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La Une Livres

Moi, Asimov, Isaac Asimov (par Didier Smal)

Ecrit par Didier Smal , le Lundi, 16 Mai 2022. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Biographie, Folio (Gallimard)

Moi, Asimov, avril 2022, trad. anglais (USA) Hélène Collon, 624 pages, 10,40 € . Ecrivain(s): Isaac Asimov

 

Autant être honnête : à moins d’être un admirateur quasi pathologique d’Isaac Asimov, cette autobiographie a tôt fait de lasser, voire peut franchement tomber des mains. Pour l’apprécier, il faut avoir envie de lire les propos auto-célébrants d’un auteur qui certes prévient que la modestie est absente de ses qualités mais dont l’autosatisfaction confine parfois à la cuistrerie. Un exemple puisé au hasard : lorsqu’il évoque Robert Silverberg, autre grand écrivain américain de science-fiction, il écrit ceci : « il était certainement aussi brillant que moi, ce qui a dû lui poser les mêmes problèmes d’insertion sociale ». C’est le « certainement » qui fait grincer des dents…

D’un autre côté, force est d’admettre qu’Isaac Asimov fut un auteur prolifique au possible, un touche-à-tout de génie, un vulgarisateur scientifique de première importance, et le créateur d’au moins deux séries de romans de science-fiction indépassables, celui de Fondation (où il crée la notion de « psychohistoire », dont on pourrait penser que le Club de Rome s’est inspiré au début des années soixante-dix) et celui des robots (dans lequel il crée les trois lois de la robotique, qui vont marquer l’ensemble de la création littéraire et cinématographique, puis télévisuelle). Bref, oui, un génie.

Tout ce qui brûle, Lisa Harding (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Vendredi, 13 Mai 2022. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Iles britanniques, Roman, Joelle Losfeld

Tout ce qui brûle, mars 2022, trad. Irlandais, Christel Gaillard-Paris, 331 pages, 22 € . Ecrivain(s): Lisa Harding Edition: Joelle Losfeld

Tout ce qui brûle est le roman d’un personnage féminin en combustion dans le contexte volontairement flou d’une Irlande moralisatrice, socialement conservatrice et structurellement patriarcale.

Sonya, après des débuts prometteurs sous les feux des projecteurs dans une carrière de comédienne interrompue dans des circonstances qui ne sont pas communiquées de façon précise, vit seule avec ses deux « garçons » : son fils, Tommy, à qui elle voue un amour fusionnel, âgé d’un peu plus de quatre ans quand commence le récit, et le chien Herbie, qui est, de jour comme de nuit, compagnon de toutes les activités (jeux, promenades, sieste, repas, télévision). Mais Sonya est alcoolique. Son comportement de plus en plus anticonformiste, antisocial, épié par une voisine « qui lui veut du bien », ouvertement réprouvé par les bien-pensants du village, finit, estiment les quelques témoins de ses transes éthyliques, par mettre en danger tant sa propre vie que celles de son fils et de leur compagnon canin. Sur intervention de son père, avec qui elle a peu de contact mais qui semble la faire perpétuellement surveiller, Sonya est placée dans une institution religieuse spécialisée dans la désintoxication, et Tommy et Herbie sont envoyés séparément dans des lieux d’accueil dont on refuse de dévoiler la localisation à l’actrice privée momentanément, à son profond désespoir, de ses droits parentaux et de sa liberté de mouvements.

Les Secrets de Pandorient, Les Fleurs de Mégalove, Carbone (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Vendredi, 13 Mai 2022. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Jeunesse, La Martinière Jeunesse

Les Secrets de Pandorient, Les Fleurs de Mégalove, Carbone, mars 2022, Illust. Myrtille, 128 pages, 9,90 € Edition: La Martinière Jeunesse

 

La planète à fleurs

Bénédicte Carboneill, dite Carbone, a déjà publié une série fantastique chez Dupuis, La Boîte à musique. Elle signe ici, avec Myrtille, graphiste ayant illustré la série Célestine, un très joli roman : Les Secrets de Pandorient, Les Fleurs de Mégalove. La planète Pandorient sur laquelle évolue le jeune Igor est un mixte du Moyen Âge, du Magicien d’Oz et de La Petite Boutique des horreurs, mâtiné de futurisme. Dans cette galaxie étrange, la nature est fantaisiste, capricieuse. Il y pousse des plantes cannibales et l’on y rencontre des « oiseaux poilus ». L’on y mange du Gloubilboulgi et l’on y vit très longtemps. La stylisation graphique des visages et des postures, la réduction des traits, le minimalisme, ne sont pas sans évoquer la ligne plastique de Goldorak. Myrtille figure ce monde un peu inquiétant par une quarantaine d’illustrations, plus une couverture dans les couleurs les plus vives.

Éthique, Baruch Spinoza sous la direction de Maxime Rovere (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Jeudi, 12 Mai 2022. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Essais, Flammarion

Éthique, Baruch Spinoza, novembre 2021, édition et traduction, Maxime Rovere, 956 pages, 35 € . Ecrivain(s): Maxime Rovere Edition: Flammarion

 

La question du progrès, appliquée à la littérature ou à la philosophie, est d’un maniement délicat, même s’il est difficile de prétendre qu’elle n’a aucun sens. Dans des disciplines comme l’astronomie, la médecine ou les mathématiques, les progrès accomplis en, disons, cinq siècles, sont immenses et permettent seulement aux optimistes de rêver à ceux qui pourront encore l’être dans les cinq autres à venir. Le moins inspiré des doctorants en sait plus que l’astronome peint par Vermeer, où une longue tradition a voulu voir un portrait de Spinoza. L’idée d’un corps humain virtuellement immortel et réparable presque à l’infini par échanges de pièces ou d’organes n’appartient plus tout à fait à la science-fiction, même si les implications éthiques et politiques soulevées par cette perspective sont prudemment mises de côté, puisque cette immortalité virtuelle pourrait bien n’être que le privilège d’une caste très étroite. En mathématiques, les découvertes de la géométrie non-euclidienne, l’existence possible d’une infinité d’univers infinis, dans une infinité de dimensions, ne sont même pas assimilables par l’esprit humain.

De l’écran à l’écrit, Enseigner la philosophie par le cinéma, Frédéric Grolleau (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Jeudi, 12 Mai 2022. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Essais

De l’écran à l’écrit, Enseigner la philosophie par le cinéma, Frédéric Grolleau, éditions Lambert-Lucas (Limoges), décembre 2021, 328 pages, 24 €

« Quand Foucault définit le Panoptisme, tantôt il le détermine concrètement comme un agencement optique ou lumineux qui caractérise la prison, tantôt il le détermine abstraitement comme une machine qui non seulement s’applique à une matière visible en général (atelier, caserne, école, hôpital autant que prison), mais aussi traverse en général toutes les fonctions énonçables. La formule abstraite du Panoptisme n’est plus “voir sans être vu”, mais “imposer une conduite quelconque à une multiplicité humaine quelconque” ».

Gilles Deleuze

L’hypothèse des Idées (ou Formes)

Dans l’ouvrage De l’écran à l’écrit, Enseigner la philosophie par le cinéma, les dispositifs didactiques sont de haut niveau et Frédéric Grolleau, en méthodologiste averti, apprend, à travers ses cours, à regarder un film, ses plans-séquence, sa diégèse. Il s’agit ensuite de tirer parti de ce matériau visuel de base, à l’aide de sujets philosophiques adaptés, d’argumenter, car « ces activités [vont contribuer] à l’entraînement de la dissertation et au commentaire de texte ».