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L’initié suivi de La Libre étendue et L’incandescence, Thibault Biscarrat (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 14 Avril 2022. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie

L’initié suivi de La Libre étendue et L’incandescence, éditions Ars Poetica, février 2022, 90 pages, 18 € . Ecrivain(s): Thibault Biscarrat 

 

« Viens et vois : je parle de plus loin que mon nom. Je parle d’une autre contrée, d’un nouveau domaine et la grâce indivise nous sera faveur du temps ».

« Voici : je suis présent au monde mais à distance. Viens et vois : ingurgite ces rouleaux qui me sont doux comme la manne, comme le miel ».

« Les livres sont plus vivants que les vivants. Ils deviennent leur propre destinée. Les livres se lisent eux-mêmes dans la gloire du dieu révélé ».

Thibault Biscarrat appartient à cette société secrète d’écrivains, de poètes, qui écrivent sous de belles influences, celle du Livre, des écrits gnostiques, des textes fondateurs traversés par une lumière divine, mais aussi celle du corps, et de la voix. Et il donne de la voix à chaque page. Écrire est chez lui une incantation, incarnation, une résurrection, une inspiration et une expiration. Savoir écrire, c’est savoir respirer.

Une arche de lumière, Dermot Bolger (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Mercredi, 13 Avril 2022. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Iles britanniques, Roman, Joelle Losfeld

Une arche de lumière, Dermot Bolger, janvier 2022, trad. anglais (Irlande) Marie-Hélène Dumas, 460 pages, 23 € Edition: Joelle Losfeld

 

Eva Goold Verschoyle est née dans le comté de Donegal, l’un des trois comtés d’Ulster qui ont été intégrés dans la République d’Irlande lors de la proclamation d’indépendance. Elle épouse en 1927 Freddie Fitzgerald, héritier d’une dynastie de hobereaux locaux dont la perte de puissance et de richesse matérielle est symbolisée par la décrépitude de ce qui subsiste du domaine et de la grande demeure ancestrale, et par la claudication de son propriétaire.

Ayant dû renoncer à sa vocation de devenir une artiste peintre, elle s’oblige à mener pendant vingt-deux ans une existence de femme au foyer que seul l’amour qui la lie à ses deux enfants, Francis et Hazel, l’aide à supporter. Dès qu’ils partent de la maison pour aller vivre leur vie, elle quitte son mari pour ouvrir en ville une modeste école d’art pour enfants. C’est cette scène de rupture, sans cris, sans larmes, sans violence, qui constitue le premier chapitre proprement intitulé Le départ.

Passé composé, Anne Sinclair (par Jean-Jacques Bretou)

Ecrit par Jean-Jacques Bretou , le Mercredi, 13 Avril 2022. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Essais, Grasset

Passé composé, Anne Sinclair, juin 2021, 375 pages, 22,50 € Edition: Grasset

« Je n’ai jamais eu une bonne idée de moi-même, et guère envie de me livrer à une analyse en public. Je voudrais toutefois animer les photos figées de la femme que je suis, et donner à voir quelque chose de plus complexe, même si j’admets avoir été la première à brouiller les pistes.

Je suis fondamentalement craintive, pusillanime et timorée, avec des sursauts d’audace maîtrisés. J’ai su cependant donner le change pour que l’on me perçoive comme volontaire et active.

Ma vie s’est construite au gré de hasards, d’enchaînements non prémédités, mais j’admets que m’étant battue pour une place au soleil, j’ai paru ambitieuse ».

Si la journaliste de TF1 pendant treize ans, de « 7 sur 7 » ou de « Question à domicile », a pu nous apparaître, malgré les fameuses interviews dont nous avons souvenir, quelques fois comme une bourgeoise (mot qu’elle assume), lisse, un peu trop mesurée, elle témoigne que c’était là, son parti pris, elle ne cherchait pas comme on dit de nos jours à créer le « buzz ». Elle n’aurait jamais interviewé Jean-Marie Le Pen, il lui fallait des invités avec lesquels l’échange verbal, la communication était possible. Anne Sinclair le dit, et outre excellente journaliste, elle est sincère et c’est une qualité qu’on ne peut lui retirer.

L’Enquête, Juan José Saer (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mardi, 12 Avril 2022. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Amérique Latine, Roman, Le Tripode

L’Enquête (La Pesquisa, 1994), trad. espagnol (Paraguay) Philippe Bataillon, 190 pages, 16 € . Ecrivain(s): Juan José Saer Edition: Le Tripode

 

C’est un polar. Ah l’attrape-nigaud parfait pour qui prendrait ce livre en main avec cette seule affirmation en tête ! Et pourtant c’est bien un polar, mais écrit par Juan José Saer, un polar devient un étourdissant labyrinthe littéraire. Un dédale. Une toile d’araignée.

A propos de l’ouvrage des arachnides, la toile, la première qui saute aux yeux du lecteur c’est celle qui est tissée autour de la place Léon-Blum à Paris XIème. A vrai dire, une place à l’étrange topographie, un peu désordonnée : du Boulevard Voltaire partent, dans des directions complexes, la Rue de La Roquette (des deux côtés de la place), l’Avenue Parmentier, la Rue Sedaine derrière la mairie du XIème, l’avenue Ledru-Rollin vers le sud. Surtout, tout autour, un dédale serré de petites rues étroites et alambiquées. Une fausse place qui trompe son monde, qui décale un concept, qui sert de métaphore à un roman qui veut perdre le lecteur en l’emmenant au cœur de la magie de la littérature. Où est ce roman ? Dans nos mains ? Écrit par un paraguayen nommé Saer ? Ou bien dans ce mystérieux dactylogramme retrouvé par un groupe d’amis au Paraguay qui raconte – quoi ? – un épisode de la Guerre de Troie ou une histoire de meurtres en série de petites vieilles dans les rues qui étoilent la Place Voltaire dans le Xième ?

Éditorial d'entre-deux-tours (par Léon-Marc Levy, directeur)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Lundi, 11 Avril 2022. , dans La Une Livres

 

Amis et lecteurs de La Cause Littéraire

La littérature ne se situe pas hors du monde. Elle ne réserve pas ses plus grands chefs-d’œuvre à chanter les fleurs et les petits oiseaux. Elle plonge ses racines maîtresses au plus profond du monde des hommes, dans les grandeurs et les misères de la condition humaine, dans ses vertus et ses bassesses, dans ses douleurs et ses tragédies, dans les combats de ce monde, toujours. Nos goûts le montrent : William Shakespeare, Victor Hugo, William Faulkner, Carlo Emilio Gadda, Fédor Dostoïevski et tous nos écrivains préférés puisent leur génie dans les vents et marées des sociétés humaines, dans les tempêtes et les bonaces, dans les cauchemars de l’histoire ou les moments heureux. Les dictatures et tous les régimes totalitaires ne s’y sont jamais trompés : ils ont haï les poètes, les écrivains. Le nazisme, le stalinisme, le franquisme, Pinochet, les islamistes ont assassiné, exilé, meurtri les créateurs : Stefan Zweig, Sigmund Freud, Anne Frank, Fritz Lang, Tahar Djaout, Mouloud Feraoun, Federico Garcia Lorca, Victor Jara, Max Jacob, Robert Desnos, Salman Rushdie et tant d’autres furent leurs victimes.