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La Vie d’un poète, Poèmes et écrits sur la poésie, Stefan Zweig (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Jeudi, 09 Septembre 2021. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Langue allemande, Poésie, Arfuyen

La Vie d’un poète, Poèmes et écrits sur la poésie, juin 2021, trad. allemand, Marie-Thérèse Kieffer, Edition bilingue, Préface Gérard Pfister, 186 pages, 17 € . Ecrivain(s): Stefan Zweig Edition: Arfuyen

 

La renommée de Stefan Zweig s’est bâtie très tôt sur son talent incontesté de nouvelliste. On sait généralement moins qu’il est l’auteur de trois courts recueils de poèmes publiés respectivement en 1901, 1906 et 1924. Face à cette production relativement réduite par rapport à l’ensemble de sa bibliographie, le grand rêve de l’écrivain a pourtant toujours été d’être connu et reconnu comme poète. C’est donc œuvre utile et nécessaire qu’ont faite les éditions Arfuyen en nous offrant, par cette chrestomathie de textes poétiques, encadrés d’écrits sur la poésie, l’opportunité de découvrir une facette moins connue du talent de Stefan Zweig.

 

L’architecture de l’ouvrage est judicieusement bâtie sur :

Amour profane, amour sacré, Iris Murdoch (par Marie-Pierre Fiorentino)

Ecrit par Marie-Pierre Fiorentino , le Mercredi, 08 Septembre 2021. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Iles britanniques, Roman, Gallimard

Amour profane, amour sacré, Iris Murdoch, L’imaginaire Gallimard, 1978 (réédition janvier 2015), trad. anglais, Yvonne Davet, 450 pages, 11,50 € . Ecrivain(s): Iris Murdoch Edition: Gallimard

« La vie est absurde et en grande partie comique.

Là où la comédie fait défaut,

ce que nous avons,

c’est le chagrin, pas la tragédie ».

 

Tandis que dans sa villa de Locketts, Monty Small, riche et célèbre romancier, est absorbé par la souffrance du deuil de son épouse Sophie, tout semble tranquille chez ses voisins, les occupants de Hood House.

Là, David traverse les affres de l’adolescence, sa mère Harriet comble son besoin de câlins qu’elle n’ose plus lui prodiguer en adoptant régulièrement un chien abandonné, son père Blaise y exerce le jour la psychologie et se détend le soir par une lecture familiale rituelle et la réparation de menus objets.

Des milliers de lunes, Sebastian Barry (par Marie Duclos)

, le Mercredi, 08 Septembre 2021. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Iles britanniques, Roman, Joelle Losfeld

Des milliers de lunes, août 2021, trad. irlandais, Laetitia Devaux, 240 pages, 21 € . Ecrivain(s): Sebastian Barry Edition: Joelle Losfeld

 

Lorsque l’on referme ce livre, on s’attend à tourner la tête et croiser le regard curieux et mélancolique de Winona Cole, orpheline indienne lakota, sur son mulet à la lisière d’une forêt. Son personnage est riche de ses origines mélangées à sa drôle d’éducation par deux hommes qui après avoir été soldats travaillent dans une ferme qui ne leur appartient pas. Nous sommes dans le Tennessee au cours des années qui suivent la guerre de sécession.

Très vite le lecteur vit les relations de ces personnes pauvres qui font au mieux pour élever Winona en compagnie de Lige, le propriétaire de la ferme, et Rosalee, ancienne esclave, et son fils, et qui travaillent dur. Les sentiments et émotions de chacun sont analysés avec le regard à la fois acéré́ et tendre de la jeune indienne. Le texte allie ainsi légèreté́, profondeur et poésie. La société́ américaine après la guerre est nourrie de violence à l’égard des indiens et des anciens esclaves. Les réflexes identitaires sont très présents.

Devant toi le jour, Ana Brnardić (par Marc Wetzel)

Ecrit par Marc Wetzel , le Mercredi, 08 Septembre 2021. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Poésie

Devant toi le jour, Ana Brnardić, L’Ollave, juillet 2021, trad. croate, Vanda Mikšić, Brankica Radić, 63 pages, 13 €

« Du sol poussent de grandes oreilles qui nous servent

à communiquer. Nous ne comprenons pas un mot,

mais nous suivons le tâtonnement des langues » (p.14)

 

L’inspiration poétique, c’est comme une vie propre de la langue venant envahir la pensée. Et quand la langue (croate ici) est inconnue, il reste une vie tout court qui submerge la pensée. Cette vie se tient (on devine, grâce aux deux traductrices, sa cohérence, sa précision, sa fluidité ; on l’assimile même en voyant et entendant, aux Voix Vives de Sète, ce 24 juillet 2021, Ana Brnardić, 41 ans, lire parfaitement des textes à nous inintelligibles, mais qui sont manifestement à eux-mêmes l’unique arbitre de leurs harmonies physiologiques, de leurs affinités sonores, des nuances s’entre-visitant). La poète est là, calme, belle et juste, mais la vie des mots dépasse tout ce qu’elle peut en attendre et fixer : pas d’autre clairière dans leur « forêt vierge » que l’autorégulation d’un immense et inépuisable débit de sens. Comme dit le premier texte du recueil :

Plasmas, Céline Minard (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mardi, 07 Septembre 2021. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Rivages

Plasmas, août 2021, 158 p. 17 € . Ecrivain(s): Céline Minard Edition: Payot

 

Céline Minard est heureusement là dans le paysage littéraire français. Elle étonne et détonne par une virtuosité stylistique hors du commun et une imagination débridée, capable d’inventer des mondes fictionnels plus encore qu’improbables. Le Grand Jeu, Olimpia, Faillir être flingué, Bacchantes (entre autres), sont des jaillissements de territoires inexplorés, saisissants, des explorations de genres ignorés ou presque par la littérature française. La déclamation antique, le western, l’ermitage, le casse et, avec ce roman, la Science-Fiction. Minard est un écrivain. La chose est si rare aujourd’hui en France. Elle crée des mondes et les fait vivre, de toutes pièces, sans s’emberlificoter dans on ne sait quel rapport à la réalité ou à l’actualité. Minard, c’est la mort de l’auto ou de l’exo fiction, c’est la chose littéraire dans sa pureté, sa raison d’être, sa brutalité. Aux tâcherons d’aujourd’hui qui s’essaient péniblement à extraire de l’Histoire, du fait-divers, des biographies de gens célèbres, un vague roman tirebouchonné, emprunté dans tous les sens du terme, sans surprise, Céline Minard répond que la littérature est libre de toute entrave, de toute attache, de tout genre, qu’elle est le territoire infini de l’imaginaire et qu’elle n’a de compte à rendre à personne.