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La femme qui a tué les poissons, et autres contes, Clarice Lispector (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Vendredi, 14 Janvier 2022. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Amérique Latine, Nouvelles, Editions Des Femmes - Antoinette Fouque

La femme qui a tué les poissons, et autres contes, Clarice Lispector, décembre 2021, trad. portugais (Brésil) Izabella Borges, Teresa Thiériot, ill. Julia Chausson, 104 pages, 15 € . Ecrivain(s): Clarice Lispector Edition: Editions Des Femmes - Antoinette Fouque

 

Le cafard est aussi une bête

Dans une toute récente traduction de contes, Clarice Lispector (1920-1977) fabrique de courtes nouvelles pour enfants avec ce recueil intitulé La femme qui a tué les poissons et autres contes. Ces contes sont suivis d’un texte inédit, Comme si c’était vrai. Les différentes histoires sont illustrées par une trentaine de gravures sur bois bichromiques et trichromiques (vert olive, émeraude clair et moutarde), de Julia Chausson (née en 1977). Certaines gravures situeraient l’illustratrice du côté de Félix Vallotton ou de Paul Gauguin, au vu des angles, des lignes noires et épaisses et du traitement graphique sans ombres portées.

Dire ton nom, Max Alhau (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Vendredi, 14 Janvier 2022. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Poésie

Dire ton nom, Max Alhau, Les Lieux Dits, 2021, Coll. Les Cahiers du Loup bleu, Ill. Germain Roesz, 40 pages

Ce qui intrigue bien sûr, dans ces poèmes, c’est le « nom » qui ne sera jamais prononcé, gage à la fois de mémoire, de respect et d’étrangeté.

Le poète décline ainsi sur une petite quarantaine de pages le « visage », la lumière de cette figure secrète, riche et féconde de tous les signes.

Elle est ce « tu » auquel nombre de poèmes s’adressent :

 

Tu ne te dérobes pas au blizzard,

à ce qui brise la marche.

(…)

Tu es l’habitante d’un pays

dont les légendes fortifient la réalité.

Colonne, Adrien Bosc (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 13 Janvier 2022. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Stock

Colonne, janvier 2022, 120 pages, 18,50 € . Ecrivain(s): Adrien Bosc Edition: Stock

 

« Ils traversaient les villages déserts, d’autres en liesse. Ils roulaient à bord d’une Ford noire, le toit ouvert. Elle interrogeait les paysans, et Ridel et Carpentier jouaient les interprètes. Ils riaient beaucoup. C’était un trio libre qui traçait la campagne ».

« Elle contemplait les feuilles des arbres, le ciel bleu, les avions qui allaient et venaient, piquaient net puis mitraillaient le sol. D’énormes obus labouraient les terrains, là une meule explosait et s’éparpillait comme une boule de pissenlit, ici un cabanon de pierres s’effondrait ».

Colonne est le dernier tableau d’un triptyque littéraire qui a vu naître et paraître Constellation (1), puis Capitaine (2). Pour ce roman, Adrien Bosc, s’est attaché à la présence de la philosophe Simone Weil à Barcelone et sur le front, durant les premiers temps de la Guerre d’Espagne. Présence dont on ne sait que très peu de choses, quelques feuillets de son Journal d’Espagne. Présence au sein de la Colonne Durruti (3) qui regroupe des anarchistes de la CNT et de la FAI, et compte dans ses rangs de nombreux étrangers, une collision de destins rassemblés en une communauté provisoire. Présence au temps de l’action, et à celui de la pensée : Écrire, penser, agir sont une seule et même chose.

Daïku, Marc Gadmer (par Laurent Bettoni)

Ecrit par Laurent Bettoni , le Jeudi, 13 Janvier 2022. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Roman

Daïku, Marc Gadmer, éditions Frison-Roche Belles-Lettres, septembre 2021, 212 pages, 19 €

 

Devant cet opus de Marc Gadmer, rédacteur en chef adjoint chez Femme actuelle pour la partie édition, on pourrait penser : encore un roman de journaliste. Et ne pas y voir forcément un compliment. Mais après lecture, nous serions bien obligés d’inverser le propos et d’admettre que l’homme est peut-être bien plutôt un romancier qui fait du journalisme, tant il maîtrise l’art de la narration et de la mise en scène.

Le prologue donne la mesure et scotche littéralement le lecteur, que le narrateur omniscient, tel un dieu ou un diable farceur, tient en haleine dès cet instant jusqu’à la dernière page. Ceux qui connaissent le film penseront à la scène mythique d’Apocalypse Now (Francis Ford Coppola) dans laquelle, au son de La Chevauchée des Walkyries craché à pleine puissance, des hélicoptères américains massacrent un village vietnamien.

Vivian Maier, en toute discrétion, Françoise Perron (par Arnaud Genon)

Ecrit par Arnaud Genon , le Mercredi, 12 Janvier 2022. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Arts

Vivian Maier, en toute discrétion, Françoise Perron, Éditions Loco, septembre 2021, 228 pages, 19 €

Sur les traces de Vivian Maier

Exposée au Musée du Luxembourg (septembre 2021/février 2022) ainsi qu’à la Galerie Les Douches aux côtés d’Hervé Guibert (novembre 2021/février 2022), Vivian Maier a été l’une des photographes les plus en vue de ces derniers mois. Il est ainsi logique qu’elle ait fait par ailleurs l’objet de plusieurs publications parmi lesquelles le livre de Françoise Perron, Vivian Maier, en toute discrétion. Jusqu’à maintenant, les admirateurs de la nounou photographe avaient dû se contenter, en France, du livre de Gaëlle Josse, Une femme en contre-jour (Notabilia, 2019), un portrait flou, impressionniste, qui n’apportait pas grand-chose de plus que le très beau documentaire réalisé par John Maloof et Charlie Siskel, Finding Vivian Maier, dont l’auteure s’était trop largement inspirée.

Françoise Perron s’est basée, elle, sur de nombreux témoignages recueillis en France et à Chicago ainsi que sur une bibliographie étoffée afin de tenter de percer les secrets d’une des photographes les plus talentueuses de son temps mais aussi une des plus mystérieuses figures de l’histoire de la photographie : « Vivian Maier n’accepta jamais de parler d’elle ou de sa famille. Elle mit toujours un coup d’arrêt à toute velléité de quiconque prétendait violer son intimité ».