Un soldat rentre des combats. Chez lui. Il y retrouve sa maison, sa femme, son jardin. Il doit s’épouiller de toute la noirceur qu’il a vécue. Il doit apprivoiser et ensuite « supprimer » l’autre de lui-même, son « soldat fou », sa facette guerrière.
Dans un aller-retour splendide de justesse entre l’intérieur de la maison (et l’intériorité du combat conscient de cet homme) et le jardin, se joue toute la littérature, la lucide compréhension d’une déchirure qui scinde cet homme fragilisé en deux, celui qui aspire à la paix et l’autre, blessé, qu’il faut enfouir.
La poète multiplie les images de douceur et les doutes (les scènes passées). L’homme veut redécouvrir son corps fait pour l’amour, son corps debout pour aimer, sa sensualité, son enfance perdue. C’est un homme en quête de soi, lucide et conscient, « il a mené une guerre comme tant d’autres », « il ne se reconnaît pas lui-même », il sait que « chaque bataille est une folie ».