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La Une Livres

Le Val sans Retour, Éric Costan (par Parme Ceriset)

Ecrit par Parme Ceriset , le Jeudi, 18 Novembre 2021. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Poésie, Editions Douro

Le Val sans Retour, Éric Costan, Éditions Douro, mars 2021, 139 pages, 16 €

 

 

La poésie d’Éric Costan, dans ce recueil merveilleusement accompagné de dessins d’Armelle Le Golvan, nous immerge dans un univers mystérieux composé de tout ce qui ne tombe pas sous le sens. Les métaphores sont percutantes et inattendues, très visuelles ; elles plantent, dans l’esprit du lecteur, une scène, un décor déconcertants, installant petit à petit une atmosphère brumeuse et végétale, un monde de silence, de fantômes et de feux-follets.

Les mots sont forts, oppressants quelquefois : « Imagine un matin / le cœur enserré dans un poing / la rivière nous a quittés / Avec les enfants trop grands / l’amour s’est envolé / définitivement ».

Les éléments naturels et une réalité presque douloureuse s’impriment au cœur-même des organes :

Volvere, Alban Kacher (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Mercredi, 17 Novembre 2021. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Poésie

Volvere, Alban Kacher, éditions de La Crypte, juin 2021, 80 pages, 12 €

 

« La joie océane » des voyages

Alban Kacher, jeune poète de la Crypte, né en 1998, propose son premier livre, Volvere, sorti en ce juin 2021.

Le grand air des voyages nous vaut des versets au lyrisme âpre : « Je n’ai pas faim vraiment

ni soif juste

le torse qui se creuse

rêve de tempête dans la gorge »

Près du corps et de ce qui peut s’y échouer (langue), le poète décrit « des muscles qui saillent », la sueur de « ma vie de nomade ».

L’Insigne rouge du courage, Stephen Crane (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mardi, 16 Novembre 2021. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, USA, Roman, Gallmeister

L’Insigne rouge du courage (The Red Badge of Courage, 1895), Stephen Crane, trad. américain, Pierre Bondil, Johanne Le Ray, 211 pages, 8,50 € Edition: Gallmeister

 

Roman culte, source de toute littérature sur la guerre de Sécession, ce livre est d’abord – dans son ouverture – une série de tableaux vivants de scènes de la terrible guerre civile qui ensanglanta l’Amérique de 1861 à 1865. Tableaux au sens le plus pictural du terme, tant ombres et lumières, éblouissements et ténèbres, couleurs et reflets s’entrecroisent et se disposent à la manière de l’art d’un peintre. Le champ lexical visuel envahit le récit, envoyant comme une obsession des images qui marquent l’imagination et la mémoire. Aux scènes toujours en mouvement de Shelby Foote (Shiloh) et de Lance Weller (Wilderness, Le cercueil de Job), Stephen Crane fait écho au contraire par l’immobilité des moments de la narration. Si Foote et Weller ont proposé des séquences filmiques, Crane propose une projection de diapositives, de photos fixes. A l’opéra, Crane préfère des tableaux enchaînés à la manière d’Henry Purcell dans son King Arthur, arias sombres et graves succédant à arias guerriers et éclatants.

En mémoire d’une saison de pluie, Fouad El-Etr (par Laurent Fassin)

Ecrit par Laurent Fassin , le Lundi, 15 Novembre 2021. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Gallimard

En mémoire d’une saison de pluie, Fouad El-Etr, mai 2021, 304 pages, 20 € Edition: Gallimard

 

Ce livre est un enchantement et, peu importe au fond, que nous l’appelions roman alors qu’il a tous les attraits d’un conte pour grandes personnes. Peu importe même qu’à raison de l’univers qu’il dépeint, des images qu’il suscite, de la langue et du souffle envoûtants, teintés d’érotisme, qui l’animent, nous le jugions d’autrefois alors qu’il nous parle d’hier, des amours de jeunesse et des mythes de toujours ; des projections sans suite et des authentiques douleurs d’un siècle qui a précédé le nôtre. Un éveil des sens au fil d’une plume alerte, à frôler les forêts, à en atteindre le cœur, à se perdre en vertiges, en caresses, en parfums, une Diane chasseresse découvrant ses appâts, Icare chutant du haut des utopies : voilà en bref ce livre, le point d’orgue d’une vie.

Né à Alexandrie Fouad El-Etr, son auteur, est d’origine libanaise. Il fête en 2021 ses 79 ans. Cet amoureux des langues (le français, l’anglais, l’allemand, l’Italien, le hongrois, l’arabe et même le japonais) a un goût prononcé de la belle ouvrage. Son œil très sûr, son sens de la composition doublé d’une indépendance farouche, l’ont conduit à fonder en 1967, seul et à contre-courant la somptueuse revue La Délirante, puis la maison d’édition éponyme.

Les chants d’Éros, Claude-Raphaël Samama (par Fulvio Caccia)

, le Lundi, 15 Novembre 2021. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Poésie, Roman

Les chants d’Éros, Claude-Raphaël Samama, Éditions Baudelaire, avril 2021, 152 pages, 12 €

 

Les chants d’Éros : le retour du lyrisme épique

D’entrée de jeu, la page-titre annonce la couleur : c’est un poème dont il s’agit mais pas n’importe lequel, un « roman poème ». Qu’est-ce à dire ? Laissons Claude-Raphaël Samama, auteur pluridisciplinaire dont c’est la 13e œuvre littéraire s’expliquer sur ses intentions : « On trouvera dans Les chants d’Éros ces ingrédients (personnages, progression, narration…) sauf qu’au roman supposé se mêle le parti pris d’une autre écriture, un autre rythme, une “poétisation” – un enchantement – qui voudrait introduire la dimension d’une autre langue. Celle des fous, des mages et des dieux, où, de plus, en majesté, l’antique Éros, universel et sibyllin, revisiterait les jours ». Cette préface résonne comme un manifeste. Et un sacré défi. Car si on lit bien entre les lignes, l’auteur sonne l’heure de la revanche pour la poésie sur le roman dans l’espace littéraire.