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Les Livres

Le Langage de la nuit, Ursula K. Le Guin (par François Baillon)

Ecrit par François Baillon , le Mercredi, 25 Janvier 2023. , dans Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres

Le Langage de la nuit, Ursula K. Le Guin, Aux Forges de Vulcain, 2016, 168 pages, 12 €

 

 

Au cours de sa carrière d’écrivain, Ursula K. Le Guin a eu plusieurs fois l’occasion de faire entendre sa voix lors de conférences ou de discours officiels. Ainsi, elle s’est souvent prononcée sur l’importance, en littérature, que représentent les genres de la fantasy et de la science-fiction, notamment quand un écrivain sait utiliser avec patience et talent les ressources attachées à ces genres, dans l’optique de tendre un reflet déformé, mais admirablement inventif dans sa finalité, des sociétés humaines.

Parmi les textes ici réunis, elle revient sur certaines positions qu’elle défend et sur ce qu’elle a souhaité insuffler dans ses propres romans, issus des genres précités. Indiquons au passage que ces courts essais ont tous été écrits entre 1973 et 1977.

Voyage en haute Connaissance, Bertrand Vergely (par Marc Wetzel)

Ecrit par Marc Wetzel , le Mercredi, 25 Janvier 2023. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

Voyage en haute Connaissance, Bertrand Vergely, Les éditions du Relié (Guy Trédaniel), janvier 2023, 336 pages, 18 €

 

Le sous-titre de cet essai (Philosophie de l’enseignement du Christ) en indique clairement l’objet et l’enjeu ; une interprétation spéculative (mais ardente, et joyeuse !) de la nature du Christ et du message évangélique depuis l’idée d’une Vie infinie qui s’incarne en lui, et vient nourrir exemplairement la capacité propre à l’homme, par sa raison consciente et libre, de « faire vivre la vie même qui est en lui ». Or le constat de l’auteur (p.120) est sans appel : « Nous voulons apporter une réponse aux questions que pose la vie et nous ne sommes pas vivants ! ». Or « il faut être un être humain qui est. Pour être cet être humain, il faut avoir rencontré l’être, ce qui fait être et celui qui est et qui fait être. Le Christ a cette science » (p.89). « Haute Connaissance » est donc d’abord la science de vivre de tout son être ! C’est pourquoi, l’idée de vie étant omniprésente ici, quelques mots sur son sens (d’abord bien sûr biologique), pourront aider à saisir à quel titre, selon Bertrand Vergely, une Vie divine pourrait éclairer toute vie humaine depuis celle même du Christ.

La dernière porte avant la nuit, António Lobo Antunes (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mardi, 24 Janvier 2023. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Langue portugaise, Roman, Christian Bourgois

La dernière porte avant la nuit (A Última Porta Antes da Noite), António Lobo Antunes, Ed. Christian Bourgois, avril 2022, trad. portugais Dominique Nédellec, 462 pages, 23,50 € . Ecrivain(s): Antonio Lobo Antunes Edition: Christian Bourgois

Si l’on veut chercher une scansion apparente dès les premières pages de ce roman, on en sera pour ses frais. Lobo Antunes compose une symphonie noire et baroque par couches successives, le rythme du récit, ses respirations, ses envolées, s’élaborent par l’acte de lecture lui-même, qui vient co-signer cette œuvre, en lui donnant une structure qui, de n’être pas apparente d’emblée, n’en est que plus puissante, plus époustouflante. Pas un point – pas un seul – ne viendra troubler le jeu de reconstruction du labyrinthe littéraire que nous offre Lobo Antunes, mais un échange permanent d’échos sonores qui rebondissent de chapitre en chapitre, de paragraphe en paragraphe, captant en phrases itératives la scène centrale du roman, le meurtre de « l’homme ». Ne faites pas de mal à ma fille / Ne faites pas de mal à ma fille / … comme le chant de mort de la victime, basse continue qui obsède les quatre assassins, occupe le fond de leur tête et entrecoupe le flux de leurs pensées. L’autre thrène obsessionnel, sans corps il n’y a pas de crime / sans corps il n’y a pas de crime / … est le pendant de la dualité culpabilité-crainte du châtiment, hommage à Dostoïevski dont l’ombre couvre les pages de ce livre, tout au long de l’arc narratif, du crime au châtiment.

La Chine en partage. Les écrits sinophiles du Père Matteo Ricci, Matthieu Bernhardt (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Lundi, 23 Janvier 2023. , dans Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres

Matthieu Bernhardt, La Chine en partage. Les écrits sinophiles du Père Matteo Ricci, Genève, Droz, 2021, 470 pages, 41, 15 €.

 

 

Le Grand Dictionnaire de la langue chinoise, publié en sept beaux volumes (2001), le meilleur dictionnaire chinois-français et par ailleurs un des meilleurs dictionnaires chinois au monde (ainsi qu’une encyclopédie de cette civilisation millénaire) s’appelle familièrement le « Ricci », du nom des Instituts Ricci de Taïwan, qui dirigèrent cette admirable entreprise. Pourquoi ce lexique porte-t-il un nom si peu chinois ? Qui fut Matteo Ricci (1552-1610) ? Un des personnages les plus extraordinaires de l’histoire mondiale et, paradoxalement, un homme peu connu, en Occident du moins, car les Chinois (et pas seulement ceux de Taïwan) cultivent sa mémoire. Sur un bas-relief exposé à Pékin, commémorant les grands historiens de la Chine, il est un des deux seuls étrangers représentés, l’autre étant Marco Polo. On ne doit pas seulement à ce contemporain de Henri IV (ils moururent à trois jours d’intervalle, l’un ignorant probablement l’existence de l’autre) d’avoir revêtu le patronyme de Kong Qiu Zhongni de la robe latine sous laquelle il est connu (Confucius).

Zao, un mari, Myriam Dao (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Vendredi, 20 Janvier 2023. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Editions Des Femmes - Antoinette Fouque

Zao, un mari, Myriam Dao, parution le 12 janvier 2023, 13 € Edition: Editions Des Femmes - Antoinette Fouque

 

Les projets de voyages, le montant exorbitant de la dernière facture d’électricité, le prix des mangues chez Grand frais, l’ordonnance à renouveler, les clients de mon père qui demandent des produits sans gluten, les points de retraite de Maman…

[…]

Je le laisse se reposer. Il est fatigué d’avoir traîné sa valise, son coffre aux mille trésors qu’il a porté de Saïgon jusqu’au Cambodge, du Cambodge jusqu’à la jungle thaïlandaise, des tours miteuses du XIIIe arrondissement jusqu’à notre maison de Hayange. Il me le donne et, avec lui, le poids de son histoire, son héritage, mon héritage. Le plus beau qui soit.

Émilie Tôn, Des rêves d’or et d’acier

Trente glorieuses