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Paris sous la terre, Pérégrinations dans le métro parisien, Solange Bied-Charreton (par Catherine Dutigny)

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Mercredi, 27 Octobre 2021. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Essais, Récits, Les éditions du Rocher

Paris sous la terre, Pérégrinations dans le métro parisien, octobre 2021, 192 pages, 15,90 € Edition: Les éditions du Rocher

 

Dans son essai Paris sous la terre, Solange Bied-Charreton nous livre au travers d’un petit journal de bord écrit sur un an, de l’automne 2017 à l’automne 2018, ses réflexions, impressions lors de ses pérégrinations volontaires dans le métro parisien. Elle observe, note, hume, renifle, écoute, se remémore les trajets de son enfance et de son adolescence, les compare à ce qu’elle vit, le stylo à la main, alors âgée de 35 ans. Quelques brèves notes historiques, littéraires, musicales, cinématographiques, architecturales, ponctuent ses déambulations pédestres car ces multiples parcours empruntent non seulement les diverses lignes du métropolitain mais ses innombrables couloirs, escalators, tapis roulants, escaliers aux marches bordées de métal agressif.

La marche, exercice indispensable à celle qui tisse sa toile sur un réseau aux multiples échangeurs, bifurcations insolites, nœuds ferroviaires, stations tentaculaires où viennent se croiser, se mélanger, se coudoyer, se perdre, s’ignorer, des êtres de tous horizons, de tous âges, de toutes confessions, le temps d’un trajet professionnel, d’un rendez-vous à l’autre bout de la ville, d’une partance à venir vers des lieux de vacances ainsi que leurs retours.

L’Hirondelle, Isabelle Alentour (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Mercredi, 27 Octobre 2021. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions

L’Hirondelle, Isabelle Alentour, éditions L’Ail des ours, Coll. Grand Ours, septembre 2021, Ill. Jean-Marc Barrier, 66 pages, 6 €

 

Métaphore de l’adolescence, d’une adolescente partie dans sa chute, L’Hirondelle est l’hommage de l’amitié à tous ces envols d’une époque, celle de nos quinze seize ans, désormais réduits au rang de souvenirs. Voilà l’amie, l’ami, à qui l’on tenait tant, partie, parce que trop grande ou trop frêle pour ce monde. La voilà évaporée dans une « chute », que personne n’a vu venir.

Les poèmes d’Isabelle Alentour, pour avoir longuement mûri dans l’âme qui n’est pas un étouffoir mais une réserve de poèmes attentifs, disent avec acuité, tendresse, révolte aussi ces longues heures de beauté et de tristesse qu’une « hirondelle », au beau prénom de Frédérique, a nourries de sa présence.

L’entame donne déjà le vertige :

Qui tombe dans l’ombre du matin

un corps opalescent

qui sait que rien ne dure (p.11).

Le Livre des nombres, Florina Ilis (par Anne Morin)

Ecrit par Anne Morin , le Mardi, 26 Octobre 2021. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Pays de l'Est, Roman, Editions des Syrtes

Le Livre des nombres, Florina Ilis, éditions des Syrtes, mars 2021, trad. roumain, Marily Le Nir, 523 pages, 25 € Edition: Editions des Syrtes

 

Ce livre foisonnant, dont on suit pourtant facilement les méandres grâce à la traduction au plus près de Marily Le Nir, commence par la description d’un paysage calme et simple comme un tableau champêtre : des familles laborieuses dans un cadre paradisiaque, des enfants heureux. Mais dès les premières pages se dessine une menace, la menace figurée par les pétales de pommier tombant sur les champs en culture, comme une neige précoce. Que se passe-t-il ici ? Les enfants, un garçon, une fille, ont douze et dix ans, leurs pères sont des chiaburi, ces paysans qui refusent encore – en cédant de plus en plus – de donner leurs terres à la collectivité.

L’invitation à les céder se fait de plus en plus pressante. Des affiches de propagande les représentent tels les ennemis du peuple, buvant son sang, refusant de partager.

Miraculum, Michael Marqui (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Mardi, 26 Octobre 2021. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions

Miraculum, Michael Marqui, Editeur Independently published, mars 2021, 320 pages, 16 €

Qu’il est bon de replonger inopinément dans l’univers de romans d’aventures qu’on a parcourus jadis en lisant Féval, Zévaco, Sue, Dumas et autres Théophile Gautier !

Michael Marqui, avec ce premier roman (il se dit qu’un second est en cours d’écriture), met en scène des personnages qui auraient pu croiser le chemin des D’Artagnan, Dantès, Pardaillan, Lagardère, Fracasse…

En rupture avec les précités, ici, toutefois, le héros est une héroïne, et les protagonistes se retrouvent ponctuellement, en lieu et place des fougueux chevaux qu’ils savent lancés à leur poursuite, face à un monstre hurlant, fumant, se déplaçant à une vitesse effarante : l’une des premières automobiles.

Anna incarne sous ce prénom fictionnel l’une des deux jeunes filles qui accompagnaient Bernadette Soubirous lorsque « la Dame » lui est apparue. Sans revenir précisément sur la destinée connue de celle qui a été canonisée, l’auteur imagine un singulier destin sacré pour Anna, qui aurait reçu de « la Dame » un objet qu’elle aurait pour sainte mission de poser sur un des multiples reliquaires christiques disséminés de par la France, ce qui aurait pour effet une divine réaction, miraculeuse, le « miraculum » qu’évoque le titre du livre.

Lettre d’amitié, de respect et de mise en garde aux peuples et aux nations de la Terre, Boualem Sansal (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Lundi, 25 Octobre 2021. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Essais, Maghreb, Gallimard

Lettre d’amitié, de respect et de mise en garde aux peuples et aux nations de la Terre, octobre 2021, 102 pages, 12 € . Ecrivain(s): Boualem Sansal Edition: Gallimard

 

En 2006, Boualem Sansal avait fait paraître : Poste restante : Alger, sous-titré Lettre de colère et d’espoir à mes compatriotes. À quinze ans de distance, avec cette Lettre d’amitié, de respect et de mise en garde… (chaque mot compte), son propos se fait plus ambitieux. Le constat de départ est simple : forte de sa maîtrise de la Nature (même si elle ne peut encore empêcher les catastrophes naturelles de se produire, elle sait relativement les prévoir) et des expériences désagréables, voire effrayantes, accumulées au cours des siècles et des civilisations, l’humanité, si elle le voulait, serait capable de transformer ce bas monde en paradis. Qui oserait affirmer qu’elle s’est engagée sur cette voie ? Des esprits grincheux ou lucides remarqueront que, depuis des millions d’années, les mouches se prennent dans les toiles d’araignées et qu’elles n’ont pas développé le début d’une stratégie collective leur permettant d’éviter cette mort qu’on suppose désagréable. Mais les mouches n’ont, semble-t-il, ni mémoire, ni langage leur permettant de transmettre l’expérience acquise, ni bibliothèques, ni penseurs.