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La Une Livres

Un petit geste, Jacqueline Woodson (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Vendredi, 08 Octobre 2021. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Jeunesse

Un petit geste, Jacqueline Woodson, éditions D’Eux, août 2021, Ill. Earl Bradley Lewis, trad. Christiane Duchesne, 32 pages, 15 €

 

Enfance troublée

Le nouvel album des éditions D’Eux vient de paraître, intitulé Un petit geste, et destiné aux enfants dès l’âge de 5 ans. Ce livre jeunesse grandement imagé, aux dimensions de 23x21 cm et de 32 pages, est adressé au personnel et aux ami(e)s de l’école Haddonfield Friends, une école quaker à Camden, New Jersey. Jacqueline Woodson, l’auteure, née en 1963 à Columbus, Ohio, est une femme de lettres afro-américaine. En 2018, elle reçoit le prix commémoratif Astrid-Lindgren, et en 2020, elle est à nouveau sélectionnée pour le Prix international danois Hans-Christian-Andersen, dont elle avait été finaliste en 2016. Earl Bradley Lewis, artiste afro-américain lui aussi, né en 1956, à Philadelphie, Pennsylvanie, a illustré plus de 70 livres pour enfants. Ayant été honoré de plusieurs prix, en 2003 nombre de ses aquarelles originales ont été acquises par The Kerlan Collection à l’Université de Minnesota.

Insula Bartleby, Serge Airoldi (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 07 Octobre 2021. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Essais, Editions Louise Bottu

Insula Bartleby, Serge Airoldi, juillet 2021, 120 pages, 14 € Edition: Editions Louise Bottu

 

« Toute la vie n’est qu’île. Insula. Un univers en réduction, un microcosme en mer. L’ambivalence de croire à la fermeté du sol quand tout n’est qu’eau fugace tout autour. Encerclante. Dangereuse. Mortifère. Mertifère ».

« La révolte de Bartleby est une música callada ou bien une soledad sonora, dans quelque nuit obscure jamais apaisée où ne vient aucun détachement, aucune illumination. La révolte de Bartleby ne sert à rien qu’à sa fin même ».

Insula Bartleby est un vibrant et pétillant hommage au roman d’Herman Melville. Un hommage construit comme un puzzle littéraire, où le lecteur croise citations et réflexions, traductions, et impressions de l’auteur sur ce livre étrange, qu’il n’a plus qu’à assembler pour voir apparaître un heureux petit roman tout aussi étrange que celui qui l’a inspiré.

Mes Arabes, Un chant d’amour postcolonial, Olivier Rachet (par Philippe Thireau)

, le Jeudi, 07 Octobre 2021. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Tinbad

. Ecrivain(s): Olivier Rachet Edition: Tinbad

Arabe, « celui qui vit sous la tente ». Dans cet espace clos, bercé par le vent, un monde est né.

Il n’est qu’un dieu, Allah. Ainsi le nomment les chrétiens d’Orient, les Palestiniens épousant le catholicisme. Ainsi l’appellent les musulmans. C’est en Palestine justement, à Bethléem, que l’auteur, en une église au soir de la Nativité, fut pris d’un sentiment de consternation et d’ivresse en entendant prononcer le nom d’Allah et d’un irrépressible désir conjoint de se livrer à tous les mâles assemblés, en martyr d’une cause vénale, « la malédiction d’aimer les hommes ».

Mes Arabes est un hymne à cette malédiction, à la fois abaissement et transcendance. On ne peut oublier Pasolini au passage. Il est présent, à peine évoqué, silhouette tragique, magique. La pertinence du rapprochement me semble avérée par cette phrase extraite d’une interview de PPP donnée à Furio Colombo, quelques heures avant sa mort à Fiumicino en 1975 : « J’ai la nostalgie des gens pauvres et vrais ». Le corps de Pasolini était le pays des gens pauvres et vrais ; ceux-là même qui pour seule arme disposaient d’une barre de fer pour l’abattre. Les intellectuels italiens l’ont-ils compris ? Rachet fait corps, lui, avec la communauté arabo-musulmane et la masse des refoulés d’hier et d’aujourd’hui.

Enfant de salaud, Sorj Chalandon (par Mélanie Talcott)

Ecrit par Mélanie Talcott , le Mercredi, 06 Octobre 2021. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Grasset

Enfant de salaud, août 2021, 336 pages, 20,90 € . Ecrivain(s): Sorj Chalandon Edition: Grasset


« Si tu doutes de tes pouvoirs, tu donnes du pouvoir à tes doutes, et si tu ne connais pas tes blessures, tu leur donnes ton pouvoir. Si quelqu’un me guérit et me retire mon mal, j’entends aussi qu’il me hisse au niveau de conscience que j’aurais atteint si j’avais moi-même résolu ce que ce mal devait m’apprendre. S’il me laisse dans le même état de conscience après m’avoir retiré mon mal, il me vole l’outil de ma croissance que peut être cette maladie » (Taisha Abelar, Le Passage des sorciers)

Il y a des blessures intimes qui ne cicatrisent jamais. On a beau les enfouir dans un oubli mémoriel, conscient ou non, leur dénier l’évidence de nous avoir construit et nourri en nous une faiblesse passive, voire destructrice, ou au contraire un formidable appétit de vivre, elles continuent de suppurer sans jamais que l’on puisse se défaire de leur attrait méphitique. On y revient sans cesse, poussé par le besoin de comprendre ce qui échappe justement à notre compréhension et nous semble pour cela inacceptable. Ces fantômes que nous avons aimés, avant peut-être de les mépriser, voire de les haïr, hantent nos cimetières intimes.

Le Printemps de Lazare, Julien Burgonde (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Mercredi, 06 Octobre 2021. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Récits, Jacques Flament Editions

Le Printemps de Lazare, Julien Burgonde, mai 2021, 222 pages, 16 € Edition: Jacques Flament Editions

 

Quand la maladie traverse le parcours familial et professionnel d’un cancérologue connu et reconnu, c’est la descente infernale. Il faut apprivoiser ce cancer logé dans le corps, il faut se donner les défenses, et alors, dans cette lutte inégale, les réserves cèdent, les recours s’amenuisent. Viennent les traitements lourds, douloureux. Hormonothérapie, radiothérapie, etc. On les a tant recommandés aux patients, mais ici le cancérologue est devenu le patient. Il faut tout revoir avec d’autres yeux, sentir autrement.

Le pouvoir de ce livre qui scrute et décèle la maladie avec le tact et la précision entomologique est de redonner confiance, en dépit de tout, de la peur de mourir, de celle de voir sa vie amoindrie, celle aussi de ne plus avoir de repère visible, tant les craintes sont venues interrompre le cours vital.

Tenir carnet de sa maladie, c’est pourtant une manière d’éradiquer la peur foncière, c’est aussi faire fi du cancer pour noter au jour le jour les progrès.