Les œuvres éternelles suivi de La rose céleste, Thibault Biscarrat (par Philippe Chauché)
Les œuvres éternelles suivi de La rose céleste, Thibault Biscarrat, éditions Ars Poetica, septembre 2022, 60 pages, 10 €
Ecrivain(s): Thibault Biscarrat« Les voix, les versets me sont choses familières. J’attends au pied de la montagne pour qu’il m’indique Sa royauté. Alors le verbe se fera écriture, encre indispensable » (Thibault Biscarrat, Les œuvres éternelles).
« Voyez l’or, plus vous le faites fondre, plus il s’affine. Quand il est purifié à 24 carats, il ne se réduit plus à quelque chaleur qu’on le soumette, car il n’a plus d’alliage impur qui se puisse consumer. Ainsi en va-t-il de l’âme qui se purifie au feu divin » (Paul Claudel, Journal, Janvier 1924).
Une revue littéraire, comme La Cause bien nommée, sert aussi parfois à accompagner, livre à livre, souffle à souffle, l’itinéraire littéraire d’un romancier ou d’un poète. Les livres sont là, et les recensions suivent mot à mot cette aventure romanesque, poétique, et profondément inspirante pour le lecteur. Elles suivent et accompagnent l’écrivain dans son évolution, ses transformations, ses admirations, ses saisissements littéraires. C’est le cas de celles consacrées à Thibault Biscarrat depuis son premier opus, Dolmancé, puis L’homme des grands départs, ou encore Chant Continu et L’Initié.
Se noue ainsi une complicité de lecteur à auteur, une société secrète disait Julien Gracq. Dans son dernier livre, cette société secrète pourrait se nourrir de la Bible chrétienne et hébraïque, du Nouveau Testament, et d’écrits de Paul Claudel, de Bernanos, de Péguy, de Mauriac, de Chateaubriand, et d’une myriade d’écrivains qui se sont inspirés du Livre, ou qui l’ont laissé s’immiscer dans leurs œuvres, tant Les œuvre éternelles en est illuminé, accordé poétiquement. Les œuvres éternelles est un livre inspiré, animé par un souffle divin, ce souffle est un mot, une parole, une musique, une vision inspirante. L’éternité romanesque et poétique de Thibault Biscarrat est un langage qui creuse le texte premier, fondateur, pour en faire apparaître au grand jour, tous ses trésors enfouis. C’est aussi une musique, ne jamais oublier que l’auteur est musicien – Le ciel et la terre ne suffiront pas à contenir mon chant –, une mélodie qui harmonise les sensations, les visions, des phrases qui se lisent comme une partition accordée en clé de joie, qui pourrait être l’autre nom de la Bible, dont les Psaumes et les Versets notamment irriguent Les œuvres éternelles. Fidèle à l’évangile de Jean, le miracle de ce livre tient au verbe, à la parole qui dévoile.
« Ma voix s’élève et frôle les astres. Les versets et les cantiques cheminent. Il est un dire saint et immaculé. Il est un dire vif et ardent. Son bras commande » (Thibault Biscarrat, Les œuvres éternelles).
« Je veux chanter la grâce et le jugement,
pour toi, Iahvé, je peux psalmodier,
je veux étudier la voie parfaite,
la vérité viendra vers moi.
Je cheminerai dans la perfection de mon cœur
à l’intérieur de ma maison,
je ne mettrai devant mes yeux
rien de mauvais ».
Psaume CI, Programme d’un prince idéal, Psaume de David (traduction Edouard Dhorme), La Bible, L’Ancien Testament (Edition de la Pléiade, Gallimard, 1959).
Thibault Biscarrat s’immerge dans les textes sacrés, il les tient à portée de voix et de plume, il les fait siens, dialogue avec eux, et les inscrit dans sa démarche poétique et romanesque. Et encore une fois, il s’agit de trouver l’accord juste, la mélodie parfaite, divine, la phrase qui sonne juste, qui s’écoute en se lisant. Cette immersion sacrée illumine l’écriture de Thibault Biscarrat, où chaque phrase s’éclaire de mille feux comme un vitrail. Ce petit livre est précieux comme un éclat de lumière, il ouvre de nouveaux horizons littéraires à l’auteur qui poursuit cette immersion dans le verbe, autrement dit, dans la poésie romanesque.
Philippe Chauché
Thibault Biscarrat publie des petits livres vifs et inspirés depuis 2015 : Dolmancé, Le Dernier Lieu suivi de Jardins (Abordo), Le Livre de mémoire suivi de La Lettre première, L’homme des grands départs (Prix du meilleur recueil de poésie de l’année 2020 de La Cause Littéraire, éd. des Vanneaux), Une Couronne d’Orage suivi de Beauté et de Royauté (éd. Ars Poetica), Chant continu (éd. Conspiration) et L’Initié suivi de La libre étendue et de L’incandescence (éd. Ars Poetica).
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