diplômée des Beaux-Arts de Florence, émergent du ventre de la page par la bouche, l’œil, l’oreille du Langage malaxant le monde cosmique dans lequel nous naviguons, immergés, connectés que nous sommes à chaque instant par toutes les ouvertures du souffle et de notre étonnement. Parcours initiatique intime, avec « les yeux grand ouverts » (E. Zalts, à plusieurs reprises en exergue) ou rêveurs, ce récit nous propulse en autant d’états possibles de nos émotions, de nos métamorphoses (bactérie, poisson, crabe), de nos espoirs… Anatomie d’une larme nous rappelle, depuis notre poche onirique ou depuis notre inquiétude ou mélancolie, le chant polyphonique et poétique de nos origines, étirant au fil d’un temps psychologique élastique (« tempus ») et de sa trame narrative, notre conscience ombilicale toujours vivante après le déchirement originel, jusqu’à la relier à l’énergie des cellules souches, vivaces, vivantes, « lieu de tous les possibles où se dissolvent l’espace et le temps » ainsi que le note l’artiste Anna-Maria Celli en quatrième de couverture. Des voix invisibles nous murmurent ici les vibrations en mots de nos absents, tissant ad aeternam les liens indéfectibles qui nous relient à eux :

Hana, Alena Mornštajnová (par Anne Morin)

Ecrit par Anne Morin , le Lundi, 05 Décembre 2022. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Pays de l'Est, Roman

Hana, Alena Mornštajnová, Les éditions Bleu et Jaune, juin 2022, trad. tchèque, Benoît Meunier, 336 pages, 23 €

 

Hana, personnage mutique, décharné, maladif, d’apparence effrayante, tout de noir vêtue et toujours des mêmes vêtements, traverse ce roman comme une incarnation de la meurtrissure et de la mort.

Hana, Mira sa nièce, les autres, les événements personnels, politiques, effroyables, dévoilent peu à peu cette femme qu’on fuit, qui fuit. Dans son sillage rôdent la déchirure, la mort bien amarrée à elle… jusqu’au plus profond de l’horreur.

A la toute fin du roman cette femme, totalement innocente, entièrement défigurée par la vie se révèle un adjuvant incontrôlable, mû sans aucune sorte de culpabilité que celle de porter l’amour et également le malheur.

Hana, jeune fille a pour elle beauté, vivacité, intelligence du cœur et de l’âme, et une indéniable qualité de brodeuse. Elle ne se raconte pas, elle tisse innocemment la blessure, préside malgré elle au destin des siens, personnage central qui revient d’au-delà de l’horreur – pour encore – la semer.

Corps habitable, Michel Bourçon (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Vendredi, 02 Décembre 2022. , dans Les Livres, Recensions, La Une Livres, Poésie

Corps habitable, Michel Bourçon, Sinope Editions, octobre 2022, 104 pages, 7 €

 

Michel Bourçon vient de publier son 41ème recueil de poèmes. En tant que lecteur admiratif de sa poésie, c’est mon quatorzième livre de Bourçon.

« immobile derrière les vitres

on guette le mot

qui en amènerait d’autres

dans ce présent hanté par les souvenirs

avec ce peu de lumière

caressant le peu qui demeure

au cœur de ce moment où tout se fond

parmi le neutre »

(…) (p.43)

Les Poésies d’A. O. Barnabooth, Valery Larbaud (par Patrick Abraham)

Ecrit par Patrick Abraham , le Vendredi, 02 Décembre 2022. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, Poésie

Valery Larbaud, Les Poésies de A.O Barnabooth, Poésie / Gallimard, 1966, 123 pages, 6, 80 euros.

 

« (…) grands dieux neurasthéniques

Et farouches, est-ce vous qui me dictez ces accents,

Ou n’est-ce qu’une illusion, quelque chose

De moi-même purement – un borborygme ? » (V. L. Ma muse)

 

1913. Année faste pour la littérature française. Publication d’Alcools d’Apollinaire, de la Prose du Transsibérien et de la petite Jehanne de France de Cendrars et des Œuvres complètes d’A.O. Barnabooth de Larbaud (La Nouvelle Revue Française). Les Poèmes par un riche amateur avaient d’abord paru en 1908 (éd. A. Messein). La réédition de 1913 est, selon l’expression consacrée, « revue et corrigée ».

Les œuvres éternelles suivi de La rose céleste, Thibault Biscarrat (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 01 Décembre 2022. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie

Les œuvres éternelles suivi de La rose céleste, Thibault Biscarrat, éditions Ars Poetica, septembre 2022, 60 pages, 10 € . Ecrivain(s): Thibault Biscarrat 

« Les voix, les versets me sont choses familières. J’attends au pied de la montagne pour qu’il m’indique Sa royauté. Alors le verbe se fera écriture, encre indispensable » (Thibault Biscarrat, Les œuvres éternelles).

« Voyez l’or, plus vous le faites fondre, plus il s’affine. Quand il est purifié à 24 carats, il ne se réduit plus à quelque chaleur qu’on le soumette, car il n’a plus d’alliage impur qui se puisse consumer. Ainsi en va-t-il de l’âme qui se purifie au feu divin » (Paul Claudel, Journal, Janvier 1924).

Une revue littéraire, comme La Cause bien nommée, sert aussi parfois à accompagner, livre à livre, souffle à souffle, l’itinéraire littéraire d’un romancier ou d’un poète. Les livres sont là, et les recensions suivent mot à mot cette aventure romanesque, poétique, et profondément inspirante pour le lecteur. Elles suivent et accompagnent l’écrivain dans son évolution, ses transformations, ses admirations, ses saisissements littéraires. C’est le cas de celles consacrées à Thibault Biscarrat depuis son premier opus, Dolmancé, puis L’homme des grands départs, ou encore Chant Continu et L’Initié.