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Les Livres

Les Honneurs de La Cause Littéraire 2022

Ecrit par La Rédaction , le Dimanche, 30 Octobre 2022. , dans Les Livres, Essais, La Une Livres, Poésie, Roman, Nouvelles, En Vitrine


Sont désignés meilleurs ouvrages dans leur catégorie les livres suivants :

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Roman français : Minuit dans la ville des songes, René Frégni (Gallimard)

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Roman étranger : Les aventures d’un sous-locataire, Iouri Bouïda (Gallimard)

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Poésie : Antinoüs, Fernando Pessoa (ErosOnyxEditions)

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Essai : Portraits de pessimistes, Paul-Armand Challemel-Lacour (Ed. des instants)

Athéisme et dissimulation au XVIIe siècle, Guy Patin et le « Theophrastus redivivus », Gianluca Mori (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Vendredi, 28 Octobre 2022. , dans Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Editions Honoré Champion

Athéisme et dissimulation au XVIIe siècle, Guy Patin et le « Theophrastus redivivus », Gianluca Mori, avril 2022, 414 pages, 68 € Edition: Editions Honoré Champion

 

Aussi loin que l’on puisse remonter, l’humanité a adoré des dieux. Le plus ancien temple connu à ce jour, le mystérieux sanctuaire de Göbekli Tepe (Turquie), transcrit dans la pierre une théologie que l’on devine élaborée, bien qu’incompréhensible en l’absence de textes fondateurs ou de témoignages. Plus nombreuses encore que les religions, les hérésies tentèrent d’en infléchir l’un ou l’autre aspect. La plupart de ces hérésies disparurent avec leur fondateur, parfois même avant lui. D’autres traversèrent l’histoire. Le judaïsme en produisit peu, tandis qu’on a pu compiler des dictionnaires des hérésies chrétiennes, tant elles foisonnèrent.

Face à ces religions qui ne peuvent pas toutes être vraies en même temps, l’athéisme ne constitue pas une hérésie supplémentaire, mais la négation pure et simple de toute divinité et, partant, de toute religion. Sans doute y eut-il des athées en Grèce, à Rome ou durant le Moyen Âge, mais ils s’abstinrent prudemment de publier leurs opinions.

Courbure de la terre, Jonas Fortier (par Marc Wetzel)

Ecrit par Marc Wetzel , le Vendredi, 28 Octobre 2022. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, Poésie

Courbure de la terre, Jonas Fortier, L’Oie de Cravan, Montréal, mai 2022, 96 pages, 14€

 

« la pluie violette

sur la terrasse noire

minuit, le ciel foncé

comme le thé de la veille

seule au milieu de la cuisine

ma colocataire laisse couler

des larmes d’ouvrière

sur le calendrier

elle pense à son frère, dehors

les taxis sont couchés sur le dos » (p.85)

Le célibataire absolu, Pour Carlo Emilio Gadda, Philippe Bordas (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 27 Octobre 2022. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Gallimard

Le célibataire absolu, Pour Carlo Emilio Gadda, Philippe Bordas, Gallimard, septembre 2022, 432 pages, 30 € Edition: Gallimard

 

« Je n’avais pas devant moi le visage de Gadda, que je ne connaissais pas, mais le sosie du vieil homme qui m’avait appris à lire, quand j’étais enfant, ce grand-père qui me lisait Le Comte de Monte-Cristo et me gardait sur ses genoux pendant qu’il remplissait ses grilles de mots croisés. Ce n’est pas pour ce que ce titre promettait d’introspection stoïcienne et de pathétique que j’ai acheté La Connaissance de la douleur, mais pour cette ressemblance si frappante avec celui qui m’ouvrait aux mystères de Hugo et Dumas sur la toile cirée d’une cuisine de Corrèze ».

Les grands livres naissent parfois de hasards heureux, de concordances, de combinaisons romanesques qui font se rencontrer des visages, des destins, des styles, des manières d’être, de vivre et donc d’écrire. Ici c’est la rencontre entre le portrait de Carlo Emilio Gadda qui figure en médaillon dans la première édition de La Connaissance de la douleur, publié par les éditions du Seuil et traduit par Louis Bonalumi et François Wahl, et celui du grand-père de Philippe Bordas, le mirage d’une vignette, l’illusion d’une parenté.

L’Art de la mémoire, Frances A. Yates (par Didier Smal)

Ecrit par Didier Smal , le Jeudi, 27 Octobre 2022. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

L’Art de la mémoire, Frances A. Yates, Folio, avril 2022, trad. anglais, Daniel Arasse, 640 pages, 14,90 €

 

La légende veut que le pharaon à qui fut présentée l’invention de l’écriture s’en indigna, car là où le scribe inventeur voyait une possibilité d’affranchir l’être humain des limites de sa mémoire, le roi y voyait une perte de celle-ci. Ce pharaon serait aujourd’hui horrifié car est arrivé à la mémoire humaine bien pire, selon sa croyance, que l’écriture : l’externalisation de la mémoire vers le numérique, cette délégation d’une partie des capacités mémorielles vers un disque dur ou vers le cloud. Pour faire simple, l’humain doit désormais juste mémoriser un chemin vers l’information et la nature de celle-ci, mais plus l’information en question ; de façon caricaturale, c’est se souvenir du dossier dans lequel sont conservées les photos de vacances, mais plus des détails des vacances en question. Et si le support numérique est perdu, le souvenir est perdu, c’est aussi simple que cela, puisque le cerveau s’est en quelque sorte déchargé de la nécessité mémorielle vers ce support, physique ou virtuel.