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La Une Livres

Dictionnaire Cervantès, Jean Canavaggio (éditions Bartillat) - par Philippe Chauché

Ecrit par Philippe Chauché , le Mercredi, 01 Décembre 2021. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Essais, Bartillat

Dictionnaire Cervantès, Jean Canavaggio, Editions Bartillat, septembre 2021, 576 pages, 28 € Edition: Bartillat

 

« Ô illustre auteur, ô bienheureux don Quichotte, ô célèbre Dulcinée, ô malicieux Sancho Panza ! Puissiez-vous, tous ensemble et chacun en particulier, vivre de longs siècles, pour le plaisir et l’amusement de tous les mortels ! (L’Ingénieux Hidalgo Don Quichotte de la Manche (2), traduction d’Aline Schulman, Editions du Seuil).

« Ce ne sont pas seulement les lecteurs qui se font alors l’écho de la popularité de deux héros, mais aussi, au bénéfice de ceux qui ne savent pas lire, les joyeuses entrées, les défilés, les ballets, les intermèdes, les mascarades qui contribuent à faire connaître leurs profils respectifs » (Dictionnaire Cervantès, Rire).

Il y a devant nous une œuvre magistrale, L’Ingénieux Hidalgo Don Quichotte de la Manche, dont la première partie est publiée fin décembre 1604 à Madrid, suivi de la seconde partie sortie des presses en 1615, il ne lui reste alors que quelques mois à vivre, il sera inhumé le 23 avril 1616 dans sa paroisse de San Sebastián à Madrid. Désormais tous les 23 avril, l’Espagne célèbrera le Livre, le Quichotte enfantera les livres.

Chronique d’une mort annoncée, Gabriel Garcia Marquez, Le Livre de Poche (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mardi, 30 Novembre 2021. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Amérique Latine, Roman, Le Livre de Poche

Chronique d’une mort annoncée (Crónica de una muerte anunciada, 1981), Gabriel Garcia Marquez, Le Livre de Poche, 1987, trad. espagnol (Colombie) Claude Couffon, 116 pages, 5,70 € Edition: Le Livre de Poche

Le titre du roman induit les jeux de temps auxquels Garcia Marquez se livre dans ce récit. « Il mourra, il est mort, il meurt » scandent les lignes de l’assassinat de Santiago Nasar. La virtuosité sans pareille du maître colombien conjugue à l’envi ce verbe, nous entraînant dans un tourbillon narratif aussi vertigineux que réjouissant. Car ce roman, baroque et burlesque de bout en bout, est d’une grande drôlerie. Mais comme il se doit avec le maître colombien, les lignes de tension qui structurent le récit relève des plus hautes traditions classiques.

Ainsi la métaphore christique qui tient la totalité de la narration. Santiago Nasar est condamné par une dénonciation calomnieuse. Les événements qui s’ensuivent – et qu’un chroniqueur-narrateur va rapporter par le menu – constituent une machine infernale que rien ni personne ne semble pouvoir arrêter, pas même les plus hautes autorités qui savent ce qui va arriver. Pilate n’était pas favorable au supplice de Jésus, mais l’opinion publique l’a contraint à laisser faire. Ici aussi la Vox Populi – tout le monde dans la ville est au courant du meurtre qui se prépare sauf… l’intéressé – joue le rôle d’une fatalité meurtrière.

Mauthausen, Iakovos Kambanellis (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Lundi, 29 Novembre 2021. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Bassin méditerranéen, Récits, Albin Michel

Mauthausen, Iakovos Kambanellis, janvier 2020, trad. grec, Solange Festal-Livanis, 374 pages, 22,90 € Edition: Albin Michel

 

Il en va de la « littérature des camps » comme du Livre de sable borgésien : tout se passe comme s’il restait toujours quelque chose à découvrir, un livre qui viendrait ajouter sa touche à un tableau déjà effroyablement précis et pourtant à jamais incomplet. On sait peu que, parmi les victimes de la machine de mort nazie, il y eut un contingent non négligeable de Grecs, parmi lesquels un jeune homme, Iakovos Kambanellis, né en 1922, arrêté à Innsbruck alors qu’il avait fui sa patrie occupée et envoyé dans le camp le plus proche de l’Autriche, à Mauthausen, où il fut détenu d’octobre 1943 à la libération par les troupes américaines. Il eut la bonne fortune d’échapper à la chambre à gaz, aux médecins impies et au Wiener Graben, la carrière de granit – avec son escalier interminable, propice à toutes les blessures – où les prisonniers extrayaient des tonnes de roche, jusqu’à ce que mort s’en suive. De retour en Grèce, pour trouver un sens à sa vie et exorciser les mauvais souvenirs, Kambanellis entama une carrière d’écrivain et de dramaturge. Mauthausen fut publié en 1965, vingt ans après la fin de la guerre.

La Tentation du repli, Sophie Braun, éditions du Mauconduit (par Fawaz Hussain)

Ecrit par Fawaz Hussain , le Lundi, 29 Novembre 2021. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Essais

La Tentation du repli, Sophie Braun, éditions du Mauconduit, mai 2021, 197 pages, 19 €

Bien qu’écrit par une psychanalyste, La Tentation du repli est un livre qui reste à portée de tous les lecteurs, les petits comme les grands. Si Sophie Braun cite souvent Carl Gustav Jung, le médecin psychiatre suisse né en 1875 et mort en 1961, c’est pour aborder plutôt son enfance malheureuse et ses difficultés avec le programme scolaire, surtout sa phobie des mathématiques. A travers des patients qu’elle rencontre dans son cabinet, des personnes comme Eliot qui se croit déserteur et sa mère qui le voit comme une personne atteinte, Élise qui n’a aucune estime pour sa propre personne et qui se dégoûte, Sophie Braun aborde un problème universel, celui du repli sur soi, la peur d’affronter un quotidien de plus en plus stressant.

La Tentation du repli se lit comme un vrai roman où l’on décèle aisément le schéma narratif malgré les chiffres bien inquiétants et le sous-titre : « Burn-out, fatigues chroniques, phobies sociales et scolaires, addictions aux jeux vidéo ». Du roman, ce livre, qui ne bascule jamais vers la pure théorie, reprend le schéma narratif : on sait que les formalistes distinguent une situation initiale, un élément déclencheur, des péripéties, un élément équilibrant, un dénouement. Il en va donc de même ici.

Sur les rives de Tibériade, Rachel (par Marc Wetzel)

Ecrit par Marc Wetzel , le Vendredi, 26 Novembre 2021. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie, Arfuyen, Israël

Sur les rives de Tibériade, Rachel, Arfuyen, octobre 2021, trad. hébreu, Bernard Grasset, 192 pages, 17 € Edition: Arfuyen

 

« Une île habitée par d’étranges créatures

En habits d’apparat…

Une île oubliée du cœur de Dieu

À tout jamais. (…)

Et si tu tentes de leur parler

D’une autre vie,

Elles se moqueront avec mépris, en leur cœur se diront :

“Invention de bien-portants !” » (L’hôpital, p.107)